Greenpeace va au tribunal: les ministres brassent de l’air, et pollué en plus !

Communiqué de presse - 26 octobre, 2017
Greenpeace intente une action devant les tribunaux pour exiger des autorités flamandes et wallonnes des mesures réellement représentatives de la pollution atmosphérique. Les ministres compétents recevront prochainement leur citation à comparaître.
  • Dans leurs réponses à la mise en demeure de Greenpeace du 11 septembre, les ministres n’offrent aucune garantie qu’un véritable pas en avant serait fait pour assainir l’air.
  • La Flandre reconnaît le gouffre entre les chiffres officiels et la réalité de la pollution de l’air, mais n’y réagit pas en conséquence.
  • La Wallonie ne voit aucun problème de pollution de l’air alors qu’elle mesure de manière très incomplète l’air de ses villes.
  • Avoir des mesures représentatives de la pollution au dioxyde d’azote est un premier pas primordial pour lutter contre ce problème sanitaire.

Greenpeace a reçu les réponses [1] à la mise en demeure qu’elle a envoyée aux deux gouvernements au sujet de la pollution atmosphérique dans le délai imparti de 30 jours. [2] Néanmoins, l’organisation de défense de l’environnement n’est pas rassurée.

Des mesures non représentatives

C’est pourquoi, la première revendication juridique de Greenpeace est de demander une évaluation correcte de l’ampleur du problème. Les données sur la qualité de l’air actuellement rapportées par la Flandre et la Wallonie à l’Europe sous-estiment la pollution atmosphérique à laquelle de nombreux citoyens sont réellement exposés. Cela est particulièrement vrai  pour les canyons urbains. [3]

“Mesurer, c’est savoir. Pour connaître le vrai impact du dioxyde d’azote sur notre santé, nous avons besoin de mesures plus représentatives de la réalité”, souligne Joeri Thijs, expert en qualité de l’air et mobilité chez Greenpeace.

« Le gouvernement flamand reconnaît bien que le problème de la pollution atmosphérique est plus important que ce que les chiffres officiels laissent penser, mais il n’agit pas en conséquence », complète Joeri Thijs.

En la matière, le gouvernement wallon fait pire encore, puisqu’il ne reconnaît même pas le problème.

« Comme il n’y a pas de dépassement officiel des seuils européens pour le dioxyde d’azote en Wallonie, le ministre Di Antonio fait comme s’il n’y avait aucun problème. Alors même que les cartes de modélisation de la pollution atmosphérique des autorités [4] montrent qu’en Wallonie non plus, les mesures ne sont pas suffisamment représentatives.”, pointe Joeri Thijs. “C’est à peine si ce polluant fait l’objet d’une surveillance dans un environnement urbain à forte circulation. Or dans les villes wallonnes, les citoyens sont bel et bien exposés à des concentrations nocives qui dépassent les seuils européens.”

Les mesures effectuées par Greenpeace dans six villes belges au mois d’octobre prouvent également cet état de fait tant en Flandre qu’en Wallonie. [5]

De la politique “de papier” ou une vraie volonté ?

Dans leur réponse à la mise en demeure, les deux ministres ont affirmé que dans les prochains mois, ils allaient mettre sur le tapis un nouveau plan d’action en faveur de la qualité de l’air.

« Les ministres parlent de très nombreux plans, études et mesures à venir. Mais on n’y arrivera pas avec une simple politique “de papier”. Il faut arrêter de brasser de l’air, montrer une véritable volonté politique et établir des échéances contraignantes  en faveur d’un air plus sain», souligne encore Joeri Thijs.

L’organisation environnementale prépare avec ses avocats la citation à comparaître concernant les mesures non représentatives en Flandre et en Wallonie, et elle s’adressera aux tribunaux compétents. A Bruxelles aussi, un procès est en cours contre le gouvernement régional pour sa politique déficiente sur la pollution de l’air. [6]

Par ailleurs, pour des raisons juridiques, Greenpeace a décidé d’attendre les nouveaux plans des deux gouvernements régionaux en matière de Qualité de l’air avant d’envisager d’autres actions en justice en la matière.

Notes:

[1] Les réponses des deux ministres à notre mise en demeure peuvent être transmises sur simple demande.

[2] Voici notre mise en demeure envoyée aux ministres compétents en la matière, Joke Schauvliege et Carlo Di Antonio.
[3] Les canyons urbains sont des artères relativement étroites bordées de hauts bâtiments, où circule un trafic intense. La pollution atmosphérique y est importante et ils ne sont pourtant pas suffisamment pris en considération dans les réseaux de mesures des deux gouvernements.
[4] Carte de modélisation de Celine, la Cellule interrégionale de l’Environnement .
[5] Voici les résultats des mesures de dioxyde d’azote effectuées par Greenpeace en octobre dans 6 villes belges.
[6] Le procès contre la Région bruxelloise se tiendra le 16 novembre, suite à une plainte de l’association Client Earth et de la plateforme citoyenne Clean Air BXL.