Page - 21 décembre, 2009
Cette fois, ça y est. C'est le flop. L'accord politique qui vient d'être signé par les Etats-Unis, la Chine, l'Afrique du Sud, l'Inde et le Brésil ressemble à une belle tranche de gruyère : un petit peu de matière et des trous... Des trous tellement volumineux que l'on chuchote ici que l'Air Force One, l'avion d'Obama pourrait s'y faufiler. En parlant d'avions, les dirigeants de ces pays se sont fait la malle. Hop, en rangs serrés à l'aéroport. Obama n'a pas estimé nécessaire d'attendre pour apposer son auguste signature au bas du papier.
Entre nous, signature ou pas, ça ne change pas grand chose. Cet
accord n'a rien de contraignant et, entre les trous, il n'y a
franchementpas grand à se mettre sous la dent... Les objectifs de
réductionsne sont pas précisés, le financement à long terme de
l'aide auxpays en voie de développement n'a pas assuré de
manièreconvaincante. Il n'y a franchement pas de quoi nous attaquer
au platde résistance de ce round de négociations : le maintien
destempératures planétaires sous les 2°C.
Voila pour le locataire de l'Air Force One, mais si on regarde
du côté del'Europe, il n'y a franchement pas de quoi pavoiser.
L'Unioneuropéenne aurait pu faire la différence mais elle s'est
contentéede faire tapisserie. Plus question de prendre le lead en
matière delutte contre les changements climatiques. Pour l'instant,
le BellaCenter retient son souffle dans l'attente de voir qui
s'accomodera decette "malheureuse tranche de gruyère" et qu'elles
seront lesdécisions finales de la conférence. Cela nous fera - une
fois deplus - encore une longue nuit devant nous.
La déception estpalpable partout. On la sent aussi bien du côté
des organisationsnon gouvernementales que du côté des délégations.
Et ladélégation belge n'échappe pas à cette règle. L'ambiance
n'estcertainement pas meilleure si on se tourne du côté
desnégociatieurs d'autres états membres européens. Tous
cesnégociatieurs ont travaillé pendant de longs mois, certains
ontdéfendu bec et ongles des points de vue progressiste, d'autres
sesont retranchés derrière des prises de position bien
moinsambitieuses mais tous réalisent que l'attitude de l'Union
européenneflirte dangereuse avec la limite inférieure que l'UE
s'est fixée.
Il y a quelques heures, Yves Leterme a réuni l'ensemble de
ladélégation belge. La Belgique a du mal à avaler la coulevre
bienque l'attitude de notre première ministre aie été un tant soit
peuambigue. Je m'accroche à cette idée : la Belgique peut faire
ladifférence lorsqu'elle assumera en juillet 2010 la présidence
del'Union européenne. L'Union européenne doit redorer son
blasonclimatique. Que la Belgique contribue à ce sauvetage devient
pournous un objectif prioritaire.