Greenpeace publie ce jour un sondage réalisé dans les six pays européens abritant des armes nucléaires de l'OTAN sur leur territoire. Il en ressort que plus des deux tiers de ces ressortissants européens se prononcent en faveur d'une Europe libérée de l'arme nucléaire. Sa publication coïncide avec la sortie d'un rapport (1) intitulé “Garantir notre sécurité, assurer notre survie. Pourquoi est-il nécessaire que les armes nucléaires américaines de l’OTAN quittent l’Europe” et qui évoque les dangers de ce type d'armement. Pour le retrait de ces armes, la balle étant dans le camp du gouvernement belge, Greenpeace remettra, cet après-midi, les résultats du sondage et le rapport à un représentant du ministre de la Défense, André Flahaut.
Le rapport publié ce jour par Greenpeace rappelle et détaille la
présence de 480 armes nucléaires américaines en Europe (Allemagne,
Belgique, Italie, Grande-Bretagne, Pays-Bas et Turquie) tout en
évoquant leur potentiel destructeur (égal ou jusqu'à dix fois
supérieur à la bombe larguée sur Hiroshima). Une explosion combinée
des armes présentes en Belgique risquerait de détruire une partie
importante du pays et leur impact destructeur s'observerait loin
hors de nos frontières. Le rapport insiste par ailleurs sur la
désinformation chronique qui règne autour de la présence en Europe
de ces armes nucléaires américaines.
"D'après le sondage réalisé par Stratcom (2) pour Greenpeace,
moins d'un Belge sur cinq semble être conscient de la présence des
20 armes nucléaires américaines basées à Kleine Brogel (Limbourg),
commente Bart Libaut, de la campagne désarmement de Greenpeace. Une
fois informés de leur existence, plus de six Belges sur dix
n'hésitent pas à exprimer leur volonté de voir ces armes quitter
l'Europe."
Le Sommet de l'OTAN qui se tiendra à Riga (Lettonie) en novembre
2006 - et qui devrait finaliser les efforts de modernisation de
l'Alliance actuellement en cours - offre une occasion unique de
libérer l'Europe de la menace constituée par ces bombes nucléaires
américaines. En vue de ce sommet, il est capital que le retrait des
armes nucléaires américaines figure à l'agenda de la réunion des
ministres de la Défense de l'OTAN, prévue à Bruxelles, le 8 juin
2006.
"La Belgique a fait preuve d'esprit d'initiative en votant au
niveau du Parlement fédéral plusieurs résolutions en matière de
non-prolifération et de désarmement nucléaires (3). La voie du
retrait est donc tracée. C'est aujourd'hui au gouvernement belge
qu'il incombe de faire le nécessaire pour que les armes nucléaires
américaines stationnées en Belgique quittent définitivement notre
territoire, poursuit Wendel Trio, directeur des campagnes de
Greenpeace Belgique. C'est un pas essentiel vers un futur vraiment
plus sûr et une étape indispensable pour la non-prolifération
nucléaire."
Un des aspects pour le moins préoccupants de la situation
actuelle réside dans le fait que les Etats-Unis peuvent téléguider
une attaque nucléaire depuis l'Europe sans consulter les autorités
des pays abritant leurs armes. Le journaliste d'investigation,
Seymour Hersh a révélé dans le New Yorker du 7 avril dernier qu'il
n'était pas impossible que des armes nucléaires du type B61, càd
similaires aux armes stockées en Europe, soient utilisées dans le
cadre d'une éventuelle attaque contre l'Iran (4). Les pays "hôtes"
seraient de cette manière involontairement entraînés dans le
déclenchement d'un conflit nucléaire.
En évoquant les risques liés au terrorisme comme en rappelant
les dangers liés à la présence en Europe - et en Belgique -
d'armes nucléaires américaines (notamment lors de leurs transferts
pour maintenance), le rapport remis ce jour à André Flahaut
plaide pour une prise de position politique à la fois rapide et
ambitieuse, lors de la réunion ministérielle du 8 juin prochain.
Notes:
1) Cliquez ici pour consulter le rapport. Les résultats du sondage réalisé pour l'ensemble des six pays concernés par la présence d'armes nucléaires américaines sur leur territoire est disponible via le lien: http://www.greenpeace.org/international/press/reports/nuclear-weapons-in-europe-survey
2) Stratcom, bureau de communication stratégique basé au Canada et spécialisé en sondages.
3) Développements politiques récents en Belgique cf. Rapport “Garantir notre sécurité, assurer notre survie. Pourquoi est-il nécessaire que les armes nucléaires américaines de l’OTAN quittent l’Europe”
* 21 avril 2005: le sénat belge plaide en faveur du retrait des armes nucléaires américaines d'Europe.
* 26 mai 2005: le ministre de la Défense belge, André Flahaut, explique au parlement que l’Allemagne n’a pas contacté la Belgique à propos du futur des armes nucléaires américaines en Europe et que le sujet n’est pas à l’ordre du jour des réunions de l’OTAN du mois de juin.
* 13 juillet 2005: une résolution de la Chambre des représentants belges appelle au retrait des armes nucléaires de l’OTAN.
* 29 septembre 2005: Dans une Tribune libre du journal De Standaard, le député belge Dirk van der Maelen plaide en faveur d’un retrait des armes nucléaires en Europe.
- Source: The Nuclear Information Project http://www.nukestrat.com/us/afn/nato.htm
4) Lien vers l'article du New Yorker : http://www.newyorker.com/printables/fact/060417fa_fact