Des déchets nucléaires à ciel ouvert!

Page - 7 octobre, 2010
La Belgique produit annuellement 120 tonnes de déchets hautement radioactifs qui mettront des milliards d'années à perdre leur radioactivité. Ceci n'est qu'un aspect du problème rencontré dans notre pays. D'autres déchets radioactifs sont tout bonnement libérés dans l'environnement.

Greenpeace a dénoncé à plusieurs reprises cette situation qui ne semble toutefois pas s'acheminer vers une solution optimale. En effet, Belgoprocess, (filiale de l'ONDRAF), l'organisme d'Etat en charge du traitement des déchets nucléaires, vient de demander un renouvellement de son permis de déversement dans la Molse Nete, son permis actuel venant à échéance en 2011. Greenpeace a déposé en août 2010 une réclamation officielle soulignant les aberrations liées à cette demande d'extension.

La Molse Nete est une petite rivière qui coule dans la région de Mol et de Geel (province d'Anvers). Des déversements y sont pratiqués depuis une cinquantaine d'années. Belgoprocess (qui a repris, sur ce plan, les activités du Centre d'étude pour l'énergie nucléaire CEN) y déverse des eaux usées. Les particules radioactives décelées proviennent indirectement des centrales nucléaires de Doel (Anvers) et de Tihange (Huy).

Pour Belgoprocess, tout se fait dans le plus parfait respect des normes existantes tant en matière de radioactivité que de substances toxiques comme des métaux lourds. Des recherches entreprises en 2007 par Greenpeace ont toutefois permis de démontrer que ces normes ne sont pas efficaces. L'échantillonnage a notamment été réalisé à une distance de 3 kilomètres du principal point de déversement et analysé par un laboratoire indépendant.

Les eaux usées radioactives ET TOXIQUES qui finissent par se retrouver dans la Molse Nete proviennent du complexe nucléaire Mol-Dessel et d'activités comme la fabrication de combustibles, le traitement de déchets et la recherche nucléaire. Un tuyau de déversement d'une dizaine de kilomètres de longueur relie Belgoprocess et la Molse Nete. Des isotopes tels que l'américum-241, le cobalt-60 et le césium-137 ont été détectés dans les boues de cette rivière et sur ses rives.

La présence de ces éléments dans les boues de la Molse Nete est inquiétante à plus d'un titre. Des rayonnements extérieurs ont pu être enregistrés et présentent une certaine dangerosité. Une personne circulant sur les lieux pendant 12h30 par an est ainsi susceptible d'être exposée à des doses de radioactivité nécessitant un équipement spécifique. Or, ceci ne figure pas dans l'arsenal des promeneurs...

Un autre danger peut être identifié. En rentrant d'une balade, le long de la Molse Nete, le promeneur peut parfaitement être amené à inhaler des particules radioactives, par exemple en nettoyant la boue qui souille ses chaussures. Les substances ingérées de manière fortuite restent longtemps présentes dans l'organisme et peuvent irradier les tissus. Des cancers peuvent s'ensuivre sans qu'il soit bien sûr aisé d'établir un lien direct entre le moment de l'ingestion et les suites médicales.

Le traitement des déchets nucléaires en Belgique coûte plusieurs milliards d'euros et d'autres sommes devraient être imputées à l'assainissement d'une rivière comme la Molse Nete. En été 2010, l'ONDRAF (organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies) a lancé une consultation sur l'enfouissement des déchets nucléaires hautement radioactifs. Greenpeace a alerté l'opinion publique et a dressé l'inventaire des communes belges qui risquent de se transformer en poubelles nucléaires.

L'option de stockage irréversible la plus ouvertement envisagée pour les déchets hautement radioactifs n'est pas compatible avec la nécessité de contrôler sur le très long terme ces déchets «encombrants». Greenpeace préconise plutôt un entreposage en surface qui permet de garder un accès aux déchets enfouis.   

Bien évidemment, seule une fermeture des centrales nucléaires - selon le calendrier légalement établi - devrait permettre d'alléger un peu le poids que le nucléaire fait subir aux générations futures.

Plainte déposée par Greenpeace contre la nouvelle demande de permis d'environnement de Belgoprocess (en néerlandais uniquement).