magazine / octobre 2016

Agir sur le terrain!

En juin, la Belge An Lambrechts est partie au cœur de l’Amazonie, au Brésil. Au mois d’août, le Néerlandais Rob Geleijnse a mis le cap sur la Roumanie. Tous deux avaient le même objectif : préserver les forêts anciennes, sur le terrain. Avec de nombreux autres activistes, ils ont séjourné dans des camps. Ils nous prouvent qu’agir peut contribuer à protéger notre planète. Merci à eux.

Expliquez-nous les raisons de votre participation à ces camps?

Rob: Je voulais m’immerger dans la nature, faire quelque chose d’utile. En Roumanie, on abat les arbres légalement et illégalement. De nombreuses entreprises étrangères ont conclu des contrats lucratifs avec différentes parties impliquées dans la gestion forestière, qu’il s’agisse de l’Etat ou d’entreprises locales. Les contrôles sont vaseux. Il est temps d’avoir plus de clarté et de tirer la sonnette d’alarme. Agir s’imposait.

An: Nous nous sommes opposés, aux côtés du peuple indigène des Mundurukus, à la construction d’un méga-barrage sur le fleuve Tapajos, l’un des principaux affluents de l’Amazone. Si le barrage avait vu le jour, il aurait eu pour effet de noyer une région aussi grande que la ville de New York. Or ce barrage n’est pas nécessaire pour fournir l’électricité dont le pays a besoin. Le Brésil peut s’en sortir avec des sources alternatives comme les énergies solaire et éolienne.

An: Ce n'est pas pour rien que les peuples autochtones sont les gardiens de la forêt tropicale

An, vous avez obtenu une belle victoire à votre retour? 
An: Oui, au mois d’août, nous avons appris que la demande de licence pour la construction du méga-barrage avait été annulé. Bien sûr, nous sommes ravis, mais il en faut plus pour empêcher la construction d’autres barrages sur le Tapajos et autres affluents de l’Amazonie. Notre campagne n’est donc pasterminée !

Quelle était votre mission sur place?
Rob: Il s’agissait avant tout de répertorier la "vie forestière" dans un certain nombre de régions. Nous avions une équipe chargée de cartographier les régions forestières à l’aide de GPS. Une autre intervenait ensuite au cœur des régions ainsi mises en évidence pour y répertorier tout élément d’importance: les arbres bien sûr mais aussi les autres formes de végétation, les roches, l’eau… Lorsque notre travail sera terminé, nous présenterons toutes ces données aux autorités en espérant qu’elles les enregistreront dans le "Catalogue national des forêts vierges et quasi vierges de Roumanie".  

An: Je suis allée sur place pour aider les Mundurukus à cartographier et délimiter leur territoire. Il s’agit là d’une procédure essentielle si l’on veut que leur territoire soit protégé contre toutes sortes de menaces. C’est un gros boulot, dans des endroits parfois difficilement accessibles, au cœur de la forêt.

Ce projet vous tient-il à cœur?

An: Absolument car en agissant aux côtés des Mundurukus, je me suis sentie totalement au cœur du sujet. Tout se tien : la préservation de la forêt, celle de la rivière et la survie des Mundurukus. Ce n’est pas pour rien que les peuples autochtones sont les gardiens de la forêt tropicale. Ils nous ont accueillis comme des alliés. Ce fut un moment très fort de recevoir tant de confiance de la part d’un peuple qui apporte une telle contribution à la survie de notre planète. Et c’est gratifiant de pouvoir faire quelque chose qui est à la fois visible et utile. Ces dernières années, j’ai beaucoup travaillé dans les coulisses de projets internationaux. C’est un travail passionnant, mais je trouve toujours plaisant de retrouver la vie de militante !

Nom:

An Lambrechts

Age:

39 ans

Profession

Chargée de mission Forêts et Agriculture

Hobbies:

Sports et musique

Nom:

Rob Geleijnse

Age:

52 ans

Profession

Sans

Hobbies:

Multiples, toujours en rapport avec l'environnement

Rob: Le projet roumain me tient fort à cœur, étant donné l’importance de ce que Greenpeace accomplit ici. Les contacts, la collaboration au sein d’une équipe, le partage des tâches et des expériences souvent lourdes, tout cela est réconfortant et me donne un but dans la vie.

An, comment vivent les Mundurukus au quotidien?

An: Ils se lèvent tôt le matin. Après le petit déjeuner, les enfants vont à l’école. Les femmes nettoient leur maison et prennent soin du village pendant que les hommes vont à la pêche ou la chasse. Ensuite, ils préparent le déjeuner et poursuivent leurs activités, comme la préparation de farine de manioc ou la lessive. En fin de journée, ils jouent souvent au football : d’abord les filles, puis les garçons. Lorsque la nuit tombe, chacun va se rafraîchir, et vient ensuite le temps du dîner et de la détente.

Quelles sont les prochaines étapes pour préserver les forêts?

An: Comme je l’ai dit, les grandes centrales hydrauliques ne sont pas indispensables pour avoir de la lumière. Les énergies solaire et éolienne peuvent également y pourvoir.

Ce sont ces sources que doit promouvoir le gouvernement brésilien. Il reste du pain sur la planche pour veiller à ce que l’Amazonie ne disparaisse mais je vais continuer à travailler pour la survie des forêts de notre planète.

Rob: Je prends part aux actions et je m’y investis à 100%

Rob: La suite dépendra des résultats de nos recherches sur le terrain et des nouveaux développements. Je pense que notre engagement n’est pas simplement temporaire et qu’en tant qu’organisation, nous avons l’énorme responsabilité d’exercer une surveillance étroite et d’intervenir le cas échéant. Le but est d’obtenir une fois pour toutes la préservation de toutes les forêts vierges restantes. Et nous invitons la population à prendre les choses en main pour devenir le véritable garant des forêts.

Rob: Si c’était à refaire, le referiez-vous?
Rob: Si Greenpeace me demande encore de l’aide... Oui, c’est une évidence. J’ai débuté il y a plus de 21 ans comme militant, et j’ai une nette préférence pour le travail de terrain. Habituellement, je prends part aux actions quand et où on me le demande, et je m’y investis à 100%.