Greenpeace interpelle les milliers de Belges susceptibles d'être évacués en cas d'accident nucléaire

Communiqué de presse - 5 mars, 2012
A quelques jours du 1er anniversaire de la catastrophe de Fukushima, Greenpeace mène une action à Liège, une ville située dans la zone des 30 km autour de la centrale nucléaire de Tihange (Huy) et dès lors susceptible d'être évacuée. Fukushima a démontré entre autres les limites des plans d'évacuation. Pour éviter d'avoir un jour à les appliquer, le secrétaire dÉtat à l'Énergie, Melchior Wathelet doit respecter le calendrier de sortie du nucléaire.

Une banderole géante a été déployée sur le toit de la gare de Liège-Guillemins rappelant que «Ça n'arrive pas qu'aux autres...» ainsi que des panneaux stipulant «Évacuation voies 1 à 9». Aux abords de Fukushima, quelque 150 000 personnes ont été évacuées dans des conditions parfois proches du chaos. Le rapport Lessons from Fukushima récemment publié par Greenpeace s'attarde sur les circonstances parfois chaotiques dans lesquelles ces personnes ont été évacuées. 1)

«Le problème s'est posé notamment dans les hôpitaux de Fukushima City, le personnel médical a quitté la zone laissant derrière lui des personnes fragilisées, alitées et incapables de se nourrir. Que se passera-t-il si un accident devait arriver à Tihange ? Comment va-t-on faire face ? », commente Joëlle Hérin de la campagne Énergie de Greenpeace.

La Belgique compte sept réacteurs nucléaires situés dans des zones particulièrement denses comme Liège ou Anvers. Une catastrophe nucléaire à Tihange impliquerait l'évacuation obligatoire de près de 500.000 personnes (zone de 0 à 20 km autour de la centrale de Tihange) et l’évacuation conseillée de près de 850.000 personnes (zone de 20 à 30 km). Mais qu'en sera-t-il des 25 hôpitaux répertoriés dans la zone des 30 km autour de Tihange ? 2) L'expérience dramatique de Fukushima a démontré les limites de cette conception des plans d'évacuation en zones concentriques.

Respecter le calendrier de sortie
Pour faire efficacement face au risque nucléaire, il faut en supprimer la cause en respectant le calendrier de sortie établi dans la loi de 2003. « La capacité de remplacement est acquise. Par ailleurs, il est possible d'éviter la consommation de 4 TWh d'électricité via des politiques d'économies d'énergie, rappelle Joëlle Hérin. Cela correspond à 5% de notre consommation et à plus de la production annuelle d'un des trois réacteurs à fermer d'ici 2015.»

Responsabilité ministérielle
Le secrétaire d'État à l'Énergie, Melchior Wathelet a la responsabilité d'élaborer le plan d'équipement qui permettra à la Belgique de respecter le calendrier de sortie. L'action de ce jour vise à lui rappeler qu'il n'est pas admissible que l'industrie nucléaire continue à imposer aux populations le poids sociétal d'un risque incontrôlable. Une catastrophe nucléaire à Tihange se solderait immanquablement par un désastre économique dans une région où la sidérurgie lutte pour son maintien.

Action à Anvers
Une action similaire a été menée à Anvers, une ville qui se situe dans la zone des 20 km autour de la centrale nucléaire de Doel. La centrale est limitrophe au port d'Anvers. Un accident nucléaire dans cette zone mettrait en danger le second port européen et le premier complexe de pétrochimie au monde. Le risque nucléaire se décline en risque environnemental, humain mais aussi économique.

 

Notes aux rédactions :

1) Un rapport consacré aux leçons à tirer de la catastrophe de Fukushima (11 mars 2011) évoque par ailleurs la probabilité d'une catastrophe nucléaire majeure tous les 10 ans. Ce rapport intitulé Lessons from Fukushima questionne la faisabilité des plans d'évacuation en cercles concentriques de 10-20 ou 30 km.

Consultable sur www.nuclearfreebelgium.be

2) Un document rédigé par Greenpeace établit un parallèle entre la situation déplorée à Fukushima et la Belgique. Consultable sur www.nuclearfreebelgium.be. Une carte situant les zones de 20 et 30 km autour de Tihange est également disponible sur ce site.

3) Le bureau d'études Climact a publié à la demande de Greenpeace un rapport consacré au potentiel d'économies d'énergie.

Consultable sur www.nuclearfreebelgium.be