Le Silver Ray, bateau voué à la casse, part pour la Chine

Un précédent remarquable que l'on doit à la ténacité belge

Communiqué de presse - 13 février, 2004
Le "Silver Ray" avarié à Anvers en mai 2002 s'apprête à quitter la cité portuaire pour être "réparé" en Chine. Ce navire a fait l'objet d'un véritable combat naval entre ses propriétaires successifs et les autorités environnementales belges. En jeu? Les substances toxiques présentes à son bord qui risquaient d'être 'exportées' vers une plage asiatique de démantèlement - au mépris de la santé des travailleurs, de l'environnement, - et en contradiction flagrante avec la législation internationale. L'intervention de Greenpeace qui a notamment apporté la preuve que le "Silver Ray" contenait de l'amiante; la tenacité des autorités environnementales belges ont eu raison du mercantilisme des propriétaires successifs du bateau. Contrairement à ce que l'on observe régulièrement dans le secteur maritime, le "Silver Ray" a été débarrassé d'une grande partie des substances toxiques présentes à son bord. S'il reprend bientôt la mer, c'est avec la quasi certitude qu'il ne se transformera pas en bateau tueur(1).

Bateau tiré sur la plage pour y être démantelé

Aujourd'hui rebaptisé le Naxos1 et propriété de Seabulk Carriers Inc (Panama)(2), le "Silver Ray", un car-ferry chargé de voitures d'occasion destinées à l'Afrique, a interrompu sa course dans le port d'Anvers suite à un violent incendie. Une partie importante de sa cargaison a brûlé dans l'incendie tandis que quelque 2500 voitures allaient - suite à l'intervention conjointe des autorités environnementales flamandes (OVAM) et de Greenpeace - être transportées par des services de dépollution.

Quant à la carcasse, elle a été officiellement déclarée inutilisable et considérée comme « déchet ». La présence à bord de substances toxiques caractéristiques pour un navire de ce gabarit (amiante, PCB, résidus d'hydrocarbures…) a fait permis de considérer ce bateau comme un « déchet toxique », frappé d'interdiction d'exportation vers les pays non-OCDE (Convention de Bâle). En introduisant plusieurs experts à bord et en prenant à sa charge le coût des analyses, Greenpeace a apporté la preuve incontestable de la toxicité du "Silver Ray Les services administratifs responsables de la gestion des déchets en Flandre (OVAM - openbare vlaamse afvalstoffen maatschappij),ont pris le relais de l'action de Greenpeace.

Comme la plupart des navires de sa génération, le car-ferry contenait de l'amiante qui risquait d'être manipulée à mains nues en Asie, au même titre que d'autres substances toxiques présentes à bord. Après plus d'une année de tergiversations, de discussions et de procédures juridiques, les propriétaires du "Silver Ray" ont fini par se ranger partiellement du côté du droit. Ils ont financé une partie importante de la décontamination du bateau exigée par les services flamands de gestion des déchets.

Greenpeace salue la 'bonne volonté" des propriétaires mais déplore leur refus de procéder à un inventaire complet des substances toxiques présentes à bord et ce, en vue de la décontamination totale du "Silver Ray". Une décontamination totale comprendrait un nettoyage des parties 'inaccessibles'.

La décontamination partielle de l'épave a été assortie de la vente de la carcasse à une société coréenne active à Séoul. Selon cette société coréenne du Sud, le « Silver Ray » sera réhabilité en Chine.

"Connaissant les habitudes du secteur, on pourrait penser que ce contrat de réparation n'a pas d'autre objet que d'enlever l'étiquette de 'déchet toxique qui pèse sur le 'Silver Ray'. Le prix des épaves en Chine a sensiblement augmenté. Il n'est pas exclu que les propriétaires du bateau cherchent à nouveau à échapper à la rigueur des lois européennes. Ils ne sont pas à une entourloupe près, commente Martin Bésieux."

Tant le ministre flamand de l'Environnement Ludo Sannen que les services responsables de la gestion des déchets restent en effet méfiants quant à la destinée du « Silver Ray ». Le démantèlement d'un navire étant toujours une opération rentable pour ses propriétaires(3). Des contacts ont été préventivement établis avec les autorités chinoises pour éviter ce dernier rebondissement dans la saga du car-ferry.

« Tout au long du dossier, poursuit Martin Besieux, on a pu observer une importante collaboration des autorités portuaires d'Anvers, des services flamands de gestion des déchets. Cette collaboration est essentielle si l'on souhaite assainir le secteur. Les bateaux voués à la casse ne peuvent quitter la Belgique sans avoir été débarrassés au préalable de leurs substances toxiques. C'est essentiel pour s'opposer aux conditions de travail épouvantables observées sur les chantiers asiatiques de démolition navale et absolument nécessaires si l'on veut freiner les multiples atteintes à l'environnement qui en découlent. Le «Silver Ray» a servi de décor à un opéra-ferraille (4), c'était une première, son transfert partiellement décontaminé vers un pays non-OCDE en est une autre. »

Greenpeace continuera par sa part à suivre le périple du « Silver Ray » jusqu'en Chine.

1) La démolition navale se pratique aujourd'hui essentiellement en Inde, au Bangladesh, au Pakistan, en Turquie et en Chine dans des conditions infra-humaines et préjudiciables à l'environnement. La présence de résidus d'hydrocarbures, d'amiante et autres substances toxiques se traduit sur ces plages par de nombreux accidents et une détérioriation durable des lieux. Le site (existe en version française) permet de se familiariser à cette problématique.

2) Les propriétaires successifs du "Silver Ray" ont été: Stamco (Grèce), depuis oct 02 officiellement Seabulk Carriers (Panama) mais l'authentique propriétaire du bateau est toujours inconnu. Beaucoup d'éléments indiquent qu'il s'agirait à nouveau d'un armateur grec.Et prochainement: Daewoo Logistics Company Ltd du Coree-Sud.

3) En Chine, la tonne d'acier à recycler s'achète 320 $. En mai 2002, le cours de ce type d'acier était de 140 dollars.

4) Greenpeace a projeté dans le port d'Anvers des images évoquant les conditions dans lesquelles le bateau risquait d'être démantelé.

(4) Greenpeace participera le 27 et 28 février à une conférence internationale en Chine et visitera les chantiers de démolition navale dans ce pays. Voir:

Notes: 1) La démolition navale se pratique aujourd'hui essentiellement en Inde, au Bangladesh, au Pakistan, en Turquie et en Chine dans des conditions infra-humaines et préjudiciables à l'environnement. La présence de résidus d'hydrocarbures, d'amiante et autres substances toxiques se traduit sur ces plages par de nombreux accidents et une détérioriation durable des lieux. Le site http://www.greenpeaceweb.org/shipbreak/ (existe en version française) permet de se familiariser à cette problématique. 2) Les propriétaires successifs du "Silver Ray" ont été: Stamco (Grèce), depuis oct 02 officiellement Seabulk Carriers (Panama) mais l'authentique propriétaire du bateau est toujours inconnu. Beaucoup d'éléments indiquent qu'il s'agirait à nouveau d'un armateur grec.Et prochainement: Daewoo Logistics Company Ltd du Coree-Sud.3) En Chine, la tonne d'acier à recycler s'achète 320 $. En mai 2002, le cours de ce type d'acier était de 140 dollars.4) Greenpeace a projeté dans le port d'Anvers des images évoquant les conditions dans lesquelles le bateau risquait d'être démantelé. (4) Greenpeace participera le 27 et 28 février à une conférence internationale en Chine et visitera les chantiers de démolition navale dans ce pays.

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