Pas de climate-hero en Flandre : la Belgique ne se hisse pas au sommet de la classe climatique européenne

Le ministre-président Kris Peeters a évoqué une Flandre qui se veut ambitieuse tout en restant attentiste

Communiqué de presse - 19 septembre, 2011
Le ministre-président de la Flandre a répondu au défi lancé par Greenpeace et a évoqué la position de la Flandre en matière de réductions de CO2 et ce, dans le cadre des préparatifs aux négociations sur le climat de Durban. A l'inverse des autres régions du pays, la Flandre ne se ralliera pas sans condition à un objectif européen renforcé. La Belgique ne pourra ainsi probablement pas rejoindre le camp des Etats membres résolument pro-climat. Greenpeace demande à Kris Peeters de revoir sa copie.

Les jours qui nous séparent du 10 octobre seront déterminants pour l'élaboration de la position belge. Au cœur du débat figure le choix stratégique entre le statu quo à – 20% et le renforcement de cet objectif européen à – 30% de CO2 d'ici 2020. Greenpeace avait placé le ministre-président de la Flandre face à ce choix en le présentant comme un apprenti-sorcier dans un film dont le scénario reste à écrire.

Ses « fans » étaient donc venus aux nouvelles ce lundi matin brandissant des pancartes marquées entre autres du slogan  « Be my climate hero ». Kris Peeters a bien répondu à l'invitation de Greenpeace mais pour confirmer la frilosité de la Flandre à l'égard d'un objectif de réductions de C02 renforcé.

« Kris Peeters a parlé d'une Flandre ambitieuse mais qui ne veut pas se donner les moyens de ses ambitions, commente Arnaud Collignon, de la campagne Climat de Greenpeace. La Flandre se range derrière l'argument obsolète d'une Europe qui ne peut – aux dires de son ministre-président - pas prétendre à des ambitions climatiques sans le soutien des autres pays industrialisés.»

« La frilosité du gouvernement flamand à l'égard d'un objectif européen renforcé est d'autant plus étonnante que certaines entreprises flamandes (1) ont déjà marqué leur soutien aux -30%, poursuit Arnaud Collignon. Des économistes flamands ont aussi défendu ce point de vue. »

Une économie verte en plein essor permettrait non seulement de préserver le climat à la hauteur de ce que les scientifiques estiment nécessaire mais aussi de créer de nombreux emplois verts. Six millions d'emplois additionnels pourraient ainsi être créés en Europe si l'objectif des – 30% est acquis. Cette estimation provient d'une étude inter-universitaire qui prévoit également une hausse du taux de croissance annuel moyen de 0,6%  (2).

Par ailleurs, la commission européenne a estimé que l'objectif des – 30% réalisé en interne (d'ici 2020) ferait économiser pas moins de 14,1 milliards d'euros par an à l'Europe des 27. L'économie est réalisée via l'évitement de coûts liés à notre dépendance pétrolière (3).  En évitant un nouvel emballement des changements climatiques, les Etats membres s’épargneraient également bien des coûts notamment en matière de santé publique. Pour la Belgique, ces gains en termes de santé ont été évalués à 900 millions d'euros par an (4).

Si, lors du Conseil des ministres européens de l'Environnement du 10 octobre, la Belgique refuse de s'aligner sur la position progressiste de pays comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne, il faudra en conclure que le ministre-président de la Flandre s'est trompé de formule et que la Flandre n'a pas l'ambition climatique qu'elle a affichée ce matin.


Notes aux rédactions :
(1) Axa a défendu les - 30% lors d'une conférence intitulée "Kan Vlaanderen klimaat en economie verzoenen?", organisée en juin dernier au parlement flamand par Greenpeace et d'autres ONG. D'autres entreprises actives en Flandre dont Alpro et Ikea défendent ce point de vue. Google, Unilever, Danone sont également partisanes d'un objectif européen renforcé. Le point de vue d'Axa est disponible  via le lien : "http://www.greenpeace.org/belgium/Global/belgium/binaries/2011/Conference/20110614 Van Depoele.pdf" \n _blank

(2) L'étude a été réalisée par la Sorbone, l'université d'Oxford et le Potsdam Institute : http://www.newgrowthpath.eu/

(3/) Communication de le Commission européenne : Analyse des  options pour augmenter l'objectif de diminution des émissions de gaz à effet de serre à -20% et des risques de carbone leakage ; 26.05.2010

(4)  http://www.env-health.org/spip.php?rubrique97