Action dans le port d'Anvers

Une cargaison suspecte de contre-plaqué indonésien

Communiqué de presse - 19 mars, 2004
Après une arrivée bousculée dans la Manche (1), le MV Greveno, chargé d'une cargaison suspecte de contre-plaqué indonésien (2), est arrivé la semaine passée dans le port d'Anvers. Des militants de Greenpeace en ont - à nouveau - perturbé la navigation avant de s'opposer à son déchargement. Par cette action, Greenpeace entend placer les autorités belges face à leurs responsabilités. Il est urgent de signifier aux pays importateurs que l'Europe ne souhaite plus tremper dans de pareilles malversations.

Des activistes de Greenpeace essaient d'aller au bord du MV Greveno. ©GP/Cobbing

Le voyage agité du GREVENO devrait permettre à la Belgique de jouer un rôle précurseur dans ce dossier. Greenpeace attend, par ailleurs, du secteur belge du bois qu'il fasse preuve de plus de circonspection et interrompe toute activité commerciale avec des entreprises compromises dans des transactions illégales. L'arrivée en Belgique de ce bois rappelle la réalité des menaces qui pèsent sur les forêts indonésiennes et sur la survie d'espèces génétiquement proches de l'homme comme les orangs-outangs.

De nombreux éléments rendent la cargaison du GREVENO suspecte : le bois provient de l'usine de transformation Ariabima Sari (île de Bornéo). Les autorités indonésiennes y ont récemment enregistré de nombreuses irrégularités. L'usine appartient au groupe Korindo qui n'a pas hésité à faire état en 2002 d'un dépassement de 65% de sa capacité de production légalement admise. La réalité du terrain indonésien est telle que la découverte de ces éléments n'a quasi pas été suivie d'effets. On estime que presque 90% des coupes forestières opérées dans cette région du monde sont illégales.

Tant que la Belgique accepte l'entrée sur son territoire de produits manufacturés dans de telles conditions, elle encourage ce mouvement destructeur. Si le secteur belge du bois - au courant des conditions d'abattage en Indonésie - ne se décide pas à s'interroger davantage sur l'origine des produits qu'il importe, il contribue à l'impunité dont bénéficient les acteurs de ce commerce illégal. Ce souci de transparence est d'autant plus nécessaire que l'Indonésie est un des principaux fournisseurs de contre-plaqué sur le marché belge. Greenpeace déplore particulièrement l'absence, à ce jour, de réactions de l'industrie belge du bois.

« Ce point de vue semble amplement partagé par ceux qui, sur le terrain, tentent de s'opposer aux illégalités mais n'en ont pas toujours les moyens, commente Veerle Dossche, responsable de la campagne 'Forêts'. La tolérance observée dans les pays importateurs mine tous les efforts entrepris localement. Jusqu'à quand ce commerce illégal se poursuivra-t-il ?»

Aucune législation européenne n'existe pour l'instant permettant de criminaliser le commerce de bois illégal. Des moyens de lutte (3) sont cependant envisagés pour mettre un terme à cette situation contre laquelle les états membres doivent prioritairement se battre.

Le GREVENO a déchargé une partie de sa cargaison en Grande-Bretagne où les autorités n'ont visiblement pas jugé bon de réagir. Greenpeace espère que les autorités belges feront preuve de plus de discernement et initieront une enquête quant à la provenance du bois. S'il n'en est rien, elles ne respectent tout bonnement pas les dispositions de l'accord gouvernemental de juillet 2003 (4).

Notes

1) cf. le communiqué diffusé ce 18 mars 2004, relatif à l'arrivé du GREVENO dans le port de Tilbury, disponible sur ce site.

2) Un document détaille les éléments rendant la cargaison du GREVENO suspecte. Parmi ces éléments, la proximité de l'usine du parc national de Tajung Puting, considéré par les Nations unies comme une réserve de biosphère. La survie de nombreuses espèces dont les orangs-outangs dépend du maintien de cette réserve de biodiversité.

3) Cf. processus FLEGT pour lequel la Commission doit faire des propositions en juin 2004

4) L'accord gouvernemental de juillet 2003 prévoit de fermer le marché belge au bois illégal.

Thèmes