Du contre-plaqué en route vers Anvers (Belgique). La cargaison est sur le point d'être chargée sur le MV Greveno qui se trouve, lors de la prise de vue, à proximité du parc national de Tajung Puting, à l'embouchure de la rivière Lamandau. Greenpeace a documenté le chargement de cette cargaison suspecte destinée aux marchés belge, néerlandais et britannique.
Greenpeace tient le MV Greveno à l'œil depuis le début février.
L'organisation de défense de l'environnement a, en effet, assisté à
son chargement non loin du parc national de Tajung Puting, situé
dans la partie indonésienne de l'île de Bornéo. De nombreux
éléments indiquent la provenance suspecte de bois. Greenpeace
attend des autorités belges qu'elles fassent l'impossible pour
obtenir plus de clarté sur la provenance exacte de cette cargaison
et mettent tout en œuvre pour - conformément à l'accord
gouvernemental de juillet 2003 - cesser à l'avenir les importations
illégales de bois. Une demande similaire a été adressée au
gouvernement britannique. Si l'on veut sauver la biodiversité dans
les dernières forêts anciennes du monde, il est impératif d'agir
dans les pays importateurs. Dans le cas de la cargaison du MV
Greveno, c'est Fepco, un agent installé à Bruxelles, qui importe le
bois.
Après plusieurs jours de joutes navales, le MV Greveno a accosté
à Tilbury (Londres) où il a été accueilli par une flottille de
zodiaques de Greenpeace, placée sous haute surveillance
policière. Ce bateau chargé de contre-plaqué indonésien devrait se
diriger dans les prochains jours vers le port d'Anvers pour y
décharger la partie de sa cargaison destinée aux marchés belge et
néerlandais. Greenpeace tient le MV Greveno à l'œil depuis le début
février. L'organisation de défense de l'environnement a, en effet,
assisté à son chargement non loin du parc national de Tajung
Puting, situé dans la partie indonésienne de l'île de Bornéo. De
nombreux éléments indiquent la provenance suspecte de bois.
Greenpeace attend des autorités belges qu'elles fassent
l'impossible pour obtenir plus de clarté sur la provenance exacte
de cette cargaison et mettent tout en œuvre pour - conformément à
l'accord gouvernemental de juin 2003 - cesser à l'avenir les
importations illégales de bois. Une demande similaire a été
adressée au gouvernement britannique. Si l'on veut sauver la
biodiversité dans les dernières forêts anciennes du monde, il est
impératif d'agir dans les pays importateurs. Dans le cas de la
cargaison du MV Greveno, c'est Fepco, un agent installé à
Bruxelles, qui importe le bois.
En escortant le MV Greveno depuis son entrée dans la Manche,
Greenpeace vise à dénoncer l'ampleur de l'abattage illégal du bois
en Indonésie. Le bois transporté par MV Greveno provient du groupe
Korindo (1) et plus précisément de l'usine de transformation
Ariabima Sari, située dans la partie indonésienne de l'île de
Bornéo. Les autorités indonésiennes ont inspecté l'an dernier cette
infrastructure et en ont conclu que l'usine utilisait du bois
abattu illégalement. On peut d'autre part déduire de documents émis
par le groupe Korindo qu'en 2002, cette usine a produit à 165% de
sa capacité légalement autorisée. En février 2004, alors que le
navire de Greenpeace effectuait une mission d'observation en
Indonésie, l'équipage du Rainbow Warrior a documenté le chargement
de bateau (2). Les inspections menées, en 2002 et 2003, par les
autorités indonésiennes auprès du groupe Korindo (et auprès
d'autres compagnies forestières) ont permis d'établir que l'usine
Ariabima Sari transforme du bois abattu illégalement, livré par les
'barons locaux du bois' qui ont la réputation de se fournir en bois
dans le parc national de Tajung Puting. Les autorités locales n'ont
entrepris quasi aucune action à l'encontre d'Ariabima Sari dans la
foulée de ces inspections. Aucune suite n'a par ailleurs été
accordée aux documents - transmis par le groupe Korindo au
ministère des Forêts - qui permettent de déduire que cette usine a
travaillé en 2002 à 165% de la capacité légalement autorisée. Ainsi
le groupe Korindo n'hésite-t-il pas à faire état de ses activités
illégales.
Le mois dernier, le Rainbow Warrior a réuni des preuves
supplémentaires relatives aux abattages illégaux dans le parc de
Tanjung Puting. Il existe des indications claires de coupes
récentes dans l'enceinte de ce parc qui bénéficie pourtant du
statut de réserve de biosphère (Nations unies). Il s'agit du plus
vaste ensemble de forêts marécageuses protégé d'Asie du sud est.
Parmi les neuf espèces de singes qui habitent cette zone se
trouvent des orangs-outangs menacés d'extinction (3).
Mettre en place une nouvelle
législation, agir dans les pays d'importation
Les actions de protestation menées par Greenpeace contre
l'importation de bois abattu illégalement s'accompagnent d'une
série d'exigences politiques. "L'Union européenne doit s'efforcer
de mettre rapidement sur pied une nouvelle législation européenne
pour combattre ce type d'importation. Greenpeace attend des
gouvernements britannique, belge et néerlandais qu'ils saisissent
le bois d'origine suspecte. Dans l'accord gouvernemental de juillet
2003, le gouvernement belge s'est engagé à lutter activement contre
la présence de bois illégal sur le marché belge. Il a, à présent,
l'opportunité de traduire cette promesse en actes, commente Veerle
Dossche, responsable de la campagne Forêts, notamment en initiant
une enquête quant à l'origine exacte du bois qui est sur le point
d'arriver en Belgique."
Greenpeace demande au secteur du bois belge de cesser tout
commerce avec des entreprises travaillant dans l'illégalité. Compte
tenu du fait que 90% du bois provenant d'Indonésie est abattu
illégalement, Greenpeace demande aux acteurs belges de l'industrie
du bois de ne plus traiter temporairement de bois abattu en
Indonésie, à l'exception des bois dotés d'un certificat
garantissant une croissance dans des forêts gérées de manière
responsable (certification FSC). L'Indonésie est un des principaux
fournisseurs de contre-plaqué tropical sur le marché belge.
Un article récent du Science Magazine confirme la
sous-estimation habituelle de l'ampleur de la destruction
forestière déplorée dans les aires protégées d'Indonésie. Dans
cette région, 90% des coupes forestières sont illégales. Le
ministre indonésien des Forêts a déclaré lors d'une conférence de
presse tenue le 11 mars 2004 que l'abattage du bois dans son pays
est tout bonnement 'hors contrôle'. L'Indonésie bat le triste
record mondial de la destruction forestière. Ces dernières années,
des territoires aussi vastes que la Belgique y ont été annuellement
détruits. Selon la Banque mondiale, si la destruction forestière
s'y poursuit au rythme actuel, les forêts équatoriales du sud de
Bornéo (Kalimantan) pourraient avoir disparu à l'horizon 2010.
Le commerce de bois illégal est une des principales menaces qui
pèsent à l'échelle planétaire sur les forêts anciennes. Ces
pratiques entravent le développement de pratiques forestières
responsables. Il n'est de plus pas rare que le commerce illégal de
bois ne s'accompagne de corruption et ne débouche sur des conflits
sociaux ou des abus de droits humains.
Notes aux rédactions:
1) Le groupe Korindo est un consortium coréen et indonésien basé
à Jakarta en Indonésie.
Le groupe est entre autres spécialisé dans la production de
contre-plaqué et de papier.
2) Le Rainbow Warrior a effectué un périple en Indonésie pour
documenter le commerce
illégal du bois et dénoncer ces pratiques perpétrées notamment
dans des aires protégées.
Ce périple a coïncidé avec la tenue début février de la 7ème
Conférence des Parties de la
Convention sur la diversité biologique.
3) La population de cette espèce a diminué de 90% ces 100
dernières années et pourrait selon diverses sources disparaître
d'ici une vingtaine d'années.