Communiqué de presse - 16 juin, 2003
Bruxelles, le 16 juin 2003 -- La campagne agressive menée par les Etats-Unis pour forcer le monde entier à accepter des aliments et des semences transgéniques a essuyé une défaite sévère vendredi dernier, jour où Palau (Pacifique sud) est devenu le 50ème pays à ratifier le Protocole de Carthagène sur la Biosécurité (1). Greenpeace se réjouit de l'entrée en vigueur de ce Protocole, qui constitue le premier accord légalement contraignant réaffirmant le droit souverain de tout Etat à rejeter les organismes génétiquement modifiés (OGM) sur base du principe de précaution.
L'un des éléments clés de ce Protocole est le fait que la
communauté internationale reconnaisse que les cultures OGM
diffèrent fondamentalement des cultures conventionnelles, du fait
des menaces que constituent les plantes transgéniques pour
l'environnement, la biodiversité et la santé humaine. De ce fait,
et en raison de toute autre conséquence non-intentionnelle, le
Protocole demande que les OGM soient traités avec précaution. Tout
Etat Partie au Protocole a le droit d'interdire ou de restreindre
l'utilisation d'OGM lorsqu'il existe une incertitude scientifique
sur la sécurité à court, moyen ou long terme des OGM. Le Protocole
soutient aussi explicitement le droit des Parties à interdire les
importations d'OGM et à imposer des normes de sécurité plus
strictes.
En traînant l'Union européenne -qui a instauré des
restrictions sur les OGM- devant l'OMC, les Etats-Unis ont en fait
cherché à intimider les pays en développement et à les inciter à
accepter les OGM. Le Protocole sur la Biosécurité est un outil
précieux pour tout pays qui a imposé -ou qui projette d'imposer-
des restrictions sur l'utilisation d'OGM pour ainsi protéger
l'environnement et les droits des consommateurs et des fermiers,
mais qui craint des représailles de la part des Etats-Unis, via
l'OMC, a déclaré Dan Hindsgaul, coordinateur de la campagne
OGM. Plus de deux tiers de tous les pays à avoir ratifié le
Protocole sont des pays en développement. Ceci prouve que ces pays
reconnaissent le besoin d'imposer des mesures en matière de
biosécurité et que le Protocole peut être utilisé comme un moyen de
défense contre les pressions exercées par les Etats-Unis.
Le Protocole de Carthagène a été adopté en janvier 2000 à
Montréal, après plusieurs années de négociations difficiles,
constamment minées par les Etats-Unis, le Canada, l'Argentine et
l'Australie. Les Etats-Unis n'ayant encore rien entrepris pour
ratifier la Convention des Nations unies sur la Diversité
Biologique, ils ne peuvent tout simplement pas devenir Partie au
Protocole de Carthagène et ne seront donc pas en position pour
mettre en danger les régimes de labellisation et de responsabilité
en matière d'OGM, qui seront négociés dans le cadre du
Protocole.
L'entrée en vigueur du Protocole sur la Biosécurité prouve
que, lorsqu'il y a une volonté politique forte, la communauté
internationale peut aller de l'avant, malgré l'attitude
intransigeante de certains. En menant activement campagne contre
toute forme de réglementation qui restreindrait l'accès du marché
aux compagnies américaines du génie génétique et de
l'agro-business, les Etats-Unis adoptent une attitude criminelle
dans le domaine de l'agriculture, a déclaré Dan Hindsgaul, qui
demande aux Parties au Protocole de renforcer ce dernier et
d'adopter des règles en matière de biosécurité qui protègent
l'environnement et l'agriculture.
Maintenant que le Protocole entrera en vigueur, il est
nécessaire de concrétiser ces principes en veillant à leur mise en
oeuvre effective. Il est aussi important que d'autres pays
ratifient le Protocole et qu'ils veillent à ce que cette approche
sensée en matière de biosécurité soit le résultat d'un effort
véritablement mondial, a rajouté encore Dan Hindsgaul.
Notes: (1)Le Protocole de Carthagène sur la Biosécurité relatif à la Convention sur la Diversité Biologique entrera en vigueur 90 jours après la ratification de l'accord par 50 pays.