Greenpeace dénonce une production électrique dépassée à l’ère « Kyoto »

Communiqué de presse - 23 octobre, 2006
Greenpeace a entamé ce matin une action de protestation à la centrale au charbon de Ruien (Renaix). L'association de défense de l'environnement entend démontrer qu’il est absurde de produire de l’électricité au départ de charbon tout en prétendant lutter contre les changements climatiques. La présence d’une vingtaine de militants sur le site s'explique par la nécessité de rappeler que cette technologie obsolète contribue à 10% de nos émissions totales de CO2 (1). Greenpeace espère que les responsables politiques comprendront enfin qu’il faut fermer les sept centrales au charbon belges. On ne peut pas protéger le climat sans opter pour des énergies propres et renouvelables et œuvrer à une meilleure maîtrise de la demande en électricité.

Action de protestation à la centrale au charbon de Ruien (Renaix). Greenpeace entend démontrer qu’il est absurde de produire de l’électricité au départ de charbon tout en prétendant lutter contre les changements climatiques. La présence d’une bonne vingtaine de militants sur le site s'explique par la nécessité de rappeler que cette technologie obsolète contribue à 10% de nos émissions totales de CO2

La Belgique compte sept centrales au charbon historiques. Toutes appartiennent à Electrabel. Outre Ruien, trois centrales au charbon sont implantées en Flandre : Mol, Rodenhuize et Langerlo, et trois en Wallonie : Amercœur, Awirs et Monceau. Selon les derniers chiffres disponibles (2001), ces centrales émettent annuellement 12.800.000 tonnes de CO2 (2).

En 2005, la centrale au charbon de Ruien a produit à elle seule 2,7 millions de tonnes de CO2 pour une production électrique équivalant à 4% de la production belge à peine... Dans cette centrale, Electrabel combine la combustion polluante de charbon (3) avec la combustion de déchets organiques (pulpe d'olive, copeaux ou sciure de bois) et voudrait faire passer cette infrastructure pour une centrale 'écologique'. A Ruien, les résidus organiques représentent uniquement 2% des combustibles utilisés. Ruien n'est pas une exception. Dans la plupart de ses centrales au charbon du même type, Electrabel combine la combustion de charbon et de résidus organiques pour leur éviter d'être déclassées en raison de leurs émissions de CO2.

« La combustion de charbon et de biomasse dans des centrales classiques pose deux types de problèmes, commente Jean-François Fauconnier de la campagne 'Energie' de Greenpeace. D'une part, Electrabel profite de la législation en vigueur pour obtenir des certificats verts (4) et prolonger la durée de vie de centrales qui, à l'ère « Kyoto », seraient condamnées. Cette manière de produire de l'électricité constitue d'autre part un énorme gaspillage de matière organique. A Ruien, les résidus de bois sont brûlés avec un rendement d'à peine 35%. Cette biomasse, utilisée dans une nouvelle centrale à cogénération, pourrait être valorisée avec un rendement allant jusqu'à 85% (5) »

En juin 2006, Greenpeace a remis aux ministres de l'Environnement et de l'Energie (échelons fédéral et régional), un scénario énergétique permettant de fermer les centrales au charbon et les réacteurs nucléaires en maîtrisant la demande et en ayant massivement recours aux énergies renouvelables. (6).

«Une production basée sur la combustion du charbon est dépassée et n'a plus de raison d'être. En réalité, elle freine l'essor de technologies propres et renouvelables et est donc complètement contre productive. Avec notre étude, nous avons démontré qu'il est possible de fermer graduellement les centrales au charbon belges. Nous attendons qu'une décision politique soit prise en ce sens, conclut Wendel Trio, directeur des campagnes de Greenpeace.»

Par ailleurs, Greenpeace vient de lancer un Guide des fournisseurs d'électricité qui permet aux ménages de profiter de la libéralisation du marché pour stimuler l'essor des énergies vertes (éolien, solaire, biomasse …) qui contrairement aux énergies fossiles (charbon ou pétrole) et au nucléaire, n'hypothèquent pas l'avenir de la planète. L'engouement suscité par la parution de ce guide conforte l'organisation de défense de l'environnement dans sa volonté de voir la Belgique produire son électricité beaucoup plus proprement.

Guide et classement des fournisseurs d'énergie disponible sur http://www.greenpeace.org/electriciteverte

Le guide sera distribué à Renaix, pendant la durée de l'action .

 

Notes:

1) Données disponibles pour 2001 et valables tous secteurs confondus (électricité, transport, industrie et chauffage). Sources : European pollutant emission register, http://www.eper.cec.eu.int/.

2) Id.

3) Le charbon est le combustible fossile dont l’intensité en carbone est la plus élevée. Par unité d’énergie produite, les centrales à charbon émettent deux fois plus de CO2 que les centrales au gaz.

4) Le décret de la Région flamande sur l’organisation du marché de l’électricité du 17 juin 2000 impose à l’ensemble des fournisseurs d’électricité de présenter chaque année une quantité déterminée de certificats verts. Il s’agit de certificats garantissant que l’électricité est bien produite au départ de sources énergétiques renouvelables. Le décret vise la fourniture de 1,2% d’électricité produite de cette manière en 2003 et 6% en 2010. L’obtention de certificats verts pour la combustion conjointe de charbon et de résidus organiques est limitée à la Flandre. En Wallonie, Electrabel a transformé complètement une des unités de la centrale des Awirs afin d’y brûler exclusivement des déchets de bois. Electrabel peut ainsi utiliser les certificats obtenus pour remplir son quota ou les revendre sur le marché.

5) www.cogenvlaanderen.be

6) Scénario énergétique et résumé exécutif (en français) disponibles via le lien: http://www.greenpeace.org/belgium/fr/press/reports/energie-resume. Les ministres responsables sont : Bruno Tobback et Marc Verwilghen pour le fédéral, Benoît Lutgen et André Antoine pour la Région wallonne, Kris Peeters pour la Flandre et Evelyne Huytebroeck pour la Région bruxelloise.