Deux Belges sur trois veulent sortir du nucléaire

76% des Belges préfèrent des investissements dans les renouvelables

Communiqué de presse - 25 novembre, 2011
Une grande majorité des Belges - près de 2 sur 3 - soutient le principe d'une sortie non différée du nucléaire. 66% estiment qu'il est important de fermer les trois plus anciens réacteurs d'ici 2015. Pour 61% des Belges, la fermeture de l'ensemble des réacteurs en 2025 est une bonne chose. C'est ce qui ressort d'un sondage IPSOS commandé par Greenpeace, début novembre 2011. En comparant ces résultats à un sondage similaire réalisé en 2009, il est évident que la sortie du nucléaire bénéficie aujourd'hui d'un véritable consensus.

Le sondage a été réalisé quelques jours après l'accord pris par les négociateurs du futur gouvernement fédéral en faveur du maintien de la loi de sortie du nucléaire [1]. Accord qui conditionne la fermeture effective des trois premiers réacteurs à la mise en place d'un plan d'équipement .

Il ressort de ce sondage qu'une large majorité des Belges sont favorables au respect de la loi sur la sortie du nucléaire. 66% d'entre eux sont favorables à la fermeture des plus anciens réacteurs d'ici 2015. Seuls 21% des sondés ne voient pas cette échéance d'un bon œil. En ce qui concerne la deuxième vague de fermetures, prévue entre 2022 et 2025, 61% des sondés se prononcent pour son maintien, 26% contre. 76% des Belges préféreraient des investissements dans les énergies renouvelables plutôt qu'une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires.

Revirement
Si l'on compare les résultats de ce sondage avec une enquête similaire menée en 2009, il est indéniable que le soutien à la sortie du nucléaire se conforte. A l'époque, 40% des Belges se montraient favorables à l'échéance prévue en 2015 et 37% s'y opposaient. La sortie définitive du nucléaire, avec la fermeture des quatre derniers réacteurs prévue entre 2022 et 2025 était appréciée par 37% et décriée par 39%. La tendance s'est donc inversée. Une majorité de la population soutient le respect de la loi sur la sortie du nucléaire.

« Ce sondage ne démontre pas uniquement la volonté des Belges de sortir du nucléaire au plus tard en 2025 mais aussi que le calendrier de sortie prévu par la loi – avec une première échéance en 2015 – doit être respecté. C'est pourquoi nos décideurs politiques doivent opter pour le respect strict de ce calendrier. Une prolongation ne fût-ce que de quelques années ne devrait pas être à l'ordre du jour ,» commente Eloi Glorieux, de la campagne « Energie » de Greenpeace.

La lumière ne s'éteindra pas
Les Belges semblent donc peu réceptifs aux scénarios catastrophe que certains agitent lorsqu'il est question de fermer les réacteurs. 55% des sondés estiment que la fable selon laquelle « la lumière s'éteindrait » ne tient pas la route. La peur d'un black-out consécutif à la sortie du nucléaire n'est partagée que par 31% des Belges.

Les trois plus anciens réacteurs (Doel 1, Doel 2 et Tihange 1) produisent ensemble environ 16% de notre électricité. En s'engageant fermement sur la voie de la sortie du nucléaire dès 2015, notre futur gouvernement pourrait créer le cadre qui permettrait au secteur de l'énergie de prendre ses responsabilités. Un développeur de projet comme Eneco possède toutes les autorisations nécessaires pour construire deux centrales TGV (turbine gaz vapeur) présentant un haut rendement et dont la capacité serait équivalente à celle de Doel 1 et Doel 2. Leur construction restera différée tant que le gouvernement n'aura pas prononcé un oui franc et massif à la sortie du nucléaire. [2]

« En lieu et place du flou actuel, nous avons besoin d'un plan d'équipement qui découle d'une sortie non conditionnée du nucléaire et de sa première phase prévue en 2015. Celui-ci doit impérativement inclure des mesures d'économies d'énergie et donner un sérieux coup d'accélérateur au développement des énergies renouvelables, complète Joëlle Hérin de la campagne Energie de Greenpeace. Pendant une période de transition, nous avons la possibilité de faire intervenir des centrales au gaz naturel présentant un haut rendement, la priorité devant aller à la cogénération.»

A l'image de l'Allemagne, la Belgique doit élaborer une politique énergétique, conçue pour le long terme et basée sur trois piliers : la diminution de la demande en énergie via une chasse au gaspi, l'introduction accélérée des sources d'énergies renouvelables et un réseau électrique intégré et flexible, conçu à l'échelle européenne.

Notes aux rédactions
[1] En 2003, le parlement a voté la loi de sortie du nucléaire. Selon cette loi, nos 7 réacteurs nucléaires (4 à Doel et 3 à Tihange) devront être fermés lorsqu'ils auront atteint une durée de vie de 40 ans. Selon les termes de cette loi, trois réacteurs doivent s'éteindre en 2015 : Doel 1, Doel 2 et Tihange 1. La loi prévoit le calendrier suivant : fermeture de Doel 3 en 2022, Tihange 2 en 2023 et Doel 4 et Tihange 3 en 2025.
[2] Lire à ce sujet : "Kernuitstap, wanneer dan?", carte blanche de Christophe Degrez de Eneco parue le 09/11/2011 dans De Tijd et le courrier des lecteurs "Kernenergie" du 3/11/2011 dans De Morgen.

Annexes
Powerpoint sondage Ipsos, Attitude des Belges par rapport à la sortie du nucléaire, novembre 2011
Fiches Greenpeace reprenant des commentaires sur le sondage