Enfin ! Plus de 300 jours après une action de protestation menée à l’encontre de la plateforme pétrolière Prirazlomnaya, l’Arctic Sunrise a retrouvé ses quartiers samedi, au port d’Amsterdam. Si les conséquences de cette action pacifique, qui a marqué le début de l’histoire des « Arctic 30 », ont fait couler beaucoup d’encre et suscité l’intérêt des médias du monde entier, d’autres éléments très positifs ont été passés sous silence. Car depuis lors, des avancées significatives ont été constatées dans les politiques russes.

lundi 11 août 2014

L’Arctic Sunrise a été chaleureusement accueilli samedi, au port d’Amsterdam.

 

Voici les 6 changements les plus remarquables.

1. La Russie a annoncé qu'elle soutiendrait, au sein du Conseil de l'Arctique, une convention internationale juridiquement contraignante contre la pollution par le pétrole des mers arctiques. C'est précisément un objectif pour lequel se bat Greenpeace ! Néanmoins, en 2013, le Conseil de l'Arctique a présenté un projet très décevant de convention qui ne reprenait aucune exigence à l'égard des sociétés opérant dans la région de l'Arctique. Nous espérons que le document final, attendu d'ici la fin de cette année, sera plus explicite. Et pourquoi pas grâce à la contribution des délégués russes.

2. Le président russe Vladimir Poutine a chargé son gouvernement et les compagnies pétrolières russes de préparer des mesures destinées à protéger la biodiversité de l'Arctique contre les marées noires, en collaboration avec des scientifiques et des ONG.

3. Gazprom a fait des efforts pour améliorer son plan d'urgence contre les marées noires pour Prirazlomnaya. Ce plan contenait en effet des lacunes manifestes. Greenpeace Russie a sévèrement critiqué les faiblesses du plan d'intervention de Gazprom en cas de marée noire, qui prévoit de nettoyer des dizaines de kilomètres de littoral potentiellement pollués par une marée noire uniquement à l'aide de « 15 pelles et 15 seaux ». Désormais, la compagnie fournit généreusement, à la place, 69 ensembles d'équipements. Encore mieux : elle prévoit d'acheter deux navires de réserve pouvant servir en cas d'urgence.

Si ajouter des bateaux et des seaux au plan d'intervention n'empêchera pas un accident pétrolier au large de l'Arctique de dévaster l'environnement, nous considérons toutefois ces changements comme un signe positif de Gazprom, habituellement inflexible.

4. Le ministre russe de l'environnement a finalement reconnu l'énorme ampleur du problème des déversements de pétrole en Russie et a promis de recourir à de nouvelles technologies afin d'améliorer la situation. Depuis de nombreuses années, les autorités russes ont refusé d'admettre le problème et n'ont pratiquement rien fait pour éviter que des milliards de tonnes de pétrole ne s'échappent chaque année dans l'eau et le sol. Cependant, le ministre des ressources naturelles a reconnu cette année que l'État ne disposait d'aucune information fiable sur les déversements de pétrole et les dégâts qu'ils impliquent pour l'environnement. Il a également annoncé que le gouvernement souhaite améliorer la situation via l'utilisation de technologies modernes telles que la surveillance par satellite.

5. Le ministère des ressources naturelles, à la suite de la campagne menée par Greenpeace Russie, a concédé que l'octroi de licences à des géants pétroliers tels que Rosneft et ExxonMobil pour exploiter les hydrocarbures présents dans des réserves naturelles fédérales russes n'est pas une bonne chose. En vertu du droit russe, toute activité industrielle au sein de zones protégées est illégale. Par conséquent, le ministère devra ajuster les délimitations des concessions qui empiètent sur le parc national de l'Arctique russe, la réserve de l'archipel François-Joseph et plusieurs autres territoires, d'ici la fin de cette année.

6. Greenpeace Russie a souligné que, conformément à la réglementation russe actuelle, une plateforme pétrolière offshore telle que Prirazlomnaya est autorisée à extraire du pétrole pendant deux ans sans avoir à former son personnel à la gestion d'une marée noire. Aujourd'hui, le ministère des situations d'urgence a rédigé des amendements qui devraient changer cette situation absurde.

Nous sommes certains que ces adaptations positives ont été suscitées, au moins en partie, par la protestation pacifique contre Prirazlomnaya en septembre 2013 et par la campagne internationale « Save The Arctic ». Certes, Prirazlomnaya, la première et unique plateforme pétrolière offshore en Arctique, a commencé ses forages. Mais ce projet surestimé et mégalomane commence déjà à justifier nos mises en garde. Un seul petit bateau-citerne de pétrole arctique de faible qualité – c'est tout ce que ce monstre rouillé a réussi à exporter en sept mois d'exploitation.

Il est très probable qu'il perdra la bataille contre les rudes conditions de l'Arctique, à l'instar de Cairn Energy au Groenland et de Shell en Alaska. L'Arctique aura alors gagné. De notre côté, nous mettrons tout en œuvre afin que le monde comprenne que cet exemple de forage offshore dangereux en Arctique ne mérite pas d'être suivi.

- Maria Favorskaya est attachée de presse pour Greenpeace Russie