Un volontaire belge qui protège le climat en Indonésie témoigne

Actualité - 4 novembre, 2009
Alors que les leaders mondiaux sont réunis à Barcelone pour préparer le sommet climatique de Copenhague, nos militants agissent face aux changements climatiques résultant de la destruction de la forêt tropicale en Indonésie. Nicholas, un volontaire belge, fait partie de l'expédition sur la péninsule de Kampar, à Sumatra en Indonésie. Voici un extrait de son carnet de voyage.

Nicholas en action au "Climate Defenders Camp" en Indonésie

« La péninsule fait partie des derniers vestiges de tourbières avec la particularité d'avoir une strate arborée très luxuriante. Là où le milieu est resté intact, on trouve une vingtaine d'espèces d'arbres et plus de 80 espèces herbacées au kilomètre carré. Certaines parties de la péninsule sont encore intactes et peuvent être appelées « forêts primaires ».

Chaque matin et chaque soir nous passons en bateau près de ces forêts uniques. Jusqu'à présent,  nous y observons essentiellement des singes qui semblent bien sympathiques. Plus loin dans la péninsule, à l'intérieur des terres, il est évident que la biodiversité animale doit être bien plus riche. Il me manque aussi des jumelles car à deux mètres de distance, un singe ressemble à un autre singe...

Chaque matin, nous longeons la côte pendant près d'une heure pour arriver au 'Damming'. C'est le terme que nous utilisons pour désigner l'endroit où nous travaillons. Pour exploiter la forêt, des canaux sont creusés. Ces canaux permettent le transport du bois. Ils assèchent aussi progressivement les tourbières et font perdre toute espérance de survie à ces écosystèmes très spécifiques. Les bois intéressants pour la vente sont coupés et le reste est brûlé ou meurt sur pied car leur milieu naturel est bouleversé.

Depuis 6 jours maintenant, nous construisons le barrage qui doit permettre aux tourbières de se réhydrater à nouveau. A mon sens, c'est un travail symbolique mais qui porte un message fort. Le travail de construction prend énormément de temps. Tout est assez lent car nous travaillons avec les moyens du bord. Nous transportons le bois à la nage ou sur des radeaux de fortune. Nous devons attendre la marée haute car la rivière est reliée à la mer de Chine.

Ces derniers jours, nous profitons du phénomène appelé « le Bono» qui est une grande vague qui arrive deux fois par mois à son apogée. Cela nous facilite le travail bien qu'aujourd'hui elle était tellement haute que nous ne pouvions pas continuer à travailler. Cette pause conjuguée à l'apogée de cet évènement nous a permis d'observer toute la faune qui d'habitude se cache. Les scorpions, mille-pattes, lézards, araignées ou insectes en tout genre quittent en effet leur cachette par crainte de noyade.

Les poteaux verticaux constituant la structure du barrage sont long de 5 mètres et nous les enfonçons avec les moyens du bord, c'est à dire 99% d'énergie humaine!

Le travail est long et répétitif mais les jours ne se ressemblent pourtant pas. De nouvelles personnes se joignent quotidiennement à nous, des volontaires de Greenpeace mais aussi des locaux. Le week-end dernier, Mélanie Laurent, qui vient de tourner dans le film de Quentin Tarantino "Inglourious Basterds", nous a rejoint pour nous donner un coup de main.

L'actrice Melanie Laurent au "Forest Defenders Camp" en Indonésie

Aujourd'hui le passage du Bono est bien visible sur les berges... En effet à chaque passage de la marée, la surface de la péninsule diminue. Les racines ne peuvent plus jouer leur rôle de maintien du sol. Ces tourbières sont pourtant capables de fixer une quantité de carbone bien supérieure au autres types de sol.

Je dois laisser place aux autres sur l'ordinateur et aller me coucher car demain, c'est lever à 4 heures et il est déjà 22 heures. »

La déforestation est responsable d'un cinquième de toutes les émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Les forêts peuvent donc jouer un rôle important dans la lutte contre les changements climatique. C'est un facteur important que dirigeants mondiaux ne devront pas négliger à Copenhague. Greenpeace propose de créer un fonds international pour protéger les forêts.

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