Démonstration ne pouvait être plus forte pour terminer, en beauté, le Ship Tour 2012 de Greenpeace dans les eaux ouest-africaines. Aujourd’hui, au large des côtes mauritaniennes, les activistes à bord du navire Arctic Sunrise ont déployé au dessus du chalutier néerlandais, Willen van der Zwan, une banderole géante de 10mx30m sur laquelle est inscrit le message «DEAD END » (Impasse, en Français).   

Ce énième message, après plus de deux mois passés le long des côtes sénégalo-mauritaniennes, traduit le sentiment de Greenpeace sur l’actuelle Politique commune des pêches (PCP) de l’Union européenne et le comportement de certains dirigeants ouest-africains.

Une politique dont les principaux acteurs, à savoir les Etats européens, refusent de voir la réalité en face. Une politique caractérisée par son inertie dans la recherche de solutions pour lutter efficacement contre la surcapacité de la flotte européenne.

Grace à cette politique, la flotte de pêche de l'UE capture environ 1,2 millions de tonnes de poissons par an en dehors des eaux communautaires. Soit près d'un quart de ses prises totales. Aujourd’hui, on considère qu’environ 300 navires appartenant  à 14 pays de l'UE ont des activités dans les pays étrangers. 

En effet, plutôt que de trouver des solutions durables au problème de sa surcapacité, l’UE envoie ces plus grands chalutiers dans tous les coins  du monde, y compris les pays les plus pauvres.

Avec ses côtes réputées parmi les plus poissonneuses au monde, l’Afrique de l’ouest n’échappe pas à ce phénomène. Les eaux mauritaniennes, sénégalaises et cap-verdiennes, entre autres, sont aujourd’hui envahies par ces navires qui aspirent tout sur leur passage.

Les conséquences sont bien entendues énormes pour les communautés locales de ces pays. De plus en plus, ces navires de pêche concurrencent les pêcheurs locaux des États côtiers, compromettant ainsi les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de millions de  personnes. 

Les pêcheurs artisans de ces pays sont aujourd’hui obligés de braver tous les dangers de la mer à la recherche de ce qui, jadis, leur était à portée de main. Le métier de pêcheur est devenu trop dangereux ! N’ayant plus le choix, certains préfèrent tenter la périlleuse aventure qu’est l’émigration clandestine.

Pendant deux mois, le navire de Greenpeace, l’Arctic Sunrise, a sillonné les eaux du Sénégal et de la Mauritanie. Parti de Las Palmas le 10 février dernier, il a exposé et documenté la surpêche dans ces eaux.

De l’Affaire Oleg Naydenov, ce navire pirate russe surpris en flagrant délit de pêche illégale dans les eaux sénégambiennes, à l’affaire Helen Marry, du nom de ce chalutier allemand totalement irresponsable pour avoir mis en danger la vie de certains de nos activistes, l’expédition a connu des hauts et des bas.

Mais une chose reste sûre : pendant deux mois, les yeux du monde se sont tournés vers les côtes ouest-africaines. L’histoire du drame que vivent les communautés locales, victimes du pillage de leurs sources de revenus, a pu être racontée aux citoyens de la planète.

L’espoir est tout de même  permis. De nouveaux dirigeants, soucieux du bien-être de leurs communautés, commencent à apparaitre sur le sol africain.

L’expédition 2012 a coïncidé avec l’élection, au Sénégal, de Macky Sall à la présidence de la République. Ce changement politique a redonné espoir aux millions de Sénégalais qui dépendent de la pêche pour leur travail et leur sécurité alimentaire. Il leur a, en effet, promis de lutter énergiquement contre le pillage du poisson sénégalais par les navires étrangers.  

Cette déclaration sera sans doute très suivie par les pêcheurs artisans qui, durant le legs  sénégalais, ont compris que le changement ne pouvait se mettre en place qu’à travers l’action.