Greenpeace ouvre un bureau en RDC et demande au gouvernement d'agir pour les forêts

Feature Story - novembre 24, 2008
Greenpeace ouvre officiellement un bureau en République Démocratique du Congo (RDC) à Kinshasa en accueillant à bord de son navire l'Arctic Sunrise les autorités congolaises dans le port de Matadi, le principal port d'exportation du bois de la RDC.

Les enfants d'un bûcheron se tiennent devant des grumes d'afrormosia coupées par leur père, qui gagne 400 francs congolais (moins d'un dollar) par jour dans une région contrôlée par le géant belgo-américain Safbois. L'afrormosia est une essence de bois protégée, dont le commerce international doit être strictement régulé. Environ 40 millions de personnes en RDC dépendent de la forêt tropicale humide pour leurs besoins de base, comme les médicaments, les aliments ou un abri.

Cette inauguration s'effectue alors que le processus de révision de la légalité des 156 titres forestiers est toujours en cours en RDC et que la prochaine conférence sur les changements climatiques va débuter à Poznan en Pologne la semaine prochaine.

Greenpeace demande au gouvernement congolais de finaliser le processus de révision de la légalité des 156 titres d'exploitation forestière existants en toute transparence. La première phase du processus de la revue légale a aboutit à la légalisation de 46 titres forestiers couvrant environ 7 millions d'hectares de forêts.

Les compagnies forestières ont déposé 88 recours auprès de la commission interministérielle en charge du processus. Greenpeace exhorte le gouvernement à faire respecter les critères du décret présidentiel de 2005 portant sur la conversion des titres.

Le Gouvernement congolais ne doit pas céder aux pressions des industriels du bois qui font tout pour décrédibiliser le processus en cours. Il est claire que leur désir est de conserver une dizaine de millions d'hectares de forêts supplémentaires acquis en toute illégalité" déclare René Ngongo, conseiller politique de Greenpeace Afrique avant d'ajouter que" les exploitants forestiers préconisent un arbitrage politique en leur faveur pour légaliser le maximum de concessions forestières. Ils se servent de la crise financière internationale qui rend le contexte économique morose pour la filière bois comme prétexte pour échapper aux critères objectifs établis par le gouvernement."

60% des congolais dépendent directement et indirectement des forêts pour leur subsistance. Le gouvernement de la RDC doit agir au profit des populations et non pas faire un arbitrage politique en faveur d'une industrie aujourd'hui directement responsable du pillage et de la dégradation des forêts du Congo.

La prochaine conférence sur les changements climatique sous l'égide des Nations Unis se déroulera à Poznan en Pologne du 1er au 12 décembre prochain. La création d'un mécanisme financier international pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation et à la dégradation des forêts tropicales sera l'un des principaux sujets à l'agenda. La proposition de Greenpeace, Forêts pour le Climat, vise à préserver les intérêts des populations forestières et la biodiversité, tout en luttant contre les changements climatiques.

"Ne gâchons pas cette opportunité de mobiliser des financements internationaux à la mesure de l'objectif de mettre fin à la destruction des forêts tropicales ", déclare Amadou Kanouté, Directeur Exécutif de Greenpeace Afrique. "Dans ce contexte, il est essential que le gouvernement de la RDC fasse passer un message fort à la communauté internationale: les titres forestiers obtenus illégalement doivent être invalidés, afin que la population congolaise puisse pleinement bénéficier d'un accord international finançant la préservation des forêts."

Pendant le lancement d'aujourd'hui, Amadou Kanouté a explique pourquoi Greenpeace a décidé de maintenir l'ouverture de son bureau a un moment ou il y'a un conflit a l'est du pays. "Greenpeace travaille en RDC depuis plusieurs années et se sent par ailleurs concerne par cette terrible tragédie. Il faut que ça s'arrête! Cependant, nous pensons qu'il est très important de continuer a travailler avec les populations de la RDC.

Quarante millions de Congolais dépendent de ces forets pour leur subsistance et nous sommes ici pour protéger ces ressources. Vu l'actuelle crise climatique il est essentiel que la communauté internationale s'engage le plus tôt possible pour la mise en place d'un mécanisme de forets pour le climat."

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