Greenpeace interroge notre dépendance au pétrole

Six mois après le drame dans le Golfe du Mexique

Communiqué de presse - 20 octobre, 2010
Pour lancer son rapport Steering Clear of Oil Disasters, Greenpeace a installé un dispositif rappelant le décorum accompagnant traditionnellement la présentation des voitures énergivores et qui sont indirectement à l'origine des marées noires. Les véhicules ont été symboliquement badigeonnés de «pétrole». Le nouveau rapport de Greenpeace permet d'évaluer la quantité de pétrole qui pourrait ne pas être consommée par le secteur Transport [1].

L'action symbolique s'est déroulée aux alentours de l'ACEA (Association des Constructeurs Européens d'Automobiles), et a impliqué le maquillage de trois véhicules énergivores [2] par une vingtaine de militants. « Ces véhicules énergivores sont à la base d'une course particulièrement polluante. Pour satisfaire la demande en hausse dans le transport , il faut forer de plus en plus loin en mer, dans les sables bitumineux ou encore dans l'Arctique. Les constructeurs automobiles se font encore tirer l'oreille lorsqu'il est question de rendre leurs véhicules moins gourmands. C'est pourquoi, affirme Joeri Thijs de la campagne Transport de Greenpeace en Belgique, ils sont co-responsables de catastrophes comme celle de la plate-forme Deepwater Horizon. Pour nous en prémunir, il faut éliminer la nécessité d'entreprendre des forages dans des endroits aussi risqués.»

Réduire de 8% la consommation de pétrole à l'horizon 2030

Dans la foulée de l'action, Greenpeace publie un rapport intitulé "Steering Clear of Oil Disasters" [3]. Ce rapport établit que si l'Union européenne pouvait mettre en place une série de normes ambitieuses pour les émissions de CO2 des voitures et des véhicules utilitaires légers (camionnettes et autres fourgonnettes) [4] et ce, à l'horizon 2030, la consommation globale de pétrole en Europe pourrait diminuer de 8% ou de 13% dans le secteur transport (par rapport à un scénario business as usual).

Ces mesures permettraient de tarir complètement la nécessité d'importer du pétrole extrait dans des zones dangereuses avec un risque environnemental élevé. La réduction de CO2 que l'on pourrait attendre serait - à l'échelon européen - de l'ordre des 186 millions de tonnes. 42 milliards de dollars pourraient ainsi être annuellement épargnés sur nos importations de pétrole brut.

Le secteur des Transports est à la traîne par rapport à l'effort international pour lutter contre le réchauffement planétaire [5]. « Le lobby de l'automobile avance qu'il est difficile d'atteindre les objectifs de réduction de CO2. Or, des avancées technologiques récentes ont démontré que la consommation des véhicules utilitaires légers peut facilement être réduite, conclut Joeri Thijs. » En 2007, plusieurs modèles particulièrement prisés ont présenté des réductions de l'ordre des 10%. Des propositions avancées par la Commission européenne exigeraient une réduction des émissions de CO2 de 14% entre 2007 et 2016.

Greenpeace invite le parlement européen à reconnaître le lien entre l'efficacité des véhicules et la pollution résultant de l'extraction de pétrole en renforçant, en conséquence, les normes de réductions de CO2 pour les véhicules utilitaires légers lors du vote en séance plénière qui aura lieu le 23 novembre prochain. La présidence belge pourrait faire oeuvre utile en orientant les discussions vers l'adoption de normes réellement ambitieuses pour cette catégorie de véhicules.

Rapport (en anglais) et le résumé exécutif (en français) sont disponibles.

 

 

Notes aux rédactions :

[1] Le secteur Transport est responsable pour environ 60% de la consommation totale de pétrole de l'UE, plus de la moitié de cette consommation provient du secteur des voitures et des véhicules utilitaires légers. - DG TREN 2008 European Trends in Energy and Transport: Trends to 2030 – Update 2007.

[2] Renault Laguna Grandtour (133-210g CO2/km), Mercedes GLK 300 (158-251g CO2/km), VW Transporter (199-322g CO2/km)

[3] Le rapport ‘Steering clear of oil disasters. How progressive CO2 emission standards can help to reduce unconventional oil imports to the EU’ a été réalisé pour Greenpeace par Transport and Environmental Policy Research (TEPR), avec Steve Pye Associates. Le rapport est disponible sur www.greenpeace.org/belgium/fr/presse/ ainsi que la traduction française de son résumé exécutif.

[4] Pour les voitures, 2 litres par 100 kilomètres (50g/km) d'ici 2030 et pour les camionnettes 3.5L (88g/ km). Le ministre allemand de l'Environnement, Norbert Röttgen a récemment déclaré qu'à l'horizon 2040, les nouvelles voitures devraient répondre à la norme de 10-35g/km.

[5] Les émissions du secteur Transport ont augmenté de 29% entre 1990 et 2007, torpillant ainsi les efforts réalisés dans d'autres secteurs.