magazine / décembre 2011

Vêtements de sport: ça sent bon le vert!

En Chine, un militant de Greenpeace prélève des échantillons des eaux usées émanant du secteur textile.

En Chine, un militant de Greenpeace prélève des échantillons des eaux usées émanant du secteur textile.

© Qiu Bo / Greenpeace

VICTOIRE ! Grâce à une vaste campagne menée au niveau du secteur textile, de nombreuses grandes marques de vêtements (de sport) ont décidé de "produire vert" à partir de 2020. Cette victoire est le fruit de longues préparations et de recherches sur le terrain, en Chine.

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Cet été, Greenpeace a interpellé de grandes marques de vêtements de sport : leurs usines en Chine déversent leurs eaux usées toxiques dans les rivières, sans tenir compte des habitants qui utilisent ensuite cette eau.

Pour faire éclater la vérité au grand jour, nous avons publié deux études : la première montre la responsabilité des grandes marques de vêtements dans le déversement de substances toxiques dans les cours d'eau chinois. La deuxième insiste sur l'utilisation d'éthoxylate de nonylphénol (NPE) lors de la fabrication de vêtements. Cette substance se dégrade dans l'eau pour devenir un perturbateur hormonal. Du NPE a été retrouvé dans les vêtements de grandes marques internationales réputées, dont Adidas, Puma et Nike mais aussi Lacoste, Calvi Klein et Kappa.

Martin Besieux au centre, entouré de ses collègues de Greenpeace Chine.

DE LA POLLUTION A LA SOLUTION

Martin Besieux, au centre de la photo, est expert belge en 'Substances toxiques' pour Greenpeace International. Il a joué un rôle clé dans le revirement opéré au sein du secteur textile. Il revient sur le travail de terrain, long de deux ans et demi : « la Chine compte quelque 50.000 usines actives dans le secteur textile. Elles déversent l'essentiel de leurs eaux usées dans le Yangtze et la rivière des Perles. Dans quatre villages le long du Yangtze, nous avons acheté du poisson que nous avons fait analyser pour vérifier la présence de certaines substances chimiques perturbatrices du système hormonal. Ces substances sont interdites en Europe mais toujours tolérées en Chine. Les résultats se sont révélés positifs. Bien sûr, des milliers de personnes en Chine consomment ce poisson.  

Nous avons ensuite analysé les eaux usées sortant des tuyaux de déversement d'un certain nombre d'usines le long du Yangtze et de la Rivière des Perles : les mêmes substances toxiques y ont été retrouvées... Or, il s'agit précisément d'usines qui fournissent fils, textiles ou vêtements à des multinationales comme Nike, Puma et Adidas. Nous avons mis ces dernières face à leurs responsabilités : à elles d'exiger de leurs fournisseurs qu'ils livrent des produits exempts de substances toxiques. Et ce sera chose faite à terme ! »

 

 

Nos sympathisants se dénudent

Des rapports, aussi scientifiques soient-ils, n'ont que peu d'impact si personne ne les lit. D'où l'idée de mener une série d'actions au lendemain de leur publication. Durant le week-end du 23 juillet, 600 sympathisants se sont dévêtus devant des magasins Adidas et Nike dans 29 villes du monde, dont Amsterdam et Bangkok. Plus de 50.000 personnes ont signé notre pétition pour demander aux marques de sport de ne plus utiliser de substances toxiques dans leurs lignes de production. Des milliers d'autres ont diffusé l’information via les médias sociaux. Résultat : les rapports ont fait grand bruit, des Etats-Unis au Brésil et de la Chine à la Grande-Bretagne.

Il n'était pas question pour Nike, Puma et Adidas de perdre la confiance des consommateurs chinois. Après de longues négociations, elles se sont finalement engagées à s'approvisionner, à terme, uniquement auprès d'entreprises produisant proprement. Nous attendons à présent leur plan d'action pour connaître les mesures qu'elles comptent prendre pour atteindre cet objectif. Et ce qu'elles exigent de leurs fournisseurs chinois, elles l'exigent aussi de leurs fournisseurs en Thaïlande, au Cambodge, en Argentine, en Inde... Une belle avancée donc !

H&M également fashion

H&M, deuxième plus grande chaîne de mode au monde, a suivi cette « mouvance verte » peu après que nous l'ayons interpellé à son tour : dans 12 pays, nos militants ont collé le message « Detox our future », sur les devantures de nombreux magasins H&M. Ils ont par ailleurs multiplié les appels à l'action sur Facebook et Twitter. Avec la nouvelle saison de mode qui s'annonçait, H&M a décidé de donner à son tour un signal clair aux autres marques : utiliser des substances toxiques pour fabriquer des vêtements n'est décidément pas fashion !

 

NOUVELLES VICTOIRES 

C&A et la marque chinoise de sport Li-Ning viennent à leur tour de promettre de ne plus déverser leurs eaux usées toxiques dans les rivières chinoises à l'horizon 2020.

Nous continuons sur notre lancée !