Le mois dernier, nos collègues allemands ont mené un sondage auprès des grandes chaînes de bricolage de leur pays, qui portait notamment sur la vente d’herbicides au glyphosate. Il en ressort que quatre grands acteurs du secteur vont éliminer de leurs rayons l’herbicide controversé que vous connaissez certainement sous le nom de sa marque phare, le Roundup : Obi, Bauhaus, Baumarkt et Hornbach.

Nous vous avions déjà annoncé que dans les pays voisins, principalement aux Pays-Bas, huit chaînes de magasins de bricolage ne vendaient plus cette substance nocive.

En Belgique, nous n’en sommes pas encore là. Au mois d’août, nous avons lancé une pétition vous permettant d’envoyer un courriel à la direction de Brico, Gamma, Hubo et Aveve. Plus de 15.000 personnes ont déjà répondu à notre appel et demandé à ces magasins de ne plus vendre de glyphosate, leur adressant ainsi un signal fort. Merci à tous ceux qui ont participé à notre action !

Nous vivons aujourd’hui un moment décisif. Au bout de cinq mois de pression, Greenpeace va bientôt rencontrer les responsables des chaînes de bricolage. Et heureusement, nous ne nous sentirons pas seuls. Il est clair maintenant que beaucoup de gens soutiennent notre revendication, et qu’ils sont même prêts à agir à nos côtés.

Une situation européenne complexe

Dans notre pays, le secteur de la distribution a toujours soutenu qu’il n’était pas illégal de vendre des produits contenant du glyphosate. Si ce type d’herbicides n’est pas (encore) interdit chez nous, c’est en partie à cause de la situation complexe en Europe.

L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) a entrepris une évaluation du glyphosate en tant que substance active. Cette évaluation doit notamment prendre en compte l’étude de l’Organisation mondiale de la santé, ou plus précisément du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui a récemment classé le glyphosate dans la catégorie "probablement cancérogène", ainsi que diverses recherches non publiées menées par l’industrie.

Mais il s’agit d’une procédure opaque. Les producteurs de la substance controversée (comme Monsanto, Syngenta et Dow) se sont associés pour former ce qu’ils ont appelé "un groupe d’experts du glyphosate". L’analyse de l’Institut allemand pour l’évaluation des risques, qui doit à son tour conseiller l’EFSA, repose en grande partie sur les études consacrées à l’impact du glyphosate sur l’homme et l’environnement fournies par ce groupe. Et curieusement, celles-ci ne sont pas divulguées. Elles ne l’ont même pas été lorsque l’ONG allemande Testbiotech les a réclamées à la Commission européenne.

Un criant besoin de transparence

Il se fait que l’Institut allemand pour l’évaluation des risques a conclu sur la base d’études "secrètes" que le glyphosate n’était pas nocif pour la santé humaine, tout le contraire de ce qu’affirme le CIRC.

Apparemment, la confidentialité de ces études est très sélective. En effet, l’accès à ces dernières est refusé aux experts indépendants, alors que l’industrie y a eu accès dès janvier de cette année. Compte tenu de la décision du CIRC, il est d’intérêt public que l’évaluation du glyphosate soit transparente, ce qui est actuellement impossible.

Des abeilles désorientées

L’accent est mis aujourd’hui sur le fait que le glyphosate est probablement cancérogène, mais nous ne devons pas oublier que cette substance est aussi nocive pour l’environnement. Une nouvelle recherche publiée par le Journal of Experimental Biology suggère entre autres que le glyphosate compromet les capacités d’orientation des abeilles. Les doses recommandées de glyphosate dans l’agriculture auraient un impact évident sur leur trajectoire de vol. Tout le monde sait maintenant à quel point ces insectes sont importants pour la nature, mais aussi pour notre production alimentaire. Les risques auxquels nous expose le glyphosate ne peuvent plus être passés sous silence. Il est grand temps d’agir.

Et vous, avez-vous déjà demandé à Brico, Gamma, Hubo et Aveve de ne plus vendre de glyphosate ?