La politique climatique belge enfin sortie des starting blocks?
Le secteur de l'énergie est responsable d'environ 80% de nos
émissions de gaz à effet de serre. Soucieuse de proposer aux
décideurs politiques des pistes de réflexion fiables afin de revoir
de fond en comble notre manière de produire et de consommer
l'énergie, Greenpeace a confié au Centre allemand d'Aérospatiale
(DLR) l'élaboration d'un scénario, baptisé 'Révolution
énergétique'. Ce scénario a été développé en fonction de deux
objectifs principaux:
- une diminution des émissions belges de CO2 (sans recours aux
mécanismes de flexibilité) compatible avec une réduction de 80%
pour l'ensemble des gaz à effet de serre dans les pays
industrialisés, d'ici 2050 (2);
- une sortie rapide du nucléaire.
Par rapport à un scénario de référence, basé sur les tendances
et les effets des politiques actuelles en matière d'énergie, le
scénario 'Révolution énergétique' se distingue par la volonté
politique et des efforts significatifs afin d'exploiter les
importants potentiels en matière d'efficacité énergétique. Une
telle augmentation de l'efficacité énergétique est en effet un
pré-requis pour que les renouvelables puissent, entre autres,
contribuer significativement à la fourniture d'électricité et
compenser la sortie du nucléaire, du charbon et la diminution de la
consommation d'autres combustibles fossiles. Les sources d'énergie
renouvelables peuvent alors produire 65% de l'électricité en
Belgique en 2050. (3)
« On ne répétera jamais assez que l'efficacité énergétique est
pour notre pays la source d'énergie la plus prometteuse, souligne
Jean-François Fauconnier, de la campagne 'Energie' de Greenpeace.
La modélisation effectuée pour le scénario 'Révolution énergétique'
laisse entrevoir la possibilité de diminuer à terme la demande
finale en énergie de plus de 40%. Cette condition remplie, les
énergies renouvelables pourront tenir toutes leurs promesses et
c'est l'ensemble de la société belge qui en sortira gagnante. »
Les bienfaits d'une plus grande durabilité énergétique
s'observeront tant dans le domaine de l'environnement (moins de CO2
et arrêt de la production de déchets nucléaires dangereux) que dans
les domaines de l'économie et du social. La réduction de la demande
en électricité permet d'amortir largement l'augmentation prévisible
des coûts de sa fabrication (augmentation du prix des combustibles
fossiles et de l'uranium, coût du CO2) et il est indéniable que les
énergies renouvelables et l'efficacité énergétique seront
créatrices de nombreux emplois.
S'il semble évident que la Belgique peut s'engager sur la voie
d'un futur énergétique durable, il n'en reste pas moins vrai que
notre pays carbure, en la matière, toujours autant à l'inertie.
« En remettant le rapport - et les pistes de réflexion qu'il
propose - à l'ensemble des décideurs politiques concernés (4), nous
espérons les voir prendre un chemin plus durable. Il faut commencer
par définir, comme nous l'avons fait, un objectif ambitieux de
réduction des émissions de gaz à effet de serre à long terme. Le
secteur électrique, en particulier, est en pleine mutation et les
investissements d'aujourd'hui détermineront notre avenir. C'est
pourquoi nous demandons également aux politiques de mettre en œuvre
la sortie du nucléaire et de fermer les centrales au charbon »,
conclut Wendel Trio, directeur des campagnes de Greenpeace.
Les autres demandes de Greenpeace aux décideurs politiques se
résument comme suit:
- un soutien accru aux renouvelables, qui passe par l'adoption
d'un objectif européen de 25% d'énergie primaire d'origine
renouvelable à l'horizon 2020. Chez nous, il est également
indispensable de simplifier les procédures d'autorisation en vue du
développement à grande échelle de ces énergies propres.
- l'adoption d'un plan d'action pour l'efficacité énergétique et
la cogénération. Les bâtiments publics devraient servir d'exemple,
et un ensemble d'initiatives devraient venir stimuler la mise en
place et le contrôle de mesures d'efficacité énergétique applicable
dans le secteur de l'industrie et des ménages.
Notes:
1) Rapport disponible via le lien: http://www.greenpeace.org/belgium/fr/pressLe rapport est publié en anglais et un résumé exécutif en français (4 p.) est disponible.
2) L'objectif d’une réduction de 80% des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050 dans les pays industrialisés renvoie à la nécessité – définie par le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) et adoptée par l’Union européenne – de maintenir l'augmentation des températures sous les 2°C.
3) Ces perspectives sont illustrées par des graphiques repris dans le rapport et son résumé exécutif.
4) Bruno Tobback et Marc Verwilghen pour le fédéral, Benoît Lutgen et André Antoine pour la Région wallonne, Kris Peeters pour la Flandre et Evelyne Huytebroeck pour la Région bruxelloise.