Mauvaise semaine pour le nucléaire

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Actualité - 17 septembre, 2012
L’annonce historique de la décision du Japon de sortir de l’énergie nucléaire vient clore une nouvelle semaine effroyable pour l’industrie nucléaire mondiale.

La décision du Japon de mettre un terme, d’ici les années 2030, à sa dépendance à l’énergie nucléaire le propulse aux côtés des nations telles que l’Allemagne et la Suisse à avoir renoncé au nucléaire après la catastrophe de Fukushima l’année dernière.

Il s’agit d’une avancée majeure pour un pays qui dépendait autrefois à 30% de l’énergie nucléaire. Elle fait suite à une vague de contestation publique dans un pays peu réputé pour sa désobéissance civile.

Cette décision intervient alors que deux réacteurs nucléaires ont été mis hors service en Belgique après la découverte de fissures sur leur cuve. Et pour achever de saper le moral de l’industrie cette semaine, l’Espagne a annoncé qu’elle fermerait sa centrale nucléaire de Garoña en juillet 2013, alors que le nouveau gouvernement du Québec a confirmé qu’il souhaitait lui aussi fermer le réacteur de Gentilly-2. Nous sommes à un tournant historique.

Pas de black-out observé au Japon

Greenpeace a prudemment accueilli la nouvelle « stratégie énergétique et environnementale » du Japon comme une décision longtemps attendue. Nous considérons pourtant que 18 ans est un délai bien trop long pour parvenir à un abandon total du nucléaire. Le Japon a déjà démontré cet été qu’il pouvait vivre sans énergie nucléaire suite à l’absence de panne d’électricité ou de black-out malgré le fait que seuls deux de ses 50 réacteurs nucléaires étaient en fonctionnement.
La voie à suivre est on ne peut plus claire.

Greenpeace a montré dans son scénario pour une [R]évolution énergétique qu’un développement rapide de l’énergie renouvelable et de l’efficacité énergétique permettrait au Japon de renouer avec la croissance économique tout en réalisant ses objectifs pour 2020 de réduction des gaz à effet de serre. Il n’a besoin de relancer aucun réacteur nucléaire fermé après la catastrophe de Fukushima.

En Europe, la mise hors service des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2 en Belgique, après que des inspections aient révélé l’existence de fissures dans leur cuve de protection en acier, souligne le risque permanent posé par le nucléaire en matière de sécurité publique. Les dégâts pourraient être si importants que les réacteurs ne seraient jamais redémarrés. Pour ajouter au malaise, il est probable que plusieurs autres réacteurs dans le monde présentent des symptômes identiques. Tous ces réacteurs possèdent en effet des cuves fabriquées par la société néerlandaise aujourd’hui disparue RDM (Rotterdamsche Droogdok Maatschappij).

L’agence belge de contrôle nucléaire, l’AFCN, a rassemblé des autorités de sécurité nucléaire le mois dernier à Bruxelles pour faire le point sur la situation. On comptait des représentants venant d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Espagne, de Suède, de Suisse, des États-Unis et d’Argentine. Greenpeace est toutefois très inquiète que les opérateurs et les régulateurs nucléaires veillant sur les réacteurs dans ces autres pays affirment ne connaître aucun problème.

Nous demandons la fermeture immédiate de tous ces réacteurs en vue de permettre des inspections approfondies et sérieuses et de garantir ainsi la sécurité publique.

Espagne

Sur une note plus positive, l’Espagne a marqué des points en termes de sécurité publique justement en annonçant cette semaine que la centrale nucléaire espagnole de Garoña serait fermée en juillet 2013. Les opérateurs de la centrale espéraient pourtant prolonger sa durée de vie jusqu’en 2019, ce qui aurait coûté quelque 120 millions d’euros en frais de modernisation et de sécurité, avant d’abdiquer cette semaine.

Cette annonce devrait marquer le départ de l’avenir renouvelable et durable de l’Espagne et représente en tout cas une énorme victoire pour les militants dans ce pays, qui se sont battus pendant 20 ans pour défendre une cause juste.

Au vu de tous ces éléments, on en vient à se demander combien d’autres claques l’industrie nucléaire pourra encore supporter. Sa lutte pour maintenir à flot son parc nucléaire semble plus que jamais vouée à l’échec.

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