Contamination génétique découverte dans de la farine à pain

Greenpeace détecte des graines de lin OGM en Belgique, quatre mois après une 1ère alerte à la contamination lancée par l'UE

Communiqué de presse - 2 février, 2010
18 produits contenant des graines de lin ont été testés par un laboratoire spécialisé pour le compte de Greenpeace. La présence de graines de lin transgénique illégales a été découverte dans un paquet de farine All-In Mix Pain Foncé 9 Céréales de Soubry, acheté fin décembre chez Delhaize. Les graines de lin transgénique ne sont pas autorisées en Europe, ni à la culture, ni à l'importation. Greenpeace a informé Soubry et Delhaize de la contamination détectée et attend que les produits contaminés soient retirés des rayons. Des mesures doivent être prises pour que les consommateurs ne soient plus contraints de consommer des OGM (organismes génétiquement modifiés) à leur insu. Une contamination génétique similaire a été attestée dans une bonne dizaine de pays européens.

Les graines de lin entrent dans la composition de pains multi-céréales, biscuits et muesli...  Prisées pour leur teneur en Oméga 3 et leur action bénéfique pour l'organisme, elles  sont synonymes de bien-être et d'alimentation de qualité. Pour de nombreux consommateurs, un aliment de qualité suppose une production non-OGM. Or, cette garantie ne semble plus exister pour les graines de lin.

« La présence de graines de lin transgénique illégales dans des mélanges pour pain indique que les consommateurs sont toujours pris comme cobayes », commente Jonas Hulsens, de la campagne Agriculture durable de Greenpeace. « Une fois disséminés dans l'environnement et la chaîne alimentaire, les OGM deviennent incontrôlables. La seule manière d'éviter la contamination génétique est d'éviter les cultures transgéniques. »

Le lin transgénique détecté (FP967/CDC Triffid) a été génétiquement modifié afin de résister à un herbicide et contient trois gènes résistants aux antibiotiques. La législation européenne interdit l'utilisation de ce type de gènes depuis 2004. Cet OGM provient du Canada - où il n'est officiellement plus cultivé depuis 2001 - et n'a jamais été autorisé dans l'Union européenne.

Un premier avertissement a été donné en septembre 2009 par l'Allemagne via le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux de l'Union européenne (RASFF). Des échantillons contaminés ont par la suite été localisés dans une dizaine d'Etats membres dont la France, le Grand-Duché du Luxembourg, les Pays-Bas et la Belgique (1).

Malgré les initiatives prises par les autorités belges, Greenpeace a constaté que 4 mois après les premières alertes, la présence de produits contaminés dans les supermarchés se vérifie toujours et ce, sans que le consommateur ne soupçonne même le problème.

« Que l'on détecte, en 2010, dans des produits alimentaires, un OGM qui n'est officiellement plus cultivé dans son pays d'origine depuis 2001 illustre parfaitement l'impossibilité de contrôler ces organismes uniquement conçus pour répondre aux besoins de l'agriculture industrielle », poursuit Jonas Hulsens. « C'est d'autant plus scandaleux que l'Union européenne n'a jamais testé ni approuvé cet OGM. Aucune demande n'a jamais été introduite pour en autoriser l'importation. Nous sommes en présence d'ingrédients illégaux. »

La contamination démontre également comment les filières conventionnelles et bio payent injustement les pots cassés des cultures transgéniques. Soubry et Delhaize sont  - au même titre que les consommateurs - 'victimes' du caractère incontrôlable des OGM 2).

En 2008, 80% du lin canadien a été acheminé vers l'Union européenne.  La Belgique est la plaque tournante du commerce des graines de lin pour l'Europe. Il  n'est pas clair depuis quand cette contamination génétique est en cours.

Greenpeace a directement informé Soubry et Delhaize de la contamination détectée et attend à présent des autorités responsables que des mesures adéquates soient prises. Ces mesures passent dans un premier temps par le retrait des rayons des produits contaminés et par plus d'analyses. Par la suite, la Belgique doit refuser toute autorisation d'OGM au sein de l'Union européenne.

Notes: 1) Le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux de l'Union européenne (RASFF) a mis en évidence des cas de contamination en Allemagne, Pologne, Suisse, Belgique, Hongrie, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Luxembourg, Suède et Royaume-Uni. La contamination aurait également été détectée en France, Espagne, Grèce, Italie, Finlande, Estonie, Danemark, République tchèque, Autriche et Norvège. Mais aussi dans d'autres régions du monde comme la Thaïlande, la Corée, le Sri Lanka ou encore l'Islande...2) On parle de contamination génétique lorsque des semences, des plantes ou des aliments destinés à l'homme ou au bétail contiennent de manière involontaire du matériel génétique provenant d'un organisme génétiquement modifié (OGM). La contamination peut résulter du mélange de semences (transport, stockage ou lors de la transformation), d'une pollinisation croisée dans la nature.

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