Tous les risques liés au nucléaire ne sont pas aussi improbables
que ne le clame Electrabel. « La présence d'un parapente à Tihange,
commente Jan Vande Putte de la campagne Climat/Energie de
Greenpeace, illustre un type de risque. Les ballons évoquent la
dispersion radioactive qui pourrait résulter d'un accident grave au
niveau d'un réacteur mais il ne faut pas oublier que la vétusté des
centrales ne fait qu'augmenter ce facteur « risques ». Certains
réacteurs belges seront, en effet, maintenus en service dix ans de
plus que la durée de vie initialement prévue...
La cartographie
de la dispersion radioactive consécutive à un accident nucléaire
grave à Tihange ou à Doel, réalisée avec l'Université de Vienne,
permet de prendre conscience de l'ampleur de ce risque que
l'industrie nucléaire cherche à minimiser. Les ballons sont munis
de cartes postales aiguillant la population vers le site
www.no-nukes-no-nukes-sorry.be où l'ensemble de la simulation est
consultable. 1)
Greenpeace rappelle par cette action symbolique et sans
conséquences pour la population qu'Electrabel continue à bénéficier
de « subsides indirects » pour son énergie. Le plafond de 300
millions d'€ admis pour la couverture de ses centrales est
anormalement bas. Si le coût d'une couverture plus conforme aux
risques liés au nucléaire devait lui être imposé et intégré au prix
de l'électricité, le nucléaire ne serait financièrement plus
compétitif. « Cette distorsion de la concurrence n'est plus
admissible dans un marché libéralisé. Un terme doit être mis à ce
régime de faveur dont les énergies renouvelables n'ont pas
bénéficié, argumente Jan Vande Putte. » 2)
En matière de risques nucléaires, il semble évident que la
meilleure façon de nous prémunir est d'anticiper la sortie du
nucléaire. Des investissements massifs dans le secteur de
l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables sont
nécessaires pour l'accélérer et la réussir. « C'est la
responsabilité des décideurs politiques de créer les conditions
pour rendre cette sortie - inscrite dans la loi entre 2015 et 2025
- possible. Mettre un terme aux privilèges d'Electrabel est une
manière de le faire et de dégager des fonds pour doter la Belgique
d'un approvisionnement énergétique suffisant et ne présentant pas
les risques liés au nucléaire. » 3) Greenpeace a consulté
différents juristes et rédigé une proposition de loi intitulée «
taxe sur les risques nucléaires » qui offre des pistes - via le
fonds Kyoto - pour investir dans l'efficacité énergétique et les
renouvelables. Par ailleurs, une capacité de remplacement se met en
place en Belgique. 4)
Un sondage
Ipsos, commandé par Greenpeace a permis d'établir que 3 Belges
sur 4 sont prêts à entrer dans l'ère des renouvelables 5). La balle
est clairement dans le camp des politiques. Qui voudrait prendre
des risques aussi importants, mal assurés et parfaitement évitables
? Il n'est aujourd'hui plus possible de s'en tirer avec un « Sorry,
on n'y a pas pensé ».
Plus d'informations
www.no-nukes-no-sorry.be
Ce site donne accès aux cartes de dispersion radioactive pour
Doel 1 et Tihange 1, deux des réacteurs qui doivent être
légalement fermés en 2015. La loi sur la sortie du nucléaire
prévoit la sortie des réacteurs restants en 2025.
Notes aux rédactions :
1) http://
www.no-nukes-no-sorry.be
Il ressort de cette simulation réalisée avec l'Université de
Vienne que : selon la direction des vents, la dispersion se ferait
à l'intérieur et hors des frontières belges; en Europe, des zones
d'une superficie équivalente à la Belgique pourraient être
déclarées inhabitables pour plusieurs décennies (couleur 'rose'
utilisée sur les cartes); les Pays-Bas et l'Allemagne sont
particulièrement concernés par cette dispersion. La dispersion
s'observerait jusqu'en Hongrie; en Belgique, les villes de Liège et
de Namur seront particulièrement exposées en cas d'accident grave à
Tihange, mais Bruxelles et Anvers pourraient aussi être déclarées
inhabitables; outre Anvers, un accident grave à Doel pourrait se
solder par l'évacuation de Gand, Namur, Liège et Bruxelles.
2) Des études réalisées à l'étranger révèlent que le coût
externe des risques non assurés dans le cas d'une catastrophe
nucléaire peut être estimé à 50 €/MWh, ce qui correspond plus ou
moins aujourd'hui au prix de gros de l'électricité sur le
marché.
3) L'avantage exorbitant d'Electrabel nous rappelle un autre
bénéfice tout aussi important, les bénéfices illégitimes, aussi
appelés « windfall profits », consécutifs à un amortissement
accéléré des centrales nucléaires. Pendant 30 ans, le consommateur
belge a payé très cher son électricité pour financer les très
onéreuses centrales nucléaires. Mais au moment de la
libéralisation du marché de l'électricité, cela n'a pas été
corrigé. En réalité, le consommateur paie deux fois pour les
centrales nucléaires. Ces bénéfices illégitimes sont évalués à au
moins un milliard d'euros par an, ce qui est du même ordre de
grandeur que les subsides pour les risques non assurés. Le
texte de loi proposé par Greenpeace peut être utilisé comme
instrument juridique pour récupérer effectivement et
complètement ces bénéfices indus.
4) Elia, le gestionnaire du réseau répertorie les nouvelles
capacités de production, bientôt disponibles en Belgique :
http://www.elia.be/repository/pages/cf8194b2a73246eaacf47c2db686d73d.aspx
5) Sondage Ipsos/Greenpeace : http://www.greenpeace.org/belgium/fr/news/survey_ipsos