Nucléaire : risques de haut vol...

Communiqué de presse - 1 juillet, 2009
Huy, le 1er juillet 2009 : un parapente motorisé a pris son envol ce matin, non loin de la centrale nucléaire de Tihange, déployant une banderole marquée de l'interrogation « Want to risk it? ». 4.000 ballons biodégradables ont ensuite été lâchés pour évoquer la formation d'un nuage radioactif consécutif à un accident nucléaire grave. Un lâcher de ballons similaire a été organisé à Doel (Anvers). La fermeture des réacteurs constitue la meilleure assurance possible contre les risques nucléaires, aujourd'hui imparfaitement couverts.

Tous les risques liés au nucléaire ne sont pas aussi improbables que ne le clame Electrabel. « La présence d'un parapente à Tihange, commente Jan Vande Putte de la campagne Climat/Energie de Greenpeace, illustre un type de risque. Les ballons évoquent la dispersion radioactive qui pourrait résulter d'un accident grave au niveau d'un réacteur mais il ne faut pas oublier que la vétusté des centrales ne fait qu'augmenter ce facteur « risques ». Certains réacteurs belges seront, en effet, maintenus en service dix ans de plus que la durée de vie initialement prévue...

La cartographie de la dispersion radioactive consécutive à un accident nucléaire grave à Tihange ou à Doel, réalisée avec l'Université de Vienne, permet de prendre conscience de l'ampleur de ce risque que l'industrie nucléaire cherche à minimiser. Les ballons sont munis de cartes postales aiguillant la population vers le site www.no-nukes-no-nukes-sorry.be où l'ensemble de la simulation est consultable. 1)

Greenpeace rappelle par cette action symbolique et sans conséquences pour la population qu'Electrabel continue à bénéficier de « subsides indirects » pour son énergie. Le plafond de 300 millions d'€ admis pour la couverture de ses centrales est anormalement bas. Si le coût d'une couverture plus conforme aux risques liés au nucléaire devait lui être imposé et intégré au prix de l'électricité, le nucléaire ne serait financièrement plus compétitif. « Cette distorsion de la concurrence n'est plus admissible dans un marché libéralisé. Un terme doit être mis à ce régime de faveur dont les énergies renouvelables n'ont pas bénéficié, argumente Jan Vande Putte. » 2)

En matière de risques nucléaires, il semble évident que la meilleure façon de nous prémunir est d'anticiper la sortie du nucléaire. Des investissements massifs dans le secteur de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables sont nécessaires pour l'accélérer et la réussir. « C'est la responsabilité des décideurs politiques de créer les conditions pour rendre cette sortie  - inscrite dans la loi entre 2015 et 2025 - possible. Mettre un terme aux privilèges d'Electrabel est une manière de le faire et de dégager des fonds pour doter la Belgique d'un approvisionnement énergétique suffisant et ne présentant pas les risques liés au nucléaire. » 3) Greenpeace a consulté différents juristes et rédigé une proposition de loi intitulée « taxe sur les risques nucléaires » qui offre des pistes - via le fonds Kyoto - pour investir dans l'efficacité énergétique et les renouvelables. Par ailleurs, une capacité de remplacement se met en place en Belgique. 4)

Un sondage Ipsos, commandé par Greenpeace a permis d'établir que 3 Belges sur 4 sont prêts à entrer dans l'ère des renouvelables 5). La balle est clairement dans le camp des politiques. Qui voudrait prendre des risques aussi importants, mal assurés et parfaitement évitables ? Il n'est aujourd'hui plus possible de s'en tirer avec un « Sorry, on n'y a pas pensé ».

 

Plus d'informations

www.no-nukes-no-sorry.be

Ce site donne accès aux cartes de dispersion radioactive pour Doel 1 et Tihange 1, deux des réacteurs qui doivent être légalement  fermés en 2015. La loi sur la sortie du nucléaire prévoit la sortie des réacteurs restants en 2025.

Notes aux rédactions :

1) http:// www.no-nukes-no-sorry.be

Il ressort de cette simulation réalisée avec l'Université de Vienne que : selon la direction des vents, la dispersion se ferait à l'intérieur et hors des frontières belges; en Europe, des zones d'une superficie équivalente à la Belgique pourraient être déclarées inhabitables pour plusieurs décennies (couleur 'rose' utilisée sur les cartes); les Pays-Bas et l'Allemagne sont particulièrement concernés par cette dispersion. La dispersion s'observerait jusqu'en Hongrie; en Belgique, les villes de Liège et de Namur seront particulièrement exposées en cas d'accident grave à Tihange, mais Bruxelles et Anvers pourraient aussi être déclarées inhabitables; outre Anvers, un accident grave à Doel pourrait se solder par l'évacuation de Gand, Namur, Liège et Bruxelles.

2) Des études réalisées à l'étranger révèlent que le coût externe des risques non assurés dans le cas d'une catastrophe nucléaire peut être estimé à 50 €/MWh, ce qui correspond plus ou moins aujourd'hui au prix de gros de l'électricité sur le marché.

3) L'avantage exorbitant d'Electrabel nous rappelle un autre bénéfice tout aussi important, les bénéfices illégitimes, aussi appelés « windfall profits », consécutifs à un amortissement  accéléré des centrales nucléaires. Pendant 30 ans, le consommateur belge a payé très cher son électricité pour financer les très onéreuses centrales nucléaires. Mais au moment de la  libéralisation du marché de l'électricité, cela n'a pas été corrigé. En réalité, le consommateur paie deux fois pour les centrales nucléaires. Ces bénéfices illégitimes sont évalués à au moins un milliard d'euros par an, ce qui est du même ordre de grandeur que les subsides     pour les risques non assurés. Le texte de loi proposé par Greenpeace peut être utilisé comme instrument     juridique pour récupérer effectivement et complètement ces bénéfices indus.

4) Elia, le gestionnaire du réseau répertorie les nouvelles capacités de production, bientôt disponibles en Belgique : 

http://www.elia.be/repository/pages/cf8194b2a73246eaacf47c2db686d73d.aspx

5) Sondage Ipsos/Greenpeace : http://www.greenpeace.org/belgium/fr/news/survey_ipsos