La politique climatique belge enfin sortie des starting blocks?

Greenpeace publie, à l'usage des décideurs politiques, de nouvelles pistes de réflexion pour nous orienter vers un futur énergétique durable...

Communiqué de presse - 7 juin, 2006
Intitulé 'Révolution énergétique: un futur durable aussi pour la Belgique' (1), le nouveau rapport de Greenpeace propose un scénario énergétique réaliste pour une Belgique sortant sans complexe du nucléaire et diminuant de manière drastique (70% à l'horizon 2050) ses émissions de CO2. Ce scénario est le fruit d'une modélisation réalisée pour le compte de Greenpeace par le Centre allemand d’Aérospatiale (DLR). Ce rapport ne démontre pas uniquement la faisabilité de ce scénario, il souligne également l'urgence de faire les bons choix. Cette (r)évolution indispensable doit débuter sous la législature actuelle. Elle passe par le renforcement de l'efficacité énergétique et le recours massif aux sources d’énergie renouvelables (biomasse, éolien, solaire photovoltaïque...).

La politique climatique belge enfin sortie des starting blocks?

Le secteur de l'énergie est responsable d'environ 80% de nos émissions de gaz à effet de serre. Soucieuse de proposer aux décideurs politiques des pistes de réflexion fiables afin de revoir de fond en comble notre manière de produire et de consommer l'énergie, Greenpeace a confié au Centre allemand d'Aérospatiale (DLR) l'élaboration d'un scénario, baptisé 'Révolution énergétique'. Ce scénario a été développé en fonction de deux objectifs principaux:

  • une diminution des émissions belges de CO2 (sans recours aux mécanismes de flexibilité) compatible avec  une réduction de 80% pour l'ensemble des gaz à effet de serre dans les pays industrialisés, d'ici 2050 (2);
  • une sortie rapide du nucléaire.

Par rapport à un scénario de référence, basé sur les tendances et les effets des politiques actuelles en matière d'énergie, le scénario 'Révolution énergétique' se distingue par la volonté politique et des efforts significatifs afin d'exploiter les importants potentiels en matière d'efficacité énergétique. Une telle augmentation de l'efficacité énergétique est en effet un pré-requis pour que les renouvelables puissent, entre autres, contribuer significativement à la fourniture d'électricité et compenser la sortie du nucléaire, du charbon et la diminution de la consommation d'autres combustibles fossiles. Les sources d'énergie renouvelables peuvent alors produire 65% de l'électricité en Belgique en 2050. (3)

« On ne répétera jamais assez que l'efficacité énergétique est pour notre pays la source d'énergie la plus prometteuse, souligne Jean-François Fauconnier, de la campagne 'Energie' de Greenpeace. La modélisation effectuée pour le scénario 'Révolution énergétique' laisse entrevoir la possibilité de diminuer à terme la demande finale en énergie de plus de 40%. Cette condition remplie, les énergies renouvelables pourront tenir toutes leurs promesses et c'est l'ensemble de la société belge qui en sortira gagnante. »

Les bienfaits d'une plus grande durabilité énergétique s'observeront tant dans le domaine de l'environnement (moins de CO2 et arrêt de la production de déchets nucléaires dangereux) que dans les domaines de l'économie et du social. La réduction de la demande en électricité permet d'amortir largement l'augmentation prévisible des coûts de sa fabrication (augmentation du prix des combustibles fossiles et de l'uranium, coût du CO2) et il est indéniable que les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique seront créatrices de nombreux emplois.

S'il semble évident que la Belgique peut s'engager sur la voie d'un futur énergétique durable, il n'en reste pas moins vrai que notre pays carbure, en la matière, toujours autant à l'inertie.

« En remettant le rapport - et les pistes de réflexion qu'il propose - à l'ensemble des décideurs politiques concernés (4), nous espérons les voir prendre un chemin plus durable. Il faut commencer par définir, comme nous l'avons fait, un objectif ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre à long terme.  Le secteur électrique, en particulier, est en pleine mutation et les investissements d'aujourd'hui détermineront notre avenir. C'est pourquoi nous demandons également aux politiques de mettre en œuvre la sortie du nucléaire et de fermer les centrales au charbon », conclut Wendel Trio, directeur des campagnes de Greenpeace.

Les autres demandes de Greenpeace aux décideurs politiques se résument comme suit:

  • un soutien accru aux renouvelables, qui passe par l'adoption d'un objectif européen de 25% d'énergie primaire d'origine renouvelable à l'horizon 2020. Chez nous, il est également indispensable de simplifier les procédures d'autorisation en vue du développement à grande échelle de ces énergies propres.
  • l'adoption d'un plan d'action pour l'efficacité énergétique et la cogénération. Les bâtiments publics devraient servir d'exemple, et un ensemble d'initiatives devraient venir stimuler la mise en place et le contrôle de mesures d'efficacité énergétique applicable dans le secteur de l'industrie et des ménages.

Notes:

1) Rapport disponible via le lien: http://www.greenpeace.org/belgium/fr/pressLe rapport est publié en anglais et un résumé exécutif en français (4 p.) est disponible.

2) L'objectif d’une réduction de 80% des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050 dans les pays industrialisés renvoie à la nécessité – définie par le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) et adoptée par l’Union européenne – de maintenir l'augmentation des températures sous les 2°C.

3) Ces perspectives sont illustrées par des graphiques repris dans le rapport et son résumé exécutif.

4) Bruno Tobback et Marc Verwilghen pour le fédéral, Benoît Lutgen et André Antoine pour la Région wallonne, Kris Peeters pour la Flandre et Evelyne Huytebroeck pour la Région bruxelloise.