Déclaration commune : Greenpeace – Amnesty International

100% d’énergie renouvelable pour tous est nécessaire pour protéger les droits de l’homme des effets du changement climatique

Page - décembre 8, 2015
Le changement climatique est une question de droits de l’homme. Aujourd’hui déjà trop de gens à la surface de la Terre voient leurs droits à la vie, à l’eau, à la nourriture, au logement et bien d’autres impactés par le changement climatique.

C’est à nous d’arrêter cet engrenage infernal. Les gouvernements doivent accélérer ce changement à Paris pour éliminer définitivement les énergies fossiles d’ici 2050 à travers une transition juste vers 100% d’énergies renouvelables, de même que la protection et la restauration des forêts et d’autres écosystèmes.

Jusqu’à présent cependant, les Etats ont échoué à prendre les mesures nécessaires contre le changement climatique. Les engagements nationaux en matière de réduction des émissions peuvent, au mieux, maintenir l’augmentation de la température mondiale à 2.7°C au-dessus des niveaux d’avant l’ère industrielle 1. C’est bien plus que les 1.5°C que les pays les plus vulnérables indiquent comme leur maximum vital, et le Haut Commissaire aux Droits de l’Homme des Nations Unies a également appelé les différents pays à considérer ce seuil comme le maximum acceptable.

Si nous continuons à échouer, le résultat sera la destruction d'écosystèmes qui vont priver des millions de gens de leurs droits fondamentaux. Il n’y a aucun mécanisme dans les accords climatiques pour s’assurer du respect de ces engagements.

Les conséquences d’un tel échec pour les droits de l’homme sont sombres. Plus de 600 millions de personnes supplémentaires pourraient faire face à la famine d’ici 2080 à cause du changement climatique 2.  Même si les températures mondiales n’augmentent pas de plus de 2°C, une personne sur sept sera confrontée à une diminution sévère des ressources en eau 3. Les effets négatifs seront ressentis de manière disproportionnée par ceux qui vivent dans la pauvreté, plus particulièrement les femmes et les filles, les peuples indigènes et d’autres déjà désavantagés par les discriminations. 157,8 millions de personnes ont été forcées de quitter leurs foyers lors des sept dernières années en raison de  conditions climatiques extrêmes. Il y a plus de 60% de risque d’être déplacé en 2015 qu’en 1975 4. Ce risque peut atteindre des proportions catastrophiques avec les effets du changement climatique – tempêtes, inondations, augmentation du niveau des mers, sécheresse, vont toucher bien plus de gens tout autour du monde. De plus,  on estime que le changement climatique va conduire entre 2030 et 2050 à 250,000 morts additionnelles par an dues à la malnutrition, la malaria, la diarrhée et les insolations 5.

Selon les lois internationales des droits de l’homme, tous les pays ont obligation d’empêcher que les droits de l’homme soient bafoués, particulièrement le droit à la vie, au logement, à la nourriture, à l’eau, à des conditions sanitaires décentes et à un environnement sain. L’obligation de protéger les droits de l’homme de la pollution environnementale a été reconnue par des cours de justice et des organismes d’observation des droits de l’homme autour du monde. Ces obligations sont applicables indépendamment de ce que les Etats décident à Paris. Cela signifie que les Etats doivent prendre toutes les mesures raisonnables en leur pouvoir pour diminuer les émissions de dioxyde de carbone dans la limite de temps la plus courte possible, et au travers d’accords internationaux. Selon les scénarios actuels, le budget carbone du monde (la quantité de dioxyde de carbone qui peut être émise dans l’atmosphère sans causer d’augmentation dangereuse des températures) sera épuisé d’ici 2040. Les droits de l’homme ne peuvent ainsi être protégés qu’à la condition que les gouvernements éliminent complètement les énergies fossiles.

A Paris, les Etats doivent explicitement reconnaître leurs obligations en termes de droits humains dans le contexte du changement climatique, s’engager clairement à mettre fin à l’ère des énergies fossiles et accélérer la transition vers 100% d’énergies renouvelables pour 2050. La date limite doit être le milieu de ce siècle -  si on attend 2100 il sera trop tard.

Les Etats doivent s’engager à revoir et approfondir leurs objectifs de réduction des émissions tous les 5 ans à partir de ce sommet de Paris, avec l’idée d’améliorer leurs engagements d’ici 2020-2025. Les engagements de réduction d’émissions doivent être contraignants légalement et inclure des règles comptables communes pour faire face aux aléas et procurer les finances nécessaires aux pays pauvres et vulnérables afin de garantir que les énergies renouvelables sont l’option la moins chère.

Passer à 100% de renouvelables d’ici 2050 peut et doit être fait d’une manière qui soit juste et en accord avec les standards des droits de l’homme. La transition doit protéger les droits des travailleurs, en assurant par exemple des moyens de subsistance alternatifs à ceux qui dépendent aujourd’hui du secteur des énergies fossiles. Les droits de tous à des standards de vie et de logement adéquats, en particulier pour ceux vivant dans la pauvreté, sont respectés, protégés et remplis dans le courant de cette transition.

Pour remplir leurs obligations avec les lois internationales des droits de l’homme, les états doivent prendre des mesures pour prévenir les atteintes et aussi assister ceux qui peuvent être négativement touchés, les aider à devenir plus résilients, comme par exemple en préservant leur accès à l’eau. Ils doivent mettre en place des mécanismes pour fournir des solutions à ceux dont les droits on été bafoués à cause du changement climatique.

Les états doivent remplir leurs obligations en matière de droits de l’homme sur tous les aspects liés au changement climatique. Ils doivent mettre fin à toute forme  de discrimination et garantir l’égalité des genres, le droit à l’information, le droit à la participation pour les personnes affectées et le droit à la liberté d’expression, d’association et de groupement pacifique.

Amnesty International et Greenpeace International appellent les gouvernements présents à la COP21 à protéger les droits humains en incluant une référence explicite dans l’article 2 ainsi qu’à éliminer définitivement les énergies fossiles et à passer à 100% de renouvelables pour 2050.

 

Notes

Le scénario 2015 de la [R]évolution énergétique de Greenpeace proposes un chemin vers 100% d’énergie durable en montrant comment il est possible de réduire les émissions de CO2 de manière drastique, rendant inutiles l’exploration de l’Arctique ou en eau profonde comme sur les côtes du Brésil. Le rapport montre aussi que le passage à 100% d’énergie renouvelable créerait des emplois dans le secteur de l’énergie. En 15 ans, la part des énergies renouvelables pourrait passer de 21% aujourd’hui à plus de 64%.  

 

Pour plus d’informations:

Greenpeace International Ottho Heldringstraat 5 1066 AZ Amsterdam The Netherlands Tel: +31 20 7182000 

 

1 Climate Action Tracker, 2015, http://climateactiontracker.org/news/224/INDCs-lower-projected-warming-to-2.7C-significant-progress-but-still-above-2C- .html

2 United Nations Development Programme (UNDP), Human Development Report 2007/2008. Fighting climate change: Human solidarity in a divided world, New York, 2007, p. 90.

3 Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), Fifth Assessment Report (AR5), Working Group II Report, p.250.


4 IDMC report: http://www.internal-displacement.org/assets/library/Media/201507-globalEstimates-2015/20150713-global-estimates-2015-en-v1.pdf

5 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs266/en/