Kinshasa, le 10 mai 2018 – Bonjour à tous et merci de prendre le temps de me rencontrer aujourd’hui. C’est un plaisir d’être en RDC et je me sens bénie d’avoir passé du temps dans la forêt géante du bassin du Congo. Je suis impressionnée par sa beauté dense à feuilles persistantes, le magnifique fleuve Congo, les tourbières et ses habitants.

 

En tant que Directrice Exécutive de Greenpeace Afrique, j’ai visité la province de l’Equateur et les tourbières, à l’invitation du Gouverneur Mr. Bobo Boloko, élu le 21 Décembre 2017. Dans son discours d’investiture devant les parlementaires provinciaux relayé par la presse, le Gouverneur a déclaré : “qu’il apportera une économie verte à la population de la province de l’Equateur”. Il prévoit également “l’installation de deux centrales photovoltaïques hybrides pour améliorer l’approvisionnement en eau et en électricité à Mbandaka”.

Je reviens tout juste de passer un certain nombre de jours dans les forêts des marais des tourbes. Ces forêts du Congo abritent le plus vaste complexe des tourbières tropicales, estimées à 14 millions d’hectares, ce qui est plus grand que la taille de l’Angleterre. Au cours de ma visite, j’ai passé du temps dans deux villages importants : Lokolama dans le territoire de Bikoro et Mweko dans le territoire de Bolomba via la rivière Ikelemba – qui, d’après nos recherches scientifiques, stockent le plus dense des tourbes. En fait, on estime que la tourbière du bassin du Congo stocke 30 milliards de tonnes de carbone, ce qui équivaut à trois ans d’émissions de les États-Unis d’Amérique .
Greenpeace Afrique veut saluer les scientifiques, Simon Lewis, Greta Dargie et Bart Crezee de l’Université de Leeds ainsi que le Dr Corneille Ewango, qui ont dirigé cette découverte monumentale des tourbières. Nous voulons également féliciter ceux qui continuent à travailler pour nous permettre d’avoir les faits scientifiques corrects qui sont à la base de notre appel à la protection des tourbières. Garder ces marais de tourbe non perturbés est la clé de la stabilité climatique mondiale.

Le Président du Parlement provincial de l’Equateur a promis de déposer une proposition de loi sur la protection des tourbières, et nous exhortons le gouvernement provincial à travailler en étroite collaboration avec les scientifiques locaux dans la définition des mesures de protection de ces tourbières. Nous devons être extrêmement vigilants, car nous savons que, alors que nous consacrons toutes nos ressources à la protection des tourbières, il y en a d’autres qui mettent toutes leurs ressources pour obtenir des permis d’exploitation forestière dans les zones qui doivent être protégées.
À cette fin, nous avons demandé au Gouverneur de la province de l’Equateur de déclarer les tourbières de sa province, une zone protégé, de dénoncer publiquement toute exploitation forestière dans la région et de demander au gouvernement national d’annuler tous les permis d’exploitation illégale sans plan d’aménagement d’ici la fin de cette année! Greenpeace appelle le gouvernement national à s’associer avec les ONG nationales et internationales pour mettre en place un mécanisme efficace de surveillance de ces activités illégales d’exploitation forestière.

Nous espérons que les communautés locales et les peuples autochtones vivant autour des tourbières prendront possession de ce monde phénoménal et, avec le gouvernement provincial, travailleront en faveur des mécanismes de protection pour une solution durable. Ces communautés sont des alliés clés dans la protection de la forêt du bassin du Congo et Greenpeace Afrique croit que la foresterie communautaire fait partie de la solution dans la protection de ces zones sensibles.

Protéger les tourbières du Bassin du Congo est essentielle pour maintenir la stabilité du climat et prévenir les changements climatiques incontrôlés. Si les tourbières sont drainées pour l’exploitation forestière ou l’agriculture, le carbone qui s’est accumulé pendant plus de 10.000 ans sera libéré sous forme de CO2 dans l’atmosphère, exacerbant le changement climatique. Environ 2.900.000 hectares de tourbières boisées cartographiées font déjà l’objet de concessions d’exploitation forestière industrielle. De plus, une fois drainées, les tourbières deviennent vulnérables au feu. Brûler les tourbières libère aussi rapidement du CO2 dans l’atmosphère et affecte la capacité de l’écosystème des tourbières à se rétablir et à absorber plus de carbone à nouveau.

Nous appelons ainsi la communauté internationale et les bailleurs des fonds à inclure la protection des tourbières dans les futures négociations sur le climat. Cela devrait impliquer le financement de la recherche, l’adoption de mesures efficaces pour leur protection et la mise en œuvre de plusieurs projets de développement qui reflètent l’équilibre écologique et protègent les droits des communautés.
Enfin, j’espère que les tourbières du bassin du Congo pourront rejoindre les sept (7) autres merveilles naturelles d’Afrique et être déclarées site du patrimoine mondial de l’UNESCO car leur protection signifiera un accomplissement remarquable de l’humanité et servira de preuve de notre histoire intellectuelle sur la planète!

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