Actualité - 13 avril, 2011
Peut-être le nom de Jan Vande Putte vous dira-t-il quelque chose ? En tant que Belge qui a dirigé l'étude de Greenpeace international sur le rayonnement dans et autour de la zone d'évacuation de la centrale nucléaire de Fukushima, il est apparu régulièrement dans les médias au cours des semaines écoulées. Il nous parle ici de son expérience au Japon.
Jan Vande Putte, le Belge qui a dirigé l'étude de Greenpeace international sur le rayonnement dans la zone d'évacuation de la centrale nucléaire de Fukushima.
“Les nouvelles de Fukushima m’ont profondément interpellé. Au cours des six dernières années, j'avais réalisé pour Greenpeace des modèles mathématiques avec lesquels j'étudiais l'impact des accidents nucléaires graves et des accidents impliquant des réacteurs à eau légère. Les estimations pour la dispersion de la radioactivité devenaient tout à coup beaucoup plus concrets. Les jours qui ont suivi la catastrophe naturelle du 11 mars, c'était surréel et angoissant de voir comment nos scénarios en cas d’accidents nucléaires étaient réalistes et constituaient pratiquement le script des événements de Fukushima. À peine quelques jours après la première explosion, les soi-disant experts du secteur nucléaire étaient déjà occupés à minimiser la catastrophe et à diffuser le message que l'énergie nucléaire était sûre. L'industrie nucléaire a toujours eu du mal à regarder certaines réalités en face. Mais dans ce cas, ce déni complet de la réalité m'a fait penser à Kadhafi qui déclarait qu'il n'y avait absolument aucune révolte dans son pays alors que des centaines de milliers de Libyens manifestaient dans la rue.”
“Lorsque Greenpeace m'a demandé d'aller seconder le bureau japonais de Greenpeace où nos collègues travaillaient dans des conditions incroyablement difficiles, je n'ai pas hésité une seule seconde. Une petite équipe a été réunie et je suis parti. Même pas lorsqu'il s'est avéré que je devais mettre sur pied un circuit autour de Fukushima pour y mesurer la radioactivité. L'exploitant de la centrale nucléaire comme le gouvernement japonais sont réputés pour minimiser les risques de l'énergie atomique et présenter les choses sous un jour plus favorable. Nous trouvions important d'analyser la situation sur place et d’en informer la population japonaise..”
“Le Japon possède un potentiel énorme en matière d'énergie renouvelable. Son littoral étendu, par exemple, se prête idéalement à l'énergie éolienne, aussi bien sur terre qu'en mer, et les conditions sont également optimales pour l'énergie solaire. Le Japon n'a pas besoin d'énergie nucléaire : les énergies renouvelables constituent une solution meilleure, moins chère et plus sûre. Les éoliennes qui sont déjà installées au Japon ont survécu au tremblement de terre et au tsunami. Les panneaux solaires ne peuvent pas exploser. J'espère que nous contribuerons d'une manière ou d'une autre à un choix rationnel en matière d'énergie.”
Qui est Jan Vande Putte?
“Je suis né le 21 septembre 1965 et j'habite à Louvain, qui n'est pas très loin de Bruxelles. J'ai deux filles de 17 et 19 ans. J'ai obtenu une maîtrise en sciences politiques à l'université de Louvain et un diplôme en protection contre les rayonnements à l'université d’Utrecht. Après avoir travaillé pour International Physicians for the Prevention of a Nuclear War (IPPNW) jusqu'en 1994, j'ai rejoint Greenpeace Belgique dans le cadre de l'organisation de la campagne pour le désarmement nucléaire et ensuite de la campagne contre l'énergie nucléaire. Entre 2003 et 2007, j'ai travaillé pour Greenpeace International et, depuis 2010, mon travail se partage entre Greenpeace Belgique et Greenpeace International. Je suis spécialisé dans les questions de dispersion de la radioactivité et de protection contre les rayonnements. J'aime la bière belge, faire du vélo et la montagne. Et j'aime aussi les bons petits plats !"