65% des Belges souhaitent le retrait des armes nucléaires de l'OTAN

Greenpeace demande à André Flahaut d'oeuvrer pour l'obtention de ce retrait

Communiqué de presse - 30 mai, 2006
Greenpeace publie ce jour un sondage réalisé dans les six pays européens abritant des armes nucléaires de l'OTAN sur leur territoire. Il en ressort que plus des deux tiers de ces ressortissants européens se prononcent en faveur d'une Europe libérée de l'arme nucléaire. Sa publication coïncide avec la sortie d'un rapport (1) intitulé “Garantir notre sécurité, assurer notre survie. Pourquoi est-il nécessaire que les armes nucléaires américaines de l’OTAN quittent l’Europe” et qui évoque les dangers de ce type d'armement. Pour le retrait de ces armes, la balle étant dans le camp du gouvernement belge, Greenpeace remettra, cet après-midi, les résultats du sondage et le rapport à un représentant du ministre de la Défense, André Flahaut.

Le rapport publié ce jour par Greenpeace rappelle et détaille la présence de 480 armes nucléaires américaines en Europe (Allemagne, Belgique, Italie, Grande-Bretagne, Pays-Bas et Turquie) tout en évoquant leur potentiel destructeur (égal ou jusqu'à dix fois supérieur à la bombe larguée sur Hiroshima). Une explosion combinée des armes présentes en Belgique risquerait de détruire une partie importante du pays et leur impact destructeur s'observerait loin hors de nos frontières. Le rapport insiste par ailleurs sur la désinformation chronique qui règne autour de la présence en Europe de ces armes nucléaires américaines.

"D'après le sondage réalisé par Stratcom (2) pour Greenpeace, moins d'un Belge sur cinq semble être conscient de la présence des 20 armes nucléaires américaines basées à Kleine Brogel (Limbourg), commente Bart Libaut, de la campagne désarmement de Greenpeace. Une fois informés de leur existence, plus de six Belges sur dix n'hésitent pas à exprimer leur volonté de voir ces armes quitter l'Europe."

Le Sommet de l'OTAN qui se tiendra à Riga (Lettonie) en novembre 2006 - et qui devrait finaliser les efforts de modernisation de l'Alliance actuellement en cours - offre une occasion unique de libérer l'Europe de la menace constituée par ces bombes nucléaires américaines. En vue de ce sommet, il est capital que le retrait des armes nucléaires américaines figure à l'agenda de la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, prévue à Bruxelles, le 8 juin 2006.

"La Belgique a fait preuve d'esprit d'initiative en votant au niveau du Parlement fédéral plusieurs résolutions en matière de non-prolifération et de désarmement nucléaires (3). La voie du retrait est donc tracée. C'est aujourd'hui au gouvernement belge qu'il incombe de faire le nécessaire pour que les armes nucléaires américaines stationnées en Belgique quittent définitivement notre territoire, poursuit Wendel Trio, directeur des campagnes de Greenpeace Belgique. C'est un pas essentiel vers un futur vraiment plus sûr et une étape indispensable pour la non-prolifération nucléaire."

Un des aspects pour le moins préoccupants de la situation actuelle réside dans le fait que les Etats-Unis peuvent téléguider une attaque nucléaire depuis l'Europe sans consulter les autorités des pays abritant leurs armes. Le journaliste d'investigation, Seymour Hersh a  révélé dans le New Yorker du 7 avril dernier qu'il n'était pas impossible que des armes nucléaires du type B61, càd similaires aux armes stockées en Europe, soient utilisées dans le cadre d'une éventuelle attaque contre l'Iran (4). Les pays "hôtes" seraient de cette manière involontairement entraînés dans le déclenchement d'un conflit nucléaire.

En évoquant les risques liés au terrorisme comme en rappelant les dangers liés à la présence en Europe  - et en Belgique - d'armes nucléaires américaines (notamment lors de leurs transferts pour maintenance), le rapport remis ce jour à  André Flahaut  plaide pour une prise de position politique à la fois rapide et ambitieuse, lors de la réunion ministérielle du 8 juin prochain.  

Notes:

1) Cliquez ici pour consulter le rapport. Les résultats du sondage réalisé pour l'ensemble des six pays concernés par la présence d'armes nucléaires américaines sur leur territoire est disponible via le lien: http://www.greenpeace.org/international/press/reports/nuclear-weapons-in-europe-survey

2) Stratcom, bureau de communication stratégique basé au Canada et spécialisé en sondages.

3) Développements politiques récents en Belgique cf. Rapport “Garantir notre sécurité, assurer notre survie. Pourquoi est-il nécessaire que les armes nucléaires américaines de l’OTAN quittent l’Europe”
* 21 avril 2005: le sénat belge plaide en faveur du retrait des armes nucléaires américaines d'Europe.
* 26 mai 2005: le ministre de la Défense belge, André Flahaut, explique au parlement que l’Allemagne n’a pas contacté la Belgique à propos du futur des armes nucléaires américaines en Europe et que le sujet n’est pas à l’ordre du jour des réunions de l’OTAN du mois de juin.
* 13 juillet 2005: une résolution de la Chambre des représentants belges appelle au retrait des armes nucléaires de l’OTAN.
* 29 septembre 2005: Dans une Tribune libre du journal De Standaard, le député belge Dirk van der Maelen plaide en faveur d’un retrait des armes nucléaires en Europe.

- Source: The Nuclear Information Project http://www.nukestrat.com/us/afn/nato.htm

4) Lien vers l'article du New Yorker : http://www.newyorker.com/printables/fact/060417fa_fact