Comme les eaux européennes sont de plus en plus menacées par la surpêche, de nombreux bateaux de pêche européens se sont déplacés vers les eaux de l’Afrique de l’Ouest et continuent leurs activités pour approvisionner les marchés européens. Pour les pêcheurs locaux du Sénégal, Cape Vert et Mauritanie, la présence de ces flottes a un impact négatif sur leurs ressources halieutiques et rend très difficile la survie de ces pêcheurs et de leurs familles.

Greenpeace Afrique veut changer cette situation.

Neuf représentants des communautés des pêcheurs de l’Afrique de l’Ouest voyageront pour l’ Europe, avec Raoul Monsembula, Oumy Sene,  et Prudence Wanko, de Greenpeace Afrique. Ils ont prévu des rencontres avec les politiciens européens et ils espèrent, ainsi, changer la politique de l’Union Européenne en matière de pêche dans les eaux africaines.

La troisième équipe du projet ‘African voices’, composée de M. Abdou Karim Sall (pêcheur de Joal au Sénégal), M. Ahmedou Ould Beyih (pêcheur de Nouadhibou en Mauritanie) et de Raoul de GP AFrica, est arrivée à Madrid - sans valises - le dimanche 9 mai dernier à 14h30, heure locale.

Aussitôt arrivée, nous avons été accueillis par l’équipe chargée de la campagne Océans de GP Espagne. Les discussions ont tourné autour du briefing et du planning pour les réunions de la semaine.

Lundi matin, nous avons rencontré et discuté avec le personnel de GP Espagne. Les collègues de GP Espagne étaient très intéressés par les expériences partagées par les deux pêcheurs et de la façon dont ils proposent les solutions à la surpêche.

Dans l'après-midi nous avons eu un déjeuner-débat avec des ONG espagnoles qui s’intéressent des questions du développement en Afrique de l’Ouest. Ce débat a été suivi par une série d’interviews dont une avec la radio nationale espagnole (programme Socidaridad).

La matinée du mercredi 12 mai a commencé par un petit déjeuner-débat avec deux plus grands supermarchés de vente de poissons en Espagne (Carrefour et El Corte Ingles).

A la mi-journée l’équipe africaine s’est entretenue pendant plus d’une heure avec le Directeur Exécutif de GP International, M. Kumi Naido, qui l’a écoutée, conseillée, encouragée et à qu’il a souhaité bonne chance .

La journée de mercredi s’est terminée par la réception offerte par la députée du vert au congrès espagnol, ICV-IU, Mme Nuria Buenaventura.

Le jeudi 12 mai a été une journée particulièrement intéressante car en présence de la Directrice Exécutive de GP Espagne, du Directeur Exécutif de GP International, la délégation africaine a été reçue par le Ministre Espagnol de l’Environnement et des Milieux Marins, Mme Rosa Aguilar Riviero qui était accompagnée du Secrétaire Général de la mer et du Directeur des ressources marines et de l’aquaculture.

Dans toutes ses rencontres, les pêcheurs africains n’ont pas changé leur message à leurs interlocuteurs espagnols : ‘Si l’Union Européenne ne peut pas changer la nature des accords politiques qu’elle signent avec les pays de l’Afrique de l’Ouest, si la bonne gouvernance et la transparence ne s’associent pas à ces accords, si le suivi de fond mis à la disposition des gouvernements ne sont pas bien fait et que les méthodes de pêches durables ne s’associent à ces accords, on assistera dans quelques années, non seulement à l’extinction de la plupart des espèces halieutiques mais aussi elle laissera à la fin de ces accords un peuple affamé, meurtri dans un dessert liquide’ disait Karim aux différents entretiens.

A ce message fort de Karim, s’ajoutait’’ un besoin réel des pêcheries artisanales ouest africaines de s’associer comme partie prenante (et non comme observateurs) dans les négociations de ces accords. Inclure les acteurs qui souffrent le plus des effets de la pêche industrielle des chalutiers de fond européens dans la gestion de fonds mis à la disposition des gouvernements dans le cadre de ces accords reste à quoi les artisanaux ouest africains s’attendent dans la reforme prochaine de la politique de pêche de l’Union européenne, martelait le pêcheur mauritanien’’, Ahmedou Beyih.

Jusqu’à ce jour , le discours tenu par Karim et Ahmedou est bon, clair et sans ambigüe. C’est ce qui attire l’enthousiasme de leurs interlocuteurs.

Ce soir, les deux héros africains auront quelques interviews avec une TV et une radio au marché de poissons de Madrid.

De Madrid à la Corogne

Après la longue route qui mène de Madrid à la Corogne(600km environ), les voix de l’Afrique sont arrivées dans la ville côtière où un accueil très chaleureux leur a été réservé le vendredi 13 dans la soirée par les pêcheurs immigrés ouest africains et les artisanaux espagnols.

La journée du samedi 14 mai 2011 a commencé par une visite guidée du port , des embarcations et du matériel de pêche utilisés par les pêcheurs artisanaux espagnols. Après échange de vue, une discussion a été engagée entre les deux camps sur la nature du matériel de pêche utilisé par les artisanaux espagnols. Les voix de l’Afrique ont été impressionnées par la qualité et la nature des embarcations de pêche artisanale espagnole.’’ Si ce genre de bateau arrivait à Joal (au Sénégal), un risque de surpêche serait évidente vue leurs vitesse et stabilité , les permettant d’aller plus loin dans la mer’’ s’exclama Abdou Karim Sall.

Cette journée s’est terminée par un atelier d’échange d’expériences organisée à l’initiative de l’ONG espagnole ‘ ECODESARROLLO GAIA’ qui s’occupe de l’intégration et de l’encadrement de pêcheurs Africains immigrés en Espagne. ‘’Les échanges ont été fructueux. La bonne différence est que nos collègues qui travaillent en Europe sont un plus organisés que nous’’, commentait Ahmedou Ould Beyih de la Mauritanie à l’issue de la réunion.

Il n’était pas étonnant pour les voix d’Afrique de reconnaitre quelques uns de leur proche lors de ces échanges où le wolof a été au centre des échanges.