Greenpeace invite l'Union européenne à stopper les importations de bois illégal

Cinquante militants dénoncent l'utilisation de bois suspect dans des bâtiments bruxellois de l'Union européenne

Communiqué de presse - 11 mai, 2004
Greenpeace attend un effort de clarté de la part de l'Union européenne (UE). L'Union européenne s'attelle, d'une part, à l'élaboration de plans de lutte contre les abattages de bois illégaux et utilise, d'autre part, du bois suspect pour ses propres besoins. C'est en effet ce qu'il ressort d'une enquête menée ces derniers mois par Greenpeace dans des bâtiments bruxellois de l'UE. Dans le bâtiment Belliard (1), Greenpeace a découvert du multiplex indonésien produit par différentes sociétés réputées pour se fournir en bois abattu de manière illégale et destructive.

Bruxelles dénonce l'utilisation de bois suspect par l'Union européenne

Les forêts indonésiennes sont les plus dévastées au monde. Depuis quelques années, on y détruit annuellement une superficie boisée équivalente à celle de la Belgique. L'Union européenne doit faire en sorte que le bois abattu illégalement ne puisse plus aboutir sur le marché. Il est temps que sa politique d'achats 'verts' se concrétise dans les faits. Autorités et organismes officiels ne devraient que se fournir en bois certifié.

Greenpeace a taxé aujourd'hui le bâtiment bruxellois de la rue Belliard de "lieu du crime forestier" après avoir découvert dans le chantier de rénovation du multiplex indonésien, provenant de sociétés dont on sait pertinemment qu'elles achètent du bois abattu de manière illégale et destructrice. Des bénévoles de l'association de défense de l'environnement ont tenté de condamner certaines entrées du bâtiment avec du bois certifié FSC (2), tandis que d'autres militants escaladaient la façade du bâtiment pour y déployer un calicot portant la mention : 'EU Forest Crime' en 'EU: Stop Illegal Timber Imports'. (NDLR : Crime forestier perpétré par l'UE - Il faut arrêter les importations de bois illégal)

Le multiplex utilisé dans le bâtiment Belliard provient entre autres de la société AFR qui se fournit en bois abattu illégalement dans une réserve de tigres. Dans le même bâtiment, les enquêteurs de Greenpeace ont trouvé du multiplex renvoyant à la société RSK. Selon les dernières informations disponibles, cette société a produit le double de ce qui était légalement admis. Ce bois est utilisé, dans le cadre de la rénovation du Belliard, entre autres pour les sols et la confection de panneaux muraux.

Greenpeace a également enquêté dans l'enceinte du Berlaymont. Des quantités considérables de bois ont été utilisées pour rénover ce bâtiment. Une partie importante de ce bois proviennent de sources gérées de manière responsable (3) mais les enquêteurs de Greenpeace y ont également trouvé du multiplex suspect. Ce bois provient entre autres des firmes AFR et Korindo. Korindo a été, l'an dernier, inspectée par le gouvernement indonésien.

Lors de l'inspection des grumes illégales ont été découvertes. Selon différents documents, il apparaît que Korindo produit plus que la quantité légalement autorisée. On parle d'une surproduction de 65%.

Partout dans le monde, l'abattage illégal de bois constitue une des plus grandes menaces pesant sur les forêts anciennes. Ces pratiques compromettent l'évolution de l'industrie du bois vers une industrie responsable. Le commerce de bois illégal s'accompagne très souvent de faits de corruption, de conflits sociaux et des violations des droits de l'homme. En Indonésie, 90% des abattages seraient illégaux. Afin d'alimenter le commerce du bois, il est fréquent d'abattre des arbres dans des parcs nationaux ou des aires protégées.

Après des années de discussions, le Conseil des ministres de l'Union européenne a adopté en octobre 2003 un plan d'action (4) comprenant une série de mesures visant à lutter contre le commerce de bois illégal. Des suggestions sont formulées dans ce plan pour une nouvelle législation relative aux importations de bois illégal. Ces nouvelles dispositions légales devraient rendre 'illégal' le commerce de bois illégal. Malgré cela, ce sont des accords volontaires qui sont envisagés avec des pays producteurs.

"Si l'Union européenne prétend effectivement mettre un terme à la destruction des forêts anciennes, elle devrait viser plus loin qu'à l'élaboration de ces accords volontaires, commente Veerle Dossche de Greenpeace. Ces accords ne seront jamais signés par l'ensemble des pays producteurs. Il ne sera donc jamais possible d'éviter l'entrée de quantités importantes de bois abattu illégalement sur nos marchés. Une nouvelle législation est nécessaire. Elle doit interdire les importations de bois illégal. Vu la situation dans les dernières forêts anciennes, sa mise en œuvre est urgente."

Le plan d'action fait également allusion aux adjudications publiques. Il est dès lors inacceptable que l'Union européenne continue à alimenter par le biais des achats destinés à ses travaux de rénovation le commerce de bois abattu illégalement et de manière destructrice. L'UE doit - au même titre que ses états membres - enfin s'atteler à la création d'une VERITABLE politique d'achats verts. L'Union européenne ne peut pas se permettre d'exiger de ces états membres des efforts pour lutter contre le commerce de bois illégal si elle ne commence par balayer devant sa propre porte en s'intéressant à l'origine du bois utilisé pour ses travaux de rénovation. L'Europe est un des principaux importateur de bois indonésien. Si rien n'est entrepris, le commerce de bois illégal finira par rayer définitivement les forêts indonésiennes de la carte du monde.

Pour en savoir plus:

Plus d'information sur le massacre des forêts indonésiennes

Notes: Notes aux rédactions:(1) Le bâtiment Belliard abrite le nouveau siège du Comité économique et social européen (ESC) ainsi que le Comité des régions (CoR). Le bâtiment est une propriété de Cofinimmo et sera mis en leasing pour les comités précités. Ce leasing s'accompagne d'une option d'achat. (2) La certification FSC (Forest Stewardship Council) est internationale et indépendante. De nombreux états, institutions et entreprises la soutienne ainsi que de nombreuses associations de défense des peuples autochtones. A ce jour, la certification FSC est la seule garantie internationale bénéficiant du support des associations de défense de l'environnement. (3) Le contrat de rénovation du Berlaymont prévoit une clause stipulant que tout le matériel doit être 'certifié et provenir de sources renouvelables et écologiquement responsable. Du bois FSC a été utilisé pour une partie des travaux de rénovation. (4) FLEGT Forest Law Enforcement, Governance and Trade (Législation, gestion et commerce)

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