Suite aux récents attentats en France et en Belgique, Greenpeace France a demandé à sept experts internationaux [1] de vérifier si les centrales nucléaires belges et françaises pouvaient résister à des agressions extérieures telles qu’une chute d’avion ou une attaque à l’arme lourde. Leur conclusion est unanime : les bassins de stockage des barres de combustible usagé, situés à l’extérieur des bâtiments blindés du réacteur, sont extrêmement vulnérables.
En raison de la quantité de combustible stocké, ces bassins de refroidissement présentent également une radioactivité beaucoup plus concentrée que les réacteurs eux-mêmes. Si ces bassins étaient endommagés lors d’une attaque entraînant la vidange de l’eau de refroidissement, les barres de combustible seraient mises à nu, entraînant une hausse de la température et des rayonnements. Un tel scénario conduirait à une catastrophe nucléaire avec un impact radiologique important.
« En raison de la proximité de grandes villes comme Anvers, Liège et Namur, la vulnérabilité des bassins de refroidissement de Doel et Tihange est un sujet de préoccupation supplémentaire. Il est donc incompréhensible que l’AFCN n’ait pas imposé de mesures de protection additionnelles lorsqu’elle a autorisé la prolongation pour dix ans des réacteurs les plus anciens et les moins protégés, Doel 1, Doel 2 et Tihange 1 », déclare Eloi Glorieux, expert nucléaire chez Greenpeace Belgique.
En France, avec 58 réacteurs nucléaires et autant de bassins de refroidissement remplis de combustible nucléaire usagé, la situation est, si possible, encore plus problématique. Parmi les centrales françaises concernées figure Gravelines qui représente une menace potentiellement grave, avec six bassins de refroidissement situés à 30 kilomètres seulement de la côte belge.
« La menace et les conséquences d’une éventuelle attaque contre nos centrales nucléaires doivent cesser d’être un sujet tabou. En Belgique comme en France, ces scénarios doivent faire partie intégrante du débat social et politique sur la pertinence de l’énergie nucléaire », précise Eloi Glorieux. « EDF et Engie Electrabel qui exploitent les centrales en France et en Belgique, ont la responsabilité de renforcer la sécurité de ces installations vulnérables. »
Greenpeace Belgique transmettra le rapport confidentiel complet à l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), au Centre de crise et au ministre de l'Intérieur Jan Jambon, compétent en matière de sécurité nucléaire.
Greenpeace a choisi de ne pas rendre ce rapport public, car il contient des détails sensibles sur la vulnérabilité des centrales, mais considère que son devoir est d’informer le public de l’existence de ces risques [2].
Notes :
[1] Les experts indépendants ayant contribué à la rédaction de ce rapport sont : Oda Becker (Allemagne), Manon Besnard (France), David Boilley (France), Ed Lyman (États-Unis), Gordon MacKerron (Royaume-Uni), Yves Marignac (France) et Jean-Claude Zerbib (France).
[2] Un résumé public du rapport est disponible ici.