Le nucléaire est un problème, pas une solution!

Communiqué de presse - 6 août, 2014
Les négociateurs du gouvernement fédéral envisageraient de revenir sur la loi de sortie du nucléaire en prolongeant de 10 ans la durée de vie des centrales les plus récentes. Sous la dernière législature, les partis de la majorité « papillon » - qui comprenait notamment le MR, le CD&V et l’Open VLD – s’étaient pourtant accordés sur une fermeture des réacteurs belges entre 2015 et 2025. Pour Greenpeace, seul un soutien massif à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables garantira la sécurité d’approvisionnement énergétique en Belgique.

« Si nos dirigeants politiques s’inquiètent réellement des menaces pesant sur notre approvisionnement énergétique suite à l’inactivité forcée de Tihange 2 et Doel 3, ce n’est pas en prolongeant la durée de vie d’autres réacteurs qu’ils solutionneront le problème et éviteront tout black-out à l’avenir », réagit Eloi Glorieux de Greenpeace. « C’est un peu comme si on tentait de combattre l’alcoolisme en buvant plus, ça n’a aucun sens ! Les problèmes d’approvisionnement qui menacent actuellement la Belgique ne découlent pas de la loi sur la sortie du nucléaire, qui était prévue et attendue, mais de réacteurs nucléaires défectueux et vieillissants. »

Après Tihange 2 et Doel 3, c’est un autre réacteur de la centrale flamande, Doel 4, qui a été mis à l’arrêt hier. Une nouvelle piqûre de rappel pour notre pays, dont la surdépendance au nucléaire, illustrée par de vieilles centrales sur notre territoire, affiche à nouveau toutes ses limites. Une surdépendance qui menace notre sécurité d’approvisionnement énergétique [1].

« Vu les potentiels problèmes d’approvisionnement qui pourraient frapper la Belgique cet hiver, le prochain gouvernement fédéral est obligé de prendre des mesures de toute urgence. La remise en service temporaire de centrales au gaz actuellement fermées constitue l’une des solutions », poursuit Eloi Glorieux. « Mais, plus important encore, il est indispensable que le prochain gouvernement fédéral prenne des mesures structurelles, avec une vision à long terme, afin de nous garantir un avenir énergétique durable et fiable. Cela passe par les économies d’énergie pour augmenter l’efficacité énergétique, une mise en place accélérée des énergies renouvelables ainsi qu'un réseau interconnecté étendu avec d’autres pays européens. »

Et la proposition de la N-VA, qui songe à construire un nouveau réacteur en plus de prolonger la durée de vie de nos vieilles centrales ? Complètement absurde pour Greenpeace, qui souligne qu’en Europe occidentale, les deux réacteurs actuellement en construction ont accumulé plusieurs années de retard, leur coût d’origine ayant dès lors quasiment triplé pour surpasser aujourd’hui les 8 milliards d’euros ! Or, la construction de nouvelles centrales ne peut se concrétiser sans aide financière du gouvernement. On le constate par exemple en Angleterre, où les investisseurs n’entrent dans la danse qu’à partir du moment où tel coûteux projet est largement soutenu par l’Etat.

« Notre politique énergétique est à la croisée des chemins. Et nous avons là une occasion unique de faire des choix progressistes et de nous moderniser. Nous incitons le prochain gouvernement fédéral à nous assurer un avenir énergétique durable et abordable en misant pleinement sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables [2]. L’excuse du coût trop élevé n’est plus du tout valable, l’ère des énergies renouvelables jugées trop chères est révolue, nous devons tourner la page du nucléaire », conclut Eloi Glorieux.

Note :

[1] Voir le rapport « Vieillissement des réacteurs : l’Europe au seuil d’une nouvelle ère de risques nucléaires », et son résumé.

[2] Voir l’étude « Notre avenir énergétique », présentée le 30 juin par Bond Beter Leefmilieu, Greenpeace et le WWF, et son résumé.