Actualité - 13 mai, 2015
Après une séance-marathon à la commission Economie de la Chambre, les articles de loi concernant la prolongation de la durée de vie de Doel 1 et 2 ont été approuvés. Bien que la ministre Marghem se retrouve de ce fait en terrain dangereux sur le plan juridique, les partis de la majorité ont à l’aveugle choisi de se cramponner à une énergie du passé au lieu d’investir dans le futur. Greenpeace demande au parlement de ne pas se laisser guider par les intérêts d’Electrabel mais de choisir pour la sécurité des citoyens.
"Le plan de la Commission visant à prolonger la durée de vie de Doel 1 et 2, après avoir déjà prolongé celle de Tihange 1, est à la fois irresponsable et contre-productif", réagit Eloi Glorieux, chargé de mission Energie à Greenpeace Belgique. "Ces vieux réacteurs ayant été conçus pour une durée de vie active de 30 ans, il est impossible d’améliorer leur sécurité de manière à les rendre conformes aux exigences en vigueur pour les réacteurs les plus récents. Toute prolongation de leurs activités est une décision qui porte préjudice à la sécurité des 1,5 million de personnes vivant autour des réacteurs."
"La construction juridique de la proposition de loi – une note écrite à la main par la ministre Marghem ! – repose entièrement sur la nécessité de garantir l’approvisionnement en énergie alors que c’est précisément notre trop grande dépendance vis-à-vis de centrales nucléaires peu fiables qui constitue le problème. Prolonger leur durée de vie nous maintient dans cette situation intenable mais bloque aussi les mesures structurelles nécessaires pour développer des solutions durables. La majorité refuse par ailleurs d’envisager des alternatives moins onéreuses, comme le fait de renforcer notre interconnexion avec les Pays-Bas."
La prolongation pose question
La question est de savoir si ces réacteurs seront prêts pour livrer de l’électricité à partir de l’hiver prochain. Doel 1, par exemple, a été arrêté avant l’approbation de la loi, et tant le Conseil d’Etat que l’AFCN demandent à présent une nouvelle procédure d’autorisation. Ce n’est pas tout : le juge se prononcera prochainement dans le cadre du procès que Greenpeace a intenté contre le gouvernement fédéral pour obtenir la réalisation d’un rapport d’impact environnemental et une consultation publique qui doit s’étendre au-delà des frontières du pays, comme le prévoient les conventions internationales d’Espoo et d’Aarhus. A côté de l’affaire actuellement en cours, Greenpeace utilisera tous les recours possibles pour garantir la participation de la population dans ces décisions essentielles. "Que veut cacher le gouvernement en refusant la réalisation d’une étude d’impact environnemental ?" se demande Eloi Glorieux.
Les gagnants moraux de ce vote à la commission seraient donc bien Electrabel (l’exploitant des centrales) et la maison-mère ENGIE (l’ancien GDF Suez) à Paris, qui semblent en bonne voie pour continuer à faire de gros gains grâce à leurs vieux réacteurs et ce, pendant ces dix prochaines années. Ce projet de loi a été rédigé par des anciens employés d’Electrabel qui travaillent aujourd’hui au cabinet de la ministre Marghem. Le deal que cette dernière veut conclure avec Electrabel pour ce qui est du calcul concret de la rente nucléaire en "compensation" de cette prolongation va à l’encontre des principes de la légalité et de la transparence démocratique, selon le Conseil d’Etat.
L’énergie nucléaire a-t-elle encore une place dans une société ouverte et démocratique ? Le débat en commission a, à plusieurs reprises, été interrompu parce que la ministre refusait de transmettre les documents nécessaires. Eloi Glorieux : "Raccourcis juridiques, faux arguments et rétention d’informations : ce projet de loi est un bricolage juridique qui ne passera pas le test d’un screening solide. Greenpeace demande au parlement de ne pas suivre l’avis de la commission et de voter contre la prolongation de la durée de vie de Doel 1 et 2."