Le Rainbow Warrior, 29 ans après…

Actualité - 10 juillet, 2014
C’était il y a 29 ans. Le Rainbow Warrior coulait au port d’Auckland, à la suite d’une opération impliquant des agents des services secrets français. Un bombardement qui ne laissa aucune chance au photographe Fernando Pereira. Aujourd’hui, nous ne les avons toujours pas oubliés.



J’étais jeune à cette époque. Je n’étais pas sur place mais je me souviens parfaitement du choc que ça avait provoqué chez moi. C’est à ce moment-là que Greenpeace a vraiment réalisé tout l’impact de son travail, de ses actions. Lorsqu’on remet en question le pouvoir, l’autorité, les réactions peuvent être violentes… et inattendues. L’affaire du Rainbow Warrior en est un parfait exemple. 

Le bombardement de notre navire, ainsi que le procès des agents secrets concernés font désormais partie de l’histoire. Tout comme les activités révolutionnaires menées par le Rainbow Warrior, son opposition à la destruction de l’environnement pour le bien d’une croissance économique, sa méthode pour mettre en lumière des crimes environnementaux à travers le monde, sa façon de promouvoir la paix et de garantir un avenir durable aux générations futures.

Heureusement, le Rainbow Warrior II lui a succédé, écrivant peu à peu sa propre histoire. Lui aussi a contesté certaines législations mises en place, lui aussi s’est attelé à dénoncer des crimes environnementaux dans les océans du monde entier. Sans oublier, bien sûr, qu’il aide les populations locales à se révolter pour la préservation de leur environnement local, qu’il contribue à l’arrêt du déversement en mer de déchets nucléaires et toxiques, qu’il œuvre pour la protection du climat ou, encore, qu’il s’oppose aux baleiniers.
Et lui aussi a déjà été bombardé, abordé, « mis en quarantaine » et perquisitionné. J’espère que le simple fait de porter le nom de “Rainbow Warrior” n’y est pour rien.

A l’heure actuelle, c’est le Rainbow Warrior III qui sillonne les océans. Et nous sommes fiers qu’il le fasse, en Méditerranée pour la première fois. Il montre ses dents et n’a pas fini de le faire. Car la lutte pour contrer le changement climatique et pour stopper cette sacro-sainte dépendance aux énergies fossiles (ou nucléaires) passe par une pression continue, une attention sans faille à l’égard des gouvernements et des grandes entreprises.

En ce moment, il est engagé dans une campagne pour protester contre les forages pétroliers en Méditerranée. La crise économique au sud de l’Europe est vue comme une opportunité de renforcer notre dépendance au pétrole, quitte à exploiter le fragile écosystème marin de la Méditerranée. Insensé.

L’heure est à la révolution énergétique. Une ère où le pétrole, le charbon et le nucléaire n’ont pas leur place. C’est ça, la réalité. Un sacré défi en perspective, que nous visons à relever, comme tous les défis que nous offre un voyage à bord du Rainbow Warrior.

Nous ne vivons pas dans le passé, l’histoire ne doit pas nous limiter, nous empêcher d’avancer. Mais nous serions stupides de ne pas nous inspirer de nos racines et d’en être fiers.

29 ans plus tard, la lutte continue. “Go Warriors, go!”

Billet de Nikos Charalambides, directeur de Greenpeace Grèce