La Chine pourrait piloter la lutte mondiale contre l'exploitation forestière illégale dans le Bassin du Congo

Communiqué de presse - novembre 24, 2015
Johannesburg, le 24 novembre 2015 - Le commerce du bois du Bassin du Congo pourrait être significativement influencé par les vingt principales sociétés de commercialisation chinoises et offre une occasion en or pour contribuer de manière conséquente à la lutte contre l'exploitation forestière illégale dans la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, selon un nouveau rapport publié par Greenpeace Asie de l'Est et Greenpeace Afrique, L’occasion fait le larron.

« La viabilité du deuxième "poumon de la terre" est la responsabilité de tous. Toutefois, la Chine détient actuellement la clé pour combattre le commerce de bois issu de l'exploitation forestière illégale qui cause d’énormes dégâts à ce poumon », déclare Rashid Kang, chef de la campagne Forêt en Chine, Greenpeace Asie de l'Est.

La forêt tropicale du bassin du Congo renferme 53% du total des stocks de carbone de l'Afrique [1]. Sa préservation est primordiale pour la Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts (REDD), une composante centrale des imminentes négociations sur le climat lors de la COP21. Or, cette forêt est de plus en plus sous la menace de la destruction, et toute tentative de contrôle est constamment compromise par des pratiques illégales et par la corruption régnant dans le secteur forestier dans la région. [2].

En 2012, la Chine a dépassé l'Union européenne comme le plus grand importateur de bois du bassin du Congo. En 2014, le commerce a été concentré entre les mains d'une poignée d'entreprises chinoises influentes. Les 20 plus grandes entreprises représentaient à elles seules 71% de toutes les grumes exportées de la région. Huit de ces entreprises appartiennent à l'État chinois.

L’occasion fait le larron comprend une analyse de 11 ans de données des douanes chinoises et documente les résultats des entrevues menées par Greenpeace Asie de l'Est avec les plus grands importateurs chinois de grumes du Bassin du Congo. Il conclut que ces sociétés jouent un jeu de l'ignorance calculée et elles ne sont pas disposées à améliorer leurs pratiques de diligence raisonnée.

Le rapport révèle également que trois des entreprises ont leur chaîne d'approvisionnement touchée par du bois illégal ou sont directement impliquées dans des activités illégales d'exploitation forestière. Compte tenu du volume du commerce et la quantité de bois illégal exporté par les pays du bassin du Congo, il est probable que ces informations ne constituent que la pointe de l'iceberg.

Contrairement à d'autres marchés clés, tels que les Etats-Unis et l'Union européenne, la Chine ne dispose pas encore d’une législation contraignante qui interdit le bois illégal d’être placé dans ses marchés. Le gouvernement se repose actuellement sur les entreprises pour autoréguler leurs propres processus d'achat et leurs chaînes d'approvisionnement.

« Il y a un besoin urgent pour la Chine d'introduire des mesures obligatoires semblables au Règlement sur le Bois de L’Union européenne et le Lacey Act des États-Unis », déclare Victorine Che Thoener, Chef de Projet Forêt, Greenpeace Afrique. « Une telle décision constituerait une étape historique dans la lutte contre l'exploitation forestière illégale et un renforcement du partenariat Chine-Afrique. »

Greenpeace Asie de l'Est et Greenpeace Afrique appellent le gouvernement chinois à adopter une législation forte pour interdire l'importation de bois d'origine illégale. Comme mesure provisoire, le gouvernement devrait exiger que les importateurs chinois de grumes du Bassin du Congo, en particulier les 20 plus influents, suivent strictement la diligence raisonnée et s'assurent de la légalité de leurs opérations. La Chine devrait également renforcer sa coopération avec les pays du bassin du Congo, l'UE et les Etats-Unis pour épurer la chaîne d'approvisionnement mondiale et arrêter le commerce illégal de bois. Les gouvernements du bassin du Congo, pour leur part, devraient mettre en place des mesures plus fermes pour faire face à l'exploitation forestière illégale dans leurs pays respectifs ; et  travailler en étroite collaboration avec les partenaires internationaux pour surveiller et lutter contre l'exportation de grumes illégales.

 

Note pour l’éditeur

[1] Statistiques provenant d’une étude de la FAO  Global Forest Research Assessment 2015 – Desk Reference.

[2] Selon une étude de Chatham House, l’exploitation forestière illégale représente 65% au Cameroun, 90% en République démocratique du Congo et 70% en République du Congo.

Lire le rapport L’occasion Fait le Larron.

Accéder à l’annexe avec des informations sur les 20 plus grandes entreprises chinoises importatrices de grumes du bassin du Congo (en anglais). 

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Contact Presse

Najia Bounaim, Greenpeace Afrique, , +90 531 836 86 35, +27 799 304743

 

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