Action sanctionnée à Copenhague

La cour reconnaît le droit à la protestation pacifique

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Actualité - 24 août, 2011
Mardi, onze militants de Greenpeace de huit pays – dont un Belge – ont été condamnés à deux semaines de prison avec sursis à Copenhague. Le procureur avait réclamé des peines beaucoup plus lourdes car la protestation pacifique avait eu lieu à proximité de la famille royale danoise. Le juge en a décidé autrement.

Rappel des faits : lors du sommet de Copenhague sur le climat de 2009, les leaders mondiaux avaient notre avenir entre les mains et pouvaient certainement sauver le climat. Greenpeace avait déjà attiré l’attention des chefs d’État sur ce sujet à plusieurs reprises, notamment à l’occasion du dîner de gala offert par la reine du Danemark à l'occasion du sommet de Copenhague, et auquel assistaient tous les dirigeants. Deux militants – très élégants en smoking et robe de soirée – déjouèrent sans difficulté la sécurité, déployèrent leur banderole sur le tapis rouge et réclamèrent un accord sur le climat juste, ambitieux et contraignant, au nom de plusieurs millions de personnes. Les militants furent immédiatement arrêtés. Après les faits, ils passèrent encore vingt jours dans une prison danoise, en compagnie de deux autres militants.

Encourager le débat

La Cour a désormais rendu son jugement dans cette affaire. Les onze militants ont été jugés coupables d’intrusion de propriété privée, de falsification de documents et d’usurpation d’identité sur la personne d’un chef d’État. Une clause obscure de la loi pénale danoise, mentionnant un crime de lèse-majesté, a été rejetée. Les militants ont finalement été condamnés à 14 jours d’emprisonnement avec sursis et ne risquent donc plus la prison. Greenpeace Nordic s’est vu infliger une amende de quelque 10 000 €.

S’il ne tenait qu'au procureur, les militants auraient été condamnés à trois mois de prison, à une amende et, pour les étrangers, à une interdiction de pénétrer sur le territoire danois. Mais le juge a fait preuve de plus de compréhension. Il a reconnu le caractère pacifique de l’action, qui était clairement destinée à encourager le débat.

Soulagement

« J’ai fait ce que je jugeais nécessaire pour empêcher les changements climatiques. Malheureusement, les chefs de gouvernement qui étaient présents à Copenhague ne peuvent pas en dire autant », déclare le Néerlandais Joris Thijssen, soulagé de ne plus risquer la prison au Danemark. Pourtant, Joris n’est pas seulement soulagé : « Il est incroyable de risquer la prison uniquement parce que nous demandons aux responsables politiques de se concentrer sur le plus grand problème de notre époque : les changements climatiques. »

Ce procès au Danemark n’est pas un cas isolé. Au mois de mars, le tribunal correctionnel de Bruxelles avait condamné dix personnes à un mois de prison avec sursis et à une amende pour avoir participé à une action semblable organisée par Greenpeace lors d’un sommet européen à Bruxelles la veille du sommet de Copenhague sur le climat. Cette poursuite était disproportionnée et constitue, de même que le procès au Danemark, une preuve de la tendance visant à criminaliser la mise en place d’actions, même dans les pays dotés d’une tradition de liberté d’expression.

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