S’il existe une menace qui plane sur la durabilité des forêts de la Casamance, la région la plus verte du Sénégal, c’est bien la surexploitation du bois pour le fumage du poisson. Un phénomène inquiétant en pleine expansion dans tous les villages de pêcheur de la Casamance.

C'est une image qui restera à jamais gravée dans ma mémoire: un défilé d'attelages d’ânes chargés de bois en provenance de la forêt casamançaise, destinés au fumage du poisson.  Kafountine, premier port de pêche de la Casamance, vit ainsi les dernières heures de sa forêt.

Ce phénomène de déforestation gagne de plus en plus du terrain. Pour preuve, en discutant avec les populations locales, elles m’ont confié qu’avant, le bois utilisé provenait de Kafountine, aujourd’hui elles sont obligées d’aller jusqu’à Diouloulou, à plus d’une  cinquantaine de  kilomètres pour s’en procurer. Pis, les fumeuses et leurs acolytes n’utilisent plus du  bois mort ; les arbres sont coupés puis séchés avant d’être utilisés comme combustibles.

Force est de constater que jusque-là aucune action n’a été entreprise face à cette cause humaine de la déforestation. La session de formation sur la construction de foyers à argile, organisée par Greenpeace à  Kafountine et Elinkine, est une première, en ce sens qu'elle apporte une alternative à ce fléau. 

Pêcheurs, femmes transformatrices, restauratrices, mareyeurs,  fumeuses de poissons et  potières ont bénéficié de cette formation qui s’inscrit dans le cadre du projet de promotion des énergies renouvelables mis en œuvre par Greenpeace. L’objectif de cette formation est de préserver la forêt en réduisant la consommation de bois de chauffage par l’utilisation du foyer à argile.

Le foyer à argile est fabriqué manuellement par la population. Des coques d’arachides et de la bouse de vache séchée peuvent être utilisées en lieu et place du bois, pour le fumage du poisson et pour la cuisson  des repas quotidiens. 

Une méthode reconnue comme moyen de lutte contre la déforestation. Cette technologie simple contribue à la préservation du potentiel ligneux (arbre et arbuste utilisés comme combustibles). De plus, la population locale est impliquée dans la sauvegarde de  l'environnement et dans  la gestion de son terroir.

Voilà une alternative à la surexploitation du bois socialement acceptable, économiquement viable et écologiquement saine pour les acteurs de la pêche de la Casamance!