Un candidat pour la casse 'stigmatisé' par Greenpeace

Les propriétaires de bateaux doivent assumer la responsabilité des substances toxiques à bord de leurs épaves

Communiqué de presse - 30 mai, 2003
Anvers, le 30 mai 2003 : Greenpeace a procédé aujourd'hui à la 'stigmatisation' d'un navire présent dans le port d'Anvers. Cette opération consiste à apposer sur le bateau arrivé en fin de vie, un logo métallique évoquant sa prochaine démolition. Le bateau concerné est un porte-conteneurs de la MSC. Greenpeace invite fermement cette compagnie maritime à signer une déclaration d'intention stipulant sa volonté de décontaminer le bateau avant de l'envoyer à la casse (Shipbreaking Statement of Intention). En juillet prochain, l'Organisation maritime internationale (OMI) prendra des décisions importantes en matière de bateaux 'prêts à la casse'. Greenpeace entend modifier l'attitude de l'industrie maritime réfractaire à l'adoption d'une réglementation contraignante pour le recyclage des bateaux.

Bateau tiré sur la plage pour y être démantelé

C'est la première fois que Greenpeace procéde à une telle opération sur un bateau toujours en service, à savoir le MSC INSA. Des opérations similaires ont été, jusqu'à présent, menées sur des navires déjà vendus pour la démolition . La compagnie maritime Mediterranean Shipping Company (MSC) qui prétend occuper le second rang mondial en ce qui concerne les porte-conteneurs et le nombre de vaisseaux affrétés (210 en 2003) est le propriétaire du bateau stigmatisé aujourd'hui. Cette compagnie a envoyé plusieurs bateaux à la casse en Asie sans procéder à leur décontamination préalable. La décontamination porte sur des substances comme l'amiante, les résidus d'hydrocarbures et les PCB.

Une telle pratique peut être qualifiée de trafic illégal de matières toxiques au vu de la Convention de Bâle qui réglemente le transfert des déchets vers les pays du Sud. Si l'on considère l'article 4.3 de cette convention, on peut considérer que cette pratique est criminelle. Les substances toxiques présentes à bord des navires à démolir constituent une menace pour la santé des ouvriers et une source de pollution pour l'environnement.

De nombreux précédents

Greenpeace a tenté à plusieurs reprises d'entrer en contact avec le propriétaire du MSC INSA mais sans succès. MSC a refusé de se prononcer publiquement sur cette question et d'apporter les garanties qu'elle décontaminera ses bateaux avant de s'en débarrasser. En février dernier, Greenpeace a, par exemple, été informée du devenir du MSC Rita. Ce navire présent à Anvers à l'époque était sur le point d'être envoyé à Alang en Inde. Le porte-parole de la MSC interrogé à propos de cette intention a formellement nié la rumeur. Ce qui n'a pas empêché d'envoyer le MSC Rita à la démolition en Asie... Ceci illustre à quel point la MSC manque de transparence en ce qui concerne sa politique en matière de bateaux 'prêts-à-la casse' et explique pourquoi Greenpeace a décidé de procéder d'apposer sur la coque du MSC INSA, le symbole de sa prochaine destination.

Une table ronde internationale

Avec ce type d'opération, Greenpeace entend donner un signal clair aux propriétaires de navires, à l'ensemble du secteur maritime et aux décideurs politiques. Tous doivent collaborer pour que les négociations internationales qui s'annoncent se soldent, enfin, par des progrès concrets. Une solution durable doit être trouvée pour ce problème qui est tant environnemental que social ou simplement humain.

Dans un rapport récemment publié, Greenpeace démontre que les propriétaires de navires profitent largement de la vente de leurs épaves en Asie. Chaque année, la démolition navale rapporte plus d'un milliard d'euros. On estime que cette pratique polluante rapporte en moyenne 2 millions par bateau démantelé. Le nombre de navires envoyés à la case augmentera dans les prochaines années, suite à l'application des nouvelles lois visant au phase-out des pétroliers monocoques.

Lundi prochain, un séminaire réunira, à Amsterdam, des spécialistes de la question . Les discussions porteront sur les grandes lignes d'un régime de responsabilités qui obligera les propriétaires à assumer leurs responsabilités environnementales et sociales, liées à la fin de vie des bateaux. Ce séminaire coïncidera avec le début d'un 'Witness Tour'. Des acteurs de la démolition navale en Inde et au Bangladesh visiteront plusieurs pays d'Europe du 2 au 20 juin prochain.