magazine / octobre 2012

Greenpeace est présente en Asie !

En Chine, les rejets d'eaux usées dans les rivières sont à l'origine de bien des problèmes...

En Chine, les rejets d'eaux usées dans les rivières sont à l'origine de bien des problèmes...

© Greenpeace / John Novis

Cap sur l'Asie du Sud et du Sud-Est : quelles y sont les principales problématiques environnementales ? Comment réagissent les populations à la présence de Greenpeace ? Un début de réponse grâce à Lea Guerrero et Xiaojun Wang. 

Xiaojun WangLea GuerreroXiaojun Wang est directeur de communication pour l'antenne Greenpeace Asie de l'Est, qui couvre la Chine, Taiwan et la Corée du Sud. Lea Guerrero travaille pour le bureau d'Asie du Sud-Est, qui couvre l'Indonésie, les Philippines et la Thaïlande. Tout comme son collègue, elle est directrice de communication.

Quels sont les dossiers sur lesquels vous travaillez respectivement ?

Lea Guerrero : l'industrialisation rapide a boosté la croissance économique de l'Asie du Sud-Est, mais à quel prix ! Le principal défi est celui des changements climatiques. Notre région fait partie des zones les plus vulnérables et les moins préparées à faire face à une crise climatique. Les événements météorologiques extrêmes comme les typhons augmentent en nombre et en intensité, provoquant glissements de terrain, inondations... Lentement, l'augmentation du niveau de la mer empiète sur les territoires côtiers et détruit les réserves d'eau douce.

Combattre la pollution par les substances chimiques toxiques est une autre de nos priorités. De très nombreuses usines textiles fleurissent le long de nos rivières. C'est là que sont fabriqués de nombreux vêtements de grandes marques internationales. Ces multinationales profitent de réglementations laxistes pour déverser leurs déchets toxiques dans nos rivières.

Xaiojun Wang : en Chine, je dirais sans hésiter que le problème environnemental numéro Un, c'est la consommation effrénée de charbon et son impact ravageur sur nos rivières, nos sols, l'air.

Et bien sûr, tout comme l'a mentionné Lea, il y a le problème des substances toxiques. La Chine est le principal fabricant de nombreux produits bon marché vendus à travers le monde, en particulier les jouets et les vêtements. Les substances chimiques utilisées lors du processus de fabrication finissent dans les rivières, les lacs et les mers. Nous avons prélevé des échantillons dans le fleuve Yangtzé et les résultats en disent long : au bout du compte, c'est la chaîne alimentaire qui est contaminée.

Les multinationales profitent de réglementations laxistes pour déverser leurs déchets toxiques dans nos rivières

Cela vous laisse-t-il du temps pour aborder d'autres problématiques ?

Xaiojun Wang : en Chine continentale, nous agissons pour une agriculture plus durable et une meilleure protection des forêts. A Hong Kong, notre petite équipe travaille à un éventail de campagnes qui ont toutes le même objectif : « verdir » l'île. Taïwan dispose de quelques-unes des plus grosses flottes de pêche au monde. Nous menons campagne pour des pêcheries plus durables. Enfin, nous faisons pression sur le gouvernement de Corée du Sud pour qu'il abandonne sa politique nucléaire au profit d'un système énergétique basé sur les énergies solaire et éolienne.

Lea Guerrero : nos bureaux en Thaïlande, aux Philippines et en Indonésie partagent grosso modo les mêmes préoccupations environnementales que celles de mes collègues d'Asie de l'Est.

L'opinion publique est-elle réceptive à ces enjeux ?

Xaiojun Wang : après trois décennies de développement économique rapide, la Chine est aujourd'hui à la croisée des chemins : l'opinion publique ne se contente plus de simplement manger à sa faim. Elle réclame davantage, dont une alimentation plus saine et de façon plus générale, un mode de vie plus sain. Et parmi la population, nous avons pas mal de soutien, surtout de la part des jeunes !

Lea Guerrero : la population en Thaïlande, aux Philippines et en Indonésie est plutôt concernée par l'état de l'environnement en particulier de nos jours, où les impacts des changements climatiques sont de plus en plus perçus comme des incidents normaux et réguliers. La hausse de la fréquence d'événements extrêmes a causé de graves inondations dans des pays comme le Cambodge, la Thaïlande et les Philippines. De nombreuses personnes y ont perdu la vie et un grand nombre d'habitations, de cultures et d'infrastructures ont été détruites. Pour mener à bien notre travail, nous pouvons compter sur un vaste groupe de sympathisants, qu'il s'agisse de donateurs, de cyberactivistes ou d'activistes. Ce sont toutes des personnes qui ont décidé de travailler à nos côtés et de partager notre mission pour un changement positif. C'est grâce à leur engagement que nous parvenons à remporter de belles victoires.

Avez-vous déjà des victoires à votre actif ?

Lea Guerrero : impossible de les citer toutes ! Je n'en évoquerai qu'une seule, à savoir les gigantesques progrès réalisés au niveau de notre campagne Forêts en Indonésie. De grandes multinationales comme Unilever, Kraft et Nestlé ont mis en place des politiques visant à cesser tout achat d'huile de palme de compagnies qui détruisent les forêts et les tourbières d'Indonésie. Génial, non ?

Xaiojun Wang : il y a sept ans, lorsque nous avons évoqué pour la première fois l'idée de lancer une [R]évolution énergétique, personne n'était concerné par la question des énergies vertes. Aujourd'hui, la Chine est l'un des plus grands investisseurs dans les énergies renouvelables ! Ce n'est pas tout : nous venons d'obtenir du gouvernement chinois qu'il suspende la commercialisation du riz OGM en Chine. Enfin, la plus grande ligne de vêtements de sport chinoise, Li-Ning, s'est engagée à éliminer toutes les substances chimiques toxiques de sa ligne de production en 2020 au plus tard. Elle suit ainsi la voie empruntée par d'autres grandes marques, comme Nike et Adidas. Bref, le développement peut aussi être durable !

Pour finir, quel est l'événement à la base de l'ouverture du premier bureau dans vos régions respectives ?

Lea Guerrero : il faut remonter aux années 1999-2000. A la suite de deux décennies de croissance et d'industrialisation rapides et de la promotion aveugle de la « croissance à tout prix », la pollution, surtout dans les zones urbaines et industrialisées, a atteint des proportions alarmantes. Le Rainbow Warrior faisait une tournée en Asie du Sud-Est pour y dénoncer les « hauts-lieux » de la pollution, pour promouvoir des alternatives et des solutions. Cette tournée du Rainbow Warrior a marqué le coup d'envoi des premières actions directes en Asie du Sud-Est, une tradition perpétuée depuis. Nous avons démarré nos activités en Thaïlande et aux Philippines en 2000. Le bureau indonésien a ouvert ses portes en 2005.

Xaiojun Wang : pour ce qui est de l'Asie de l'Est, on peut utiliser pas mal de superlatifs : la Chine est le plus gros émetteur de CO2 au monde, Taïwan dispose de quelques-unes des plus grosses flottes de pêche au monde... Mais en même temps, nous avons pensé qu'une opportunité pouvait aussi s’offrir à la région : celle de lancer une « révolution verte », montrant que le développement peut aussi s'asseoir sur les technologies durables les plus avancées. Nous sommes déterminés à relever ces défis en Asie de l'Est. Pour ce faire, nous disposons d'une expertise internationale et de savoir-faire locaux.