Les autorités belges doivent s'investir pour éviter les importations de bois à l'origine douteuse

Greenpeace demande aux autorités belges de faire la clarté sur l'origine de cette cargaison

Communiqué de presse - 18 mars, 2004
Une cargaison suspecte de bois tropical bientôt à Anvers?
Après plusieurs jours de joutes navales, le MV Greveno a accosté à Tilbury (Londres) où il a été accueilli par une flottille de zodiaques de Greenpeace, placée sous haute surveillance policière. Ce bateau chargé de contre-plaqué indonésien devrait se diriger dans les prochains jours vers le port d'Anvers pour y décharger la partie de sa cargaison destinée aux marchés belge et néerlandais.

Du contre-plaqué en route vers Anvers (Belgique). La cargaison est sur le point d'être chargée sur le MV Greveno qui se trouve, lors de la prise de vue, à proximité du parc national de Tajung Puting, à l'embouchure de la rivière Lamandau. Greenpeace a documenté le chargement de cette cargaison suspecte destinée aux marchés belge, néerlandais et britannique.

Greenpeace tient le MV Greveno à l'œil depuis le début février. L'organisation de défense de l'environnement a, en effet, assisté à son chargement non loin du parc national de Tajung Puting, situé dans la partie indonésienne de l'île de Bornéo. De nombreux éléments indiquent la provenance suspecte de bois. Greenpeace attend des autorités belges qu'elles fassent l'impossible pour obtenir plus de clarté sur la provenance exacte de cette cargaison et mettent tout en œuvre pour - conformément à l'accord gouvernemental de juillet 2003 - cesser à l'avenir les importations illégales de bois. Une demande similaire a été adressée au gouvernement britannique. Si l'on veut sauver la biodiversité dans les dernières forêts anciennes du monde, il est impératif d'agir dans les pays importateurs. Dans le cas de la cargaison du MV Greveno, c'est Fepco, un agent installé à Bruxelles, qui importe le bois.

Après plusieurs jours de joutes navales, le MV Greveno a accosté à Tilbury (Londres) où il a été accueilli par une flottille de zodiaques de Greenpeace, placée sous haute surveillance policière. Ce bateau chargé de contre-plaqué indonésien devrait se diriger dans les prochains jours vers le port d'Anvers pour y décharger la partie de sa cargaison destinée aux marchés belge et néerlandais. Greenpeace tient le MV Greveno à l'œil depuis le début février. L'organisation de défense de l'environnement a, en effet, assisté à son chargement non loin du parc national de Tajung Puting, situé dans la partie indonésienne de l'île de Bornéo. De nombreux éléments indiquent la provenance suspecte de bois. Greenpeace attend des autorités belges qu'elles fassent l'impossible pour obtenir plus de clarté sur la provenance exacte de cette cargaison et mettent tout en œuvre pour - conformément à l'accord gouvernemental de juin 2003 - cesser à l'avenir les importations illégales de bois. Une demande similaire a été adressée au gouvernement britannique. Si l'on veut sauver la biodiversité dans les dernières forêts anciennes du monde, il est impératif d'agir dans les pays importateurs. Dans le cas de la cargaison du MV Greveno, c'est Fepco, un agent installé à Bruxelles, qui importe le bois.

En escortant le MV Greveno depuis son entrée dans la Manche, Greenpeace vise à dénoncer l'ampleur de l'abattage illégal du bois en Indonésie. Le bois transporté par MV Greveno provient du groupe Korindo (1) et plus précisément de l'usine de transformation Ariabima Sari, située dans la partie indonésienne de l'île de Bornéo. Les autorités indonésiennes ont inspecté l'an dernier cette infrastructure et en ont conclu que l'usine utilisait du bois abattu illégalement. On peut d'autre part déduire de documents émis par le groupe Korindo qu'en 2002, cette usine a produit à 165% de sa capacité légalement autorisée. En février 2004, alors que le navire de Greenpeace effectuait une mission d'observation en Indonésie, l'équipage du Rainbow Warrior a documenté le chargement de bateau (2). Les inspections menées, en 2002 et 2003, par les autorités indonésiennes auprès du groupe Korindo (et auprès d'autres compagnies forestières) ont permis d'établir que l'usine Ariabima Sari transforme du bois abattu illégalement, livré par les 'barons locaux du bois' qui ont la réputation de se fournir en bois dans le parc national de Tajung Puting. Les autorités locales n'ont entrepris quasi aucune action à l'encontre d'Ariabima Sari dans la foulée de ces inspections. Aucune suite n'a par ailleurs été accordée aux documents - transmis par le groupe Korindo au ministère des Forêts - qui permettent de déduire que cette usine a travaillé en 2002 à 165% de la capacité légalement autorisée. Ainsi le groupe Korindo n'hésite-t-il pas à faire état de ses activités illégales.

Le mois dernier, le Rainbow Warrior a réuni des preuves supplémentaires relatives aux abattages illégaux dans le parc de Tanjung Puting. Il existe des indications claires de coupes récentes dans l'enceinte de ce parc qui bénéficie pourtant du statut de réserve de biosphère (Nations unies). Il s'agit du plus vaste ensemble de forêts marécageuses protégé d'Asie du sud est. Parmi les neuf espèces de singes qui habitent cette zone se trouvent des orangs-outangs menacés d'extinction (3).

Mettre en place une nouvelle législation, agir dans les pays d'importation

Les actions de protestation menées par Greenpeace contre l'importation de bois abattu illégalement s'accompagnent d'une série d'exigences politiques. "L'Union européenne doit s'efforcer de mettre rapidement sur pied une nouvelle législation européenne pour combattre ce type d'importation. Greenpeace attend des gouvernements britannique, belge et néerlandais qu'ils saisissent le bois d'origine suspecte. Dans l'accord gouvernemental de juillet 2003, le gouvernement belge s'est engagé à lutter activement contre la présence de bois illégal sur le marché belge. Il a, à présent, l'opportunité de traduire cette promesse en actes, commente Veerle Dossche, responsable de la campagne Forêts, notamment en initiant une enquête quant à l'origine exacte du bois qui est sur le point d'arriver en Belgique."

Greenpeace demande au secteur du bois belge de cesser tout commerce avec des entreprises travaillant dans l'illégalité. Compte tenu du fait que 90% du bois provenant d'Indonésie est abattu illégalement, Greenpeace demande aux acteurs belges de l'industrie du bois de ne plus traiter temporairement de bois abattu en Indonésie, à l'exception des bois dotés d'un certificat garantissant une croissance dans des forêts gérées de manière responsable (certification FSC). L'Indonésie est un des principaux fournisseurs de contre-plaqué tropical sur le marché belge.

Un article récent du Science Magazine confirme la sous-estimation habituelle de l'ampleur de la destruction forestière déplorée dans les aires protégées d'Indonésie. Dans cette région, 90% des coupes forestières sont illégales. Le ministre indonésien des Forêts a déclaré lors d'une conférence de presse tenue le 11 mars 2004 que l'abattage du bois dans son pays est tout bonnement 'hors contrôle'. L'Indonésie bat le triste record mondial de la destruction forestière. Ces dernières années, des territoires aussi vastes que la Belgique y ont été annuellement détruits. Selon la Banque mondiale, si la destruction forestière s'y poursuit au rythme actuel, les forêts équatoriales du sud de Bornéo (Kalimantan) pourraient avoir disparu à l'horizon 2010.

Le commerce de bois illégal est une des principales menaces qui pèsent à l'échelle planétaire sur les forêts anciennes. Ces pratiques entravent le développement de pratiques forestières responsables. Il n'est de plus pas rare que le commerce illégal de bois ne s'accompagne de corruption et ne débouche sur des conflits sociaux ou des abus de droits humains.

Notes aux rédactions:

1) Le groupe Korindo est un consortium coréen et indonésien basé à Jakarta en Indonésie.

Le groupe est entre autres spécialisé dans la production de contre-plaqué et de papier.

2) Le Rainbow Warrior a effectué un périple en Indonésie pour documenter le commerce

illégal du bois et dénoncer ces pratiques perpétrées notamment dans des aires protégées.

Ce périple a coïncidé avec la tenue début février de la 7ème Conférence des Parties de la

Convention sur la diversité biologique.

3) La population de cette espèce a diminué de 90% ces 100 dernières années et pourrait selon diverses sources disparaître d'ici une vingtaine d'années.