Pour certains, les océans peuvent sembler grands – pour moi, ils sont mon jardin et ma maison. C’est là où, ces 30 dernières années, j’ai passé la plupart de mon temps, en tant que marin et capitaine de navire.

Alors, vous pouvez imaginez à quel point je suis attaché à la planète bleue. Pendant ces années passées à naviguer les mers, j’ai aussi été le témoin de la dégradation de la situation de nos océans.

 Nos océeans sont menacés

Année après année, de plus en plus de bateaux de pêche envahissent les mers, et ils sont de plus en plus gros. La surpêche et la pêche illégale sont tellement répandues, et les pêcheries sont si peu régulées.

 oceans poissons plongeur

Après toutes ces années à naviguer avec Greenpeace, j’ai vu de près la partie cachée de la pêche industrielle – j’ai vu des filets de pêche si grands qu’ils ne pouvaient être ramenés à bord, mais devaient être aspirés par un tuyau que l’on mettait sous l’eau. J’écoute les nouvelles et je vois dans l’océan que les stocks de poisson diminuent à vue d’œil.

Et je deviens de plus en plus impatient, en colère. Les riches deviennent plus riches, et les pauvres plus pauvres, et nos océans souffrent d’intérêts privés à court terme, aux dépends d’un si grand nombre.

 Il nous faut arrêter cela. Il nous faut continuer d’essayer et ne jamais abandonner. Pour le bien de nos océans et des générations à venir.

 L'Afrique de l'Ouest sous pression

Aujourd’hui, et pendant les deux prochains mois, je suis le capitaine à bord du navire de Greenpeace le MY Esperanza. Avec mon équipage et des experts de la mer, nous allons naviguer les mers ouest africaines pour être le témoin des conséquences de la surpêche dans ces eaux qui étaient autrefois si riches. Des conséquences sur la sécurité alimentaire et sur la vie quotidienne des pécheurs artisans et des communautés qui dépendent de la pêche pour leur survie.

 Mike Fincken

C’est la 4e fois que je viens en Afrique de l’Ouest à bord d’un bateau de Greenpeace pour dévoiler la surpêche, et de nombreuses choses se sont produites. J’ai pourchassé un bateau pirate qui s’est finalement réfugié dans le port de Freetown au Sierra Leone. J’ai été le témoin de nombreuses infractions commises par les bateaux chinois au large de la Guinée et de la Guinée Bissau. Dans le port de Conakry, j’ai assisté à l’arrestation d’un bateau pêchant illégalement, et alors que des hommes lourdement armes se promenaient sur les quais pour assister à l’arrestation, il y a eu une éclipse totale de soleil. Un bien sombre moment.

Avec mon équipage, nous avons écrit « Poisson Volé » en graffiti sur un navire réfrigérant et l’avons suivi pendant tout le trajet de la Guinée à Las Palmas. Nous l’avions pris sur le fait en train de faire un transbordement illégal.  J’ai vu des bateaux pirates tout rouillés, connus sous le nom de bateaux cimetières, où les équipages chinois servent pendant des années sans papiers ou sans être payés, sur des bateaux en si mauvais état qu’il y en a des trous sur les côtés. Un des bateaux a même coulé sous mes yeux.

Les navires européens sont ici aussi, et ce depuis des années. Comme ces énormes bateaux de pêche russes, avec leurs chaluts monstrueux, trainant aux abords du Sénégal avec leurs fuites de pétrole. Mais ce qui m’a rendu le plus furieux ce sont ces bateaux-monstres destructeurs, 8 d’entre eux, de plus de 160 mètres de long, faisant des allers et retours au large de Nouakchott et remontant d’énormes filets de pêche remplis de poissons – je me demande s’ils sont encore là ?

La gravité de la situation en Afrique de l’Ouest exige une action immédiate, et la mise en place d’une gestion régionale forte des pêcheries avec des règles pour assurer une pêche durable et mettre fin à la surexploitation des ressources. Il n’est pas trop tard – pas trop tard, mais il faut agir maintenant.

Redonner l'espoir

C’est pourquoi nous sommes de retour en Afrique de l’Ouest, et nous apportons un message d’espoir et de soutien pour les populations locales et les décideurs qui veulent retrouver des eaux qui autrefois étaient si riches.

Et quelle meilleure plateforme que celle-ci, le bateau de l’espoir – l’Esperanza !

 

Par Mike Fincken, capitaine de l’Esperanza

 

Article original en anglais paru sur Greenpeace International.