magazine / novembre 2015

La face cachée de nos vêtements de plein air

Photo: Roberto Isotti

Notre collègue Jelle aime les vêtements techniques bien faits qui le gardent au sec même dans des conditions extrêmes. À vélo, il porte généralement des vêtements Vaude, et sa garde-robe déborde d’articles Patagonia. Et pourtant, ses deux marques préférées lui posent un problème...

Agissez! en faveur de textiles propres

Ce problème a un nom: les hydrocarbures perfluorés (PFC),. L’industrie du vêtement de plein air en use et en abuse parce que ces substances chmiques permettent de fabriquer des produits étanches et résistants à la saleté. Patagonia et Vaude ne sont que deux exemples. Il y a aussi Jack Wolfskin, Columbia, The North Face…

Une fois libérés dans l’environnement, ces produits chimiques se dégradent très lentement. Ils restent présents dans l’environnement durant de nombreuses années et sont disséminés sur toute la planète. Certains PFC sont nocifs pour la reproduction, favorisent la croissance de tumeurs et perturbent le système hormonal.

Au printemps, huit équipes de Greenpeace sont parties en expédition dans les plus belles régions, et, en apparence, les plus immaculées, de la planète. Elles ont recueilli des échantillons d’eau et de neige pour y déceler la présence de PFC. Et malheureusement, des produits chimiques dangereux et persistants étaient présents dans l’ensemble des échantillons.


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La situation est assez paradoxale, parce que le secteur des vêtements de plein air est en principe amoureux de la nature. Il utilise des images impressionnantes de paysages de montagne, de forêts majestueuses, de neige fraîche et de rivières cristallines pour présenter ses produits… et gonfler les ventes! Et pendant ce temps-là, ces entreprises rejettent sans hésiter des produits chimiques dangereux dans l’environnement.

Et nous? En tant que consommateurs, nous portons volontiers une veste imperméable de haute technologie, promue par des images de skieurs en neige profonde et de grimpeurs intrépides, même si nous ne sommes pour la plupart pas des athlètes, mais de simples citadins qui avons juste besoin d’un anorak décent pour une balade à vélo ou une promenade d’hiver. Même les vêtements d’enfants bénéficient d’une finition de haute performance, bien qu’ils soient principalement utilisés pour jouer dans la pluie et la boue, dans un bac à sable ou sur une aire de jeux.

Vous vous demandez peut-être…

1. Est-ce que je pollue quand je porte une veste qui contient des PFC?

La pollution la plus importante se produit au cours du processus de production, par le rejet de PFC. Mais certains PFC, provenant par exemple des vêtements, peuvent également se retrouver dans l’atmosphère.

2. Ma santé est-elle en danger si je porte ce genre de vêtements?

Dans l’état actuel de nos connaissances, les PFC ne sont pas absorbés par la peau et il n’y a aucune preuve de risques directs pour la santé de ceux qui portent des vêtements contenant des PFC. Toutefois, certains PFC présents dans l’environnement peuvent s’accumuler dans nos organismes.

3. Les alternatives aux PFC sont-elles plus chères?

Selon le secteur, les prix sont similaires. Le coût des produits chimiques utilisés pour la finition représente seulement 2 à 4 % du prix total.

4. Pourquoi Greenpeace s’en prend-elle au secteur du plein air?

Les PFC sont présents dans de nombreux autres produits que les vêtements de plein air: les tapis, la mousse des extincteurs, les pesticides... Mais nous pensons que les marques d’équipements de plein air soucieuses de l’environnement doivent montrer l’exemple.

Davantage d’ambition

À l’initiative de Greenpeace, des milliers de sympathisants ont demandé à leur marque préférée quelle était leur position sur les PFC. Les réponses varient considérablement. L’allemand Vaude s’est fixé un délai il y a déjà plusieurs années pour éliminer tous les hydrocarbures perfluorés d’ici à 2020. Année après année, son offre de produits sans PFC augmente. Seuls certains modèles qui doivent répondre à des exigences élevées en termes de performance en contiennent encore. L’entreprise y travaille...

Quant à l’américain Patagonia, il reconnaît le problème des PFC mais n’a toujours pas fixé de calendrier pour l’élimination de ces produits chimiques nocifs. Des alternatives existent pourtant.

Des vêtements sans PFC

La marque suédoise Fjällräven nous a informés que ses vêtements ne contenaient plus d’hydrocarbures perfluorés depuis 2015. Toutes nos équipes ont utilisé des vêtements sans PFC durant leurs expéditions. Elles ont été tout à fait satisfaites de leurs performances, même dans les pires conditions et à plus de 5000 mètres d’altitude sur la montagne des neiges du Haba en Chine.

Nous devons en finir avec les PFC : tout le monde – amoureux de la nature, alpinistes, skieurs, randonneurs ou citadins – peut se joindre à ce mouvement.