Wilmar promet de mettre un terme à la déforestation !

Poster un commentaire
Actualité - 6 décembre, 2013
Le plus grand négociant d’huile de palme au monde, Wilmar International, s’est engagé à mettre en place une politique de « zéro déforestation ». Plusieurs entreprises belges clientes de Wilmar, dont Colruyt et Delhaize, ne peuvent plus se cacher derrière la RSPO.

C’est une potentielle bonne nouvelle pour les forêts indonésiennes ! Wilmar International, le plus grand négociant d’huile de palme au monde, a annoncé hier sa toute nouvelle politique visant à protéger les forêts et les tourbières. Il s’engage à ne plus aménager de plantations de palmiers à huile au détriment des forêts et tourbières et à ne plus s’approvisionner auprès de fournisseurs impliqués dans de tels aménagements. D’ici fin 2015, tous les fournisseurs de Wilmar devront respecter l’ensemble des dispositions de cette nouvelle politique.

Pression des consommateurs

Cette annonce fait suite à la pression exercée depuis des années par une série d’ONG, dont Greenpeace, et par des consommateurs dans le monde entier. A plusieurs reprises durant ces sept dernières années, Greenpeace a dénoncé l’implication de Wilmar dans des scandales environnementaux : aménagement de plantations dans un parc national, destruction de l’habitat du tigre et de l’orang outan ou feux de forêt l’été dernier à Sumatra.
Différentes entreprises belges, que nous avions publiquement citées en tant que clientes de Wilmar, nous ont ensuite aidés à accroître la pression sur Wilmar. 

Après les paroles, les faits

Wilmar International contrôle plus d’un tiers du commerce mondial de l’huile de palme. Son engagement pour une huile de palme « propre » peut donc être une étape importante vers la transformation de l’industrie controversée de l’huile de palme. Mais ce n’est que sur le terrain que nous pourrons évaluer la réussite de cette nouvelle politique. Pour des espèces menacées comme le tigre de Sumatra, il n’y a en tout cas pas de temps à perdre.

Le premier test sera de voir comment Wilmar se comportera avec les fournisseurs qui sont impliqués dans la déforestation et les conflits sociaux. Prenez par exemple le groupe Ganda, une entreprise liée actuellement à la déforestation, à la conversion illégale de tourbières et aux conflits sociaux. Le groupe Ganda viole tous les nouveaux principes de Wilmar. Le géant indonésien demandera-t-il à Ganda Group d’arrêter immédiatement ces pratiques destructrices et de s’engager à protéger forêts et tourbières ?

Bien que la nouvelle politique de Wilmar vise à solutionner les problèmes les plus importants, elle présente plusieurs lacunes. Greenpeace sera particulièrement attentive au respect des points suivants :

  • Une bonne gouvernance est capitale pour réformer le secteur de l’huile de palme. La politique de Wilmar devrait donc s’engager fermement à respecter les lois nationales, les traités et accords internationaux et à bannir la corruption. Et elle devrait également apporter une réponse au problème des plantations sur des sols tourbeux profonds (protégées par la loi) et sur des zones couvertes par le moratoire.
  • Compte tenu de l’expansion rapide du secteur de l’huile de palme sur l’île de Nouvelle-Guinée (Indonésie et Papouasie-Nouvelle-Guinée) et en Afrique, la politique de Wilmar International devrait faire preuve de la plus grande transparence sur toutes les négociations et accords en vue de l’octroi de nouvelles terres. Elle devrait aussi inclure des mesures pour garantir la sécurité alimentaire des communautés locales.
  • La politique de Wilmar doit veiller à ce que la croissance ne se produise que d’une manière responsable, tant écologiquement que socialement. Avant d’investir dans la capacité de traitement supplémentaire, l’entreprise doit veiller à ce que toute la capacité puisse être couverte, conformément à la nouvelle politique.
  • Le respect de la nouvelle politique devra être vérifié par un tiers indépendant.
  • Wilmar doit garantir la plus grande transparence, y compris en rendant publics tous les renseignements pertinents sur les installations de ses fournisseurs.
  • La politique doit s’attaquer à l’utilisation des pesticides (en interdisant, notamment, l’utilisation du paraquat) et exclure les OGM.

« Défi du Tigre »

Depuis 2005, Wilmar est membre de la RSPO (Table ronde sur l’huile de palme durable). Avec cette nouvelle politique, l’entreprise reconnaît que la certification RSPO ne va pas suffisamment loin. Le plus grand négociant d’huile de palme au monde s’est désormais engagé à casser le lien entre l’huile de palme et la déforestation. D’autres géants de l’huile de palme (Cargill, Musim Mas, Sime Darby…) et les grandes marques qui utilisent l’huile de palme ne peuvent que suivre cet exemple.

Greenpeace suivra de près la mise en pratique de l’engagement pris sur papier par Wilmar. Et dans le même temps, nous continuerons notre « défi du Tigre ». Que feront les grands consommateurs d’huile de palme comme Colruyt, Delhaize et Carrefour ? Continueront-ils à se cacher derrière les normes RSPO ou instaureront-ils enfin une politique de « zéro déforestation » fiable et sérieuse ? En tant que consommateurs, vous pouvez leur poser la question !

Thèmes
Aucun commentaire Ajouter un commentaire

Poster un commentaire 

Pour poster un commentaire, vous devez être inscrit(e).