L'industrie belge du bois intervient dans la destruction des forêts d'Indonésie

Communiqué de presse - 4 juin, 2003
Greenpeace lance aujourd'hui un rapport évoquant le rôle actif que joue l'industrie du bois européenne dans la destruction de ce qui reste des forêts tropicales d'Indonésie. Greenpeace appelle l'Union européenne à instaurer de nouvelles lois permettant d'interdire l'importation de bois abattu illégalement Les autorités belges et l'industrie belge du bois doivent également assumer leur part de responsabilités.

Ces derrières années, des milliers de km2 de forêt tropicale en Indonésie ont été endommagés des suites d'activités forestières illégales. Ces pratiques constituent un manque à gagner important pour les autorités locales. La perte sur les taxes non perçues représente annuellement plusieurs millions de dollars. Le pillage des forêts indonésiennes encourage la corruption, les conflits sociaux et les atteintes aux droits de l'homme. Des experts de la banque mondiale prévoient que les forêts des plaines de Sumatra et de Kalimantan pourraient bel et bien avoir disparu de la carte respectivement en 2005 et 2010. Le tigre de Sumatra, le rhinocéros de Sumatra et l'orang-outang sont menacés d'extinction.

En Belgique, le consommateur ignore généralement lorsqu'il achète du bois provenant d'Indonésie comme le meranti, le merbau ou le Bangkirai - autant d'essences fort prisées par la construction de châssis, portes ou terrasses etc - qu'il s'agit du fruit d'une exploitation illégale débouchant sur la destruction des forêts tropicales et alimentant de nombreux conflits sociaux. Qui plus est, la provenance exacte du bois n'est pas toujours totalement connue des marchands de bois belges.

Un plan d'action indigne de ce nom

Le rapport que Greenpeace publie aujourd'hui constitue une première réaction au plan d'action européen contre l'abattage illégal, plan qu'il faut malheureusement qualifier de faible. Greenpeace demande à l'Union européenne d'instaurer une interdiction d'importation pour le bois de provenance illicite. Monsieur Muhammed Prakosa, ministre indonésien, responsable des forêts, a récemment évoqué l'hypocrisie des pays importateurs. Attitude qui consiste à définir des mesures visant à combattre les illégalités dans les pays producteurs tout en tolérant du bois abattu illégalement dans les pays exportateurs. Le ministre Indonésien estime que l'industrie européenne du bois porte sa part de responsabilité dans ces crimes (2).

Le rapport Partners in crime: a Greenpeace investigation of the links between the UK and Indonesia´s timber barons (une enquête de Greenpeace sur le existant entre la Grande-Bretagne et les barons indonésiens du bois) a été rédigé au départ d'éléments récoltés sur le terrain à Kalimantan (Bornéo - Indonésie) et au sein de secteur 'indonésien' du commerce du bois en Grande-Bretagne. La filière bois (bois illégalement abattu et bois provenance du pillage des réserves ligneuses) a été tracée depuis les forêts indonésiennes jusqu'à des prestigieux consommateurs finaux installés au Royaume Uni. 50% environ du Triplex disponible au Royaume-Uni provient des forêts d'Indonésie. Cette situation s'observe aussi en Allemagne, aux Pays-Bas, en France et en Belgique, tous ces pays étant des consommateurs de bois indonésien.

La rapport illustre d'autre part la corruption à grande échelle observée dans le secteur indonésien du bois. Cette année, il semble que 88% (!) du bois indonésien n'a pas été abattu de manière licite. Le rapport fait état de l'ampleur des ces activités criminelles au départ d'un cas d'école renvoyant aux activités forestières de Barito Pacifique, le plus gros producteur de Triplex au monde et son propriétaire corrompu

Prajogo Pangestu.

Greenpeace invite fermement la Commission européenne à donner rapidement plus de substance au plan d'action présenté pour lutter contre l'exploitation illégale des forêts en :

- adoptant immédiatement une nouvelle réglementation en matière d'importation de bois illégale. Les importateurs de bois devraient à partir de maintenant pouvoir démontrer que le bois dont ils font le commerce a été abattu légalement. Tous les États membres doivent soutenir cet appel en vue d'une nouvelle législation.

- Instaurant des directives pour les achats de bois destinés à des projets de construction financés par l'UE. Les États membres devraient être incités à traduire ces directives dans leur législations nationales.

- définissant des critères sociaux et environnementaux minimum mais contraignants pour les institutions de crédit à l'exportation.

La demande importante de bois tropical observée dans les pays de l'Union européenne contribue à stimuler la destruction des forêts tropicales indonésiennes. Notre marché est inondé de bois à la provenance douteuse - et aussi absurde que cela puisse paraître les acteurs intervenant au niveau du commerce du bois ne peuvent pas produire les garanties nécessaires quant à une provenance licite des produits traités. L'Europe n'est pas dotée de la moindre législation interdisant l'importation de bois illégalement exploité, conclut Filip Verbelen, responsable de la campagne Forêts pour Greenpeace.

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