L'Union européenne manque d'ambition pour le climat

Actualité - 22 octobre, 2009
Les ministres de l'Environnement de l'Union européenne (UE) n'ont pas réussi à s'accorder, ce 21 octobre, sur des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) suffisamment ambitieux.

40 militants Greenpeace ont déployé la plus grande revendication de tous les temps sur le glacier du Gorner en Suisse.

C'est au Luxembourg que se tenait ce Conseil de l'environnement crucial pour l'élaboration de la position que l'Union européenne défendra à Copenhague en décembre prochain. Malheureusement, les ministres présents n'ont pas réussi à fixer des objectifs de réductions en ligne avec les recommandations des scientifiques. Ce non-accord n'augure rien de bon pour les négociations de l'après-Kyoto du mois de décembre. Pour sortir l'Union européenne de cette impasse, il ne reste plus que les chefs d'Etats. Ces derniers se réuniront la semaine prochaine à Bruxelles et pourront encore redonner un coup d'accélérateur aux négociations de Copenhague.

Les ministres de l'Environnement ont démontré qu'ils ne voyaient les négociations en cours que d'un seul point de vue « politique ». Or, l'enjeu des négociations est bien plus large. Des populations entières risquent de voir leur accès à l'eau et à la nourriture modifié. Les zones les plus peuplées de la planète sont menacées et la vie d'innombrables êtres humains déjà défavorisés pourrait être singulièrement compliquée. Cette situation pour le moins alarmante n'est pourtant pas une fatalité. Les chefs d'Etats européens ont le devoir de réagir. Les conséquences de leur inaction risquent en effet d'être des plus lourdes.

Lors du Conseil des ministres de l'Environnement de ce 21 octobre, les ministresses sont bornés à répéter la promesse d'engagement de réduction de 30% des émissions de l'UE d'ici à 2020. Ils n'ont pas suivi l'exemple du Japon oucelui, pourtant proche, de la Norvège qui s'est engagée à réduire ses émissionsde -40 % d'ici 2020. Cet objectif de -40 % de GES (année de référence 1990) correspond au minimum requis par les scientifiques soucieux de nous éviter les conséquences du réchauffement planétaire.

Lundi dernier, la Commission environnement du parlement européen avait pourtant indiqué la direction à prendre en reconnaissant explicitement la nécessité pour l'UE de s'engager pour une réduction de -40 % d'ici 2020.

Marine et aviation

Les ministres de l'Environnement ont proposé des objectifs de réductions des émissions de GES pour les secteurs de l'aviation et de la marine (respectivement de -10 % et de -20 % en comparaison aux niveaux de 2005). Greenpeace se réjouit évidemment de cette décision étant donné la forte augmentation des émissions de ces deux secteurs ces dernières années. Mais cet objectif leur laisse en pratique la possibilité d'augmenter leurs émissions d'un tiers par rapport à 1990. Greenpeace s'interroge évidemment sur un pareil traitement de faveur.

Déforestation

Une note positive de la déclaration du Conseil environnement est sans conteste leur remise en question de l'intégration future des crédits alloués en contrepartie de programmes de protection d'une zone de forêt tropicale dans le marché du carbone. Intégrer ces crédits aurait une influence déstabilisatrice sur ce marché déjà très instable. Les Ministres ont plutôt plaidé pour la mise à disposition d'argent public pour préserver la biodiversité et arrêter la déforestation.

Historiquement, l'UE a déjà accumulé une « dette carbone » énorme en soutenant des entreprises responsables de la déforestation. C'est dès lors une responsabilité qui lui incombe de prévoir de l'argent public pour préserver les forêts qui peuvent encore l'être.