Sortie du nucléaire : l’orange bleue contourne l’obstacle

Les associations environnementales dénoncent les acrobaties des négociateurs de l’orange bleue pour contourner la loi de 2003

Communiqué de presse - 2 août, 2007
Les négociateurs réunis à Val Duchesse pour travailler à la formation du prochain gouvernement ont annoncé ce matin être arrivés à un accord sur l’avenir des centrales nucléaires en Belgique. Pour les associations environnementales, cet accord constitue une acrobatie visant à contourner la loi de sortie du nucléaire votée en 2003. Les furturs partenaires gouvernementaux évoquent ainsi, sans aucune justification pertinente, une révision du planning de fermeture des centrales.

Inter-Environnement Wallonie, Greenpeace et le Bond Beter Leefmilieu considèrent qu'il serait inacceptable et injustifié que l'accord de gouvernement prévoit de facto une prolongation de la durée de vie des centrales, fût-elle limitée à certains réacteurs. Rien ne justifie en effet aujourd'hui de remettre en question la planning de fermeture prévu dans la loi de 2003. Contrairement à ce que laisse entendre la note du formateur, la sécurité d'approvisionnement du pays n'est nullement menacée. Au contraire : les projets de production d'électricité mis en œuvre ou planifiés depuis  2003 seront plus que suffisants pour compenser la fermeture des premiers réacteurs programmée pour 2015. La présence d'une telle mesure dans l'accord de gouvernement serait d'ailleurs en contradiction avec les positions défendues par les partis francophones durant la campagne électorale au cours de laquelle libéraux et démocrates humanistes avaient insisté sur la nécessité d'organiser un débat sur l'approvisionnement énergétique avant toute décision. Et le VLD s'était quant à lui prononcé clairement en faveur de la fermeture des trois premiers réacteurs en 2015…

L'accord conclu aujourd'hui prévoirait également l'instauration d'un prélèvement sur les bénéfices exceptionnels des exploitants des centrales, une proposition semblant faire l'unanimité des partis impliqués dans la négociation. Les associations environnementales se réjouissent de l'adoption de cette mesure qu'elles réclament de longue date. Elles s'inquiètent toutefois des trop nombreuses zones d'ombres entourant cet accord de principe. Il semble en effet que ni les délais de mise en œuvre du prélèvement ni l'utilisation exacte des fonds récoltés ne soient à ce stade précisés. D'aucuns évoquent, la recherche dans le nucléaire dit « de quatrième génération », technologie totalement hypothétique dont on sait qu'elle ne saurait voir v le jour avant 2040 et augmenterait considérablement les risques en matière de sûreté en raison de l'utilisation de plutonium. D'autres prôneraient l'utilisation d'une partie de ce fonds « à d'autres fins budgétaires ».

Pour les associations environnementales, aucune de ces hypothèses n'est acceptable et elles rappellent deux règles de bases à leurs yeux incontournables. D'une part, un tel prélèvement sur les bénéfices exceptionnels doit être effectué dès aujourd'hui, et non à partir de 2015 en contrepartie d'une prolongation de la durée de vie des centrales comme certaines voix le réclament. D'autre part, l'utilisation de ce fonds devra être entièrement consacré à l'efficacité énergétique et aux développements des sources d'énergie renouvelables.

Inter-Environnement Wallonie, Greenpeace et le Bond Beter Leefmilieu demandent aux négociateurs de revoir leur position lorsque l'accord négocié aujourd'hui reviendra sur la table pour être finalisé. Derrière la sortie du nucléaire, c'est toute la question de notre approvisionnement énergétique futur qui est en jeu. Il n'est plus temps de gérer le présent ; il est devenu aussi impératif et urgent de préparer l'avenir … qui ne pourra passer que pour la sortie progressive mais volontariste du nucléaire.