Greenpeace Afrique à la Délégation de l'UE au Sénégal: Il Urge de Pratiquer une Pêche Responsable

Feature Story - juillet 25, 2011
En réponse à certaines déclarations émanant du bureau de l’Union Européenne au Sénégal relatives à la campagne de Greenpeace contre la surpêche en Afrique de l’Ouest, nous réaffirmons aujourd’hui la nécessité d’une pêche durable dans cette région. Greenpeace salue le dialogue instauré par le bureau de la délégation de l'UE au Sénégal et son rôle dans la gestion des pêcheries de la région ; et souhaite réitérer ses déclarations du 29 juin dernier.

Image: © Christian Åslund / Greenpeace

Depuis plus de cinq ans, Greenpeace a réalisé des recherches documentaires sur la surpêche en Afrique de l’Ouest et vient d’ouvrir un bureau régional à Dakar, au Sénégal, pour abriter sa campagne océan.

«Nous demeurons préoccupés par l’état des stocks de poissons et de l’environnement marin de toute la région ouest africaine dont le Sénégal n’est qu’une partie. Nous partageons les inquiétudes de l’UE quant à l’impact de l’activité des flottes chinoises et russes dans la région. Seulement, l'UE ne peut pas décliner sa responsabilité de garantir des pratiques de pêche durables au seul motif que des flottes asiatiques et russes sont présentes au Sénégal", a déclaré Raoul Monsembula, chargé de campagne Océan à Greenpeace Afrique.

«L’UE a une longue tradition de pêche dans la région. Selon ses propres statistiques, les accords mixtes de pêche en Afrique de l’Ouest autorisent l’accès simultané d’un maximum de 177 chalutiers congélateurs, 40 chalutiers pélagiques congélateurs de même que 110 navires de produits frais. De plus, grâce à des accords signés avec le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée et São Tomé et Principe, environ 300 à 350 thoniers ont accès aux eaux ouest africaines», a poursuivi Monsembula.

A ce jour, 7 des 16 accords de pêche de l’UE conclus avec les pays tiers concernent l’Afrique de l’Ouest. 718 navires battant pavillon des pays membres de l’UE pêchent hors de leurs eaux. Parmi eux, environ 300 opèrent au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest.

«Nous convenons que la majeure partie des prises européennes de sardines, sardinelles, chinchards ou de maquereaux est destinée aux marchés nigérian, ivoirien, angolais, sud-africain, mais aussi russe et ukrainien. Toutefois, les prises des grands chalutiers de fond, dont les méthodes sont destructives, composées de poulpes, calmars, crevettes ou de merlus sont en grande partie destinées au marché européen. De ces prises, environ 35 000 tonnes sont expédiées vers l’UE chaque année», a expliqué Monsembula.

«A ce jour, aucune donnée exacte n’est disponible sur le nombre de bateaux asiatiques et russes qui pêchent dans la région. C’est dans cette optique qu’une expédition du navire My Arctic Sunrise de Greenpeace a sillonné les eaux sénégalo mauritaniennes en mars 2010 pour documenter les activités des flottes étrangères dans cette zone. Durant cette expédition de cinq semaines, nous avons recensé 93 bateaux de pêche étrangers dont 61 sont originaires de l’UE», a ajouté Monsembula.

L’Union Européenne est actuellement engagée dans un processus de réforme de sa Politique Commune des Pêche dans laquelle la pêche durable reste l’une des priorités de Maria Damanaki, Commissaire européenne à la pêche. Dans une déclaration récente, elle a affirmé que les pêcheurs locaux doivent être prioritaires pour l’accès à la ressource et que l’UE, à l’avenir, doit s’assurer de la gestion de la ressource dans les eaux étrangères.

«L’Europe a transféré une partie de son problème vers les eaux étrangères en déplaçant sa surcapacité en flottes. La situation des pêcheries ouest africaines est préoccupante. Les stocks de poissons s’amenuisent et ne sont plus en mesure de garantir la sécurité alimentaire des populations locales. Pour ces raisons, les pays de l’UE doivent assumer leur responsabilité afin de garantir une pêche durable dans leurs propres eaux plutôt que de transférer leur surcapacité. Il est temps d’agir maintenant, plutôt que d’accuser les autres. L’Afrique de l’Ouest a plus que jamais besoin de pratiques de pêches durables», a conclu Monsembula.

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Les réserves de poissons des eaux européennes sont surexploitées (88 pour cent des stocks commercialisés sont surexploités) et la capacité de pêche de l’UE est très élevée (ils capturent 2 à 3 fois plus que le niveau qui serait durable). Aujourd’hui, l’UE importe plus de 65% de son poisson et 8% de ses propres prises résultent d’accords de partenariat de pêche.

Pour plus d’informations sur la campagne Océans et pour télécharger notre dossier « Comment l’Afrique nourrit l’Europe », nous vous invitons à visiter notre site.

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