La protection des grands fonds marins coulée par une poignée de pays

Communiqué de presse - 24 novembre, 2006
Le 23/11/06 - Les négociations pour décider d'un moratoire sur le chalutage de grands fonds ont été sabotées aujourd'hui par une poignée de pays emmenés par l'Islande, qui mettent l'intérêt de quelques pêcheurs au dessus des besoins d'autres pays, des conclusions de scientifiques et des organisations écologistes.

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« L'accord final est plus mité qu'un pull marin, indique de New York Karen Sack, conseillère politique de la campagne Océans de Greenpeace International, c'est le statu quo destructif qui a été privilégié comme outil de gouvernance des océans.  La communauté internationale devrait manifester son indignation envers l'Islande qui, à elle seule, a réussi à faire couler ce moratoire pour la protection des grands fonds marins qui devait assurer la sécurité alimentaire des générations futures. L'Islande ne doit pas être fière, tout comme les autres états qui ne se sont pas levé pour faire entendre la voie de la protection pour le futur des océans. »

Alors que de nombreux pays, parmi lesquels l'Australie, la Nouvelle Zélande, les états insulaires du Pacifique, les Etats Unis, le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud, l'Allemagne et la France, et finalement même le Canada et la Communauté européenne soutenaient le moratoire sur le chalutage de grands fonds, le compromis s'est fait sur le plus petit dénominateur commun, et donc le plus pauvre.

Pourtant récemment, une étude scientifique alarmiste prévoyait la disparition des espèces commerciales de la planète à l'horizon 2050 1. De plus, de nouvelles données économiques font ressortir que les chalutiers de grands fonds ne sont rentables que grâce aux nombreuses subventions qu'ils reçoivent 2.

« Les nations qui se sont opposées au moratoire sur le chalutage de grands fonds doivent se rendre compte que ce statu quo n'est absolument pas positif pour leur industrie. Les ressources des océans ne sont pas infinies et l'exploitation des ressources de grands fonds ne peut pas continuer à ce rythme, déclare Aurèle Clémencin, chargé de campagne Océans de Greenpeace France. La communauté internationale ne peut se contenter de voir les océans pillés par des flottilles sans foi ni loi. Une approche radicalement différente est nécessaire pour protéger la vie marine. »

Les pays favorables au moratoire doivent se saisir de l'opportunité que représente la résolution sur les pêcheries, qui sera  votée le 7 décembre prochain, pour protéger les habitats vulnérables, en restreignant l'accès au marché des espèces de grands fonds et en appelant à la création d'un réseau global de réserves marines qui doit couvrir l'ensemble des océans de la planète.

Cette prise en otage d'une décision internationale par un seul pays ne doit pas se répéter à Dubrovnik où les états membres de la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique doivent prendre des mesures drastiques d'urgence pour la conservation de cette espèce. La France aura là une responsabilité prépondérante dans le poids des positions européennes sur les mesures de restriction à prendre. 

Notes: 1. Worm et al. 2006. Impacts of biodiversity loss on ocean ecosystem services. Science vol.314. 3 November 2006

2. Assoc. Prof Rashid Sumalia, lead author of the study « Catching more bait: A bottom up re-estimation of global fisheries subsidies »

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