Dans le cadre de sa campagne contre le glyphosate, une substance toxique que l'on retrouve notamment dans de très célèbres désherbants, comme le Roundup ou Weedol, Greenpeace a proposé une publicité qui a été refusée par plusieurs annonceurs. Est-il donc plus choquant d'utiliser une image forte pour dénoncer une pratique irresponsable que de laisser en vente libre des produits dangeureux pour la santé humaine et l'environnement, comme le fait Brico ?
Aujourd'hui, Het Nieuwsblad a publié une publicité de Greenpeace à l'image interpellante, celle d'un enfant menacé par un désherbant contenant du glyphosate avec ces mots : "Quand Brico arrêtera-t-il de vendre des armes ?" Greenpeace et les nombreux sympathisants qui l'appuient dans cette campagne dénoncent ainsi l'irresponsabilité de la plus grande chaîne de bricolage du pays. En continuant à vendre ces produits alors que le glyphosate a été déclaré comme "probablement cancérigène" par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) et qu'il est nocif à l'environnement, Brico menace directement ses clients et tous les citoyens belges.
"Il est grand temps que Brico, en tant que leader du marché, devienne un exemple pour le reste du secteur, déclare Muriel de Pauw, chargée de la campagne Agriculture chez Greenpeace Belgique. D'autant que la société-soeur de Brico, la Néerlandaise Praxis, a retiré depuis déjà plus d'un an les produits contenant du glyphosate de tous ses magasins. Il y a donc assez d'expertise chez la société-mère, Maxeda, pour effectuer un tel geste salutaire. Brico se déclare sur son site web "un acteur du développement durable", mais sur ce sujet il est complètement passif et ne veut en fait pas bouger d'un iota."
Praxis n'est pas le seul à avoir pris le bon chemin. Dans nos pays voisins, de nombreuses chaînes de magasin de bricolage ont déjà, de leur propre initiative, retiré les produits contenant du glyphosate de leurs rayons. Logique, car il existe bien assez d'alternatives pour les particuliers à ces toxiques pesticides - comme le couteau et la brosse de désherbage ou le pulvérisateur thermique.
Une récente étude publiée dans Environmental Health est venue encore assombrir le tableau du glyphosate. Les scientifiques y concluent que "les estimations légales de la prise quotidienne admissible de glyphosate aux Etats-Unis comme en Europe sont basées sur des connaissances scientifiques dépassées", qu'il faut approfondir les recherches sur les conséquences hormonales du glyphosate chez l'homme et que son utilisation lourde et répétée accroît les problèmes pour l'environnement et le sol, tout en attaquant d'autres organismes que ceux visés.
"Le glyphosate n'est pas aussi inoffensif qu'on nous l'a dit pendant 40 ans, remarque Muriel de Pauw. En menaçant notre santé et notre environnement, c'est notre avenir à tous qu'il menace et celui de nos enfants. C'est ce que nous souhaitions représenter avec notre image. Nous travaillons directement avec les autorités politiques et les agriculteurs, pour développer des solutions. Mais pour que les particuliers soient protégés de ces produits toxiques, les magasins de bricolage ont un rôle prépondérant à jouer. Et, en tant que leader du marché belge, Brico le premier. Qu'il protège donc ses clients ! Et devienne enfin un véritable "acteur du développement durable"."