Les « 30 de l’Arctique » ont enfin retrouvé leurs amis et famille. Je ne pouvais m’imager un plus beau cadeau pour les fêtes de fin d’année. Leur retour à la maison, après deux mois de détention, m’ont permis d’enfin me relâcher et de profiter pleinement de mes vacances.
J’ai vécu toute l’affaire à distance. Imaginez-vous le soulagement de Faiza, Ana Paula et les autres « 30 de l’Arctique ». Après des mois d’incertitude, ils peuvent enfin reprendre une vie normale.

Du soulagement mais également des sentiments partagés. C’est sans doute de cette manière qu’on peut évoquer la décision d’accorder une amnistie aux 28 militants de Greenpeace International et aux 2 journalistes indépendants... Car recevoir le « pardon » de la Russie pour un crime qu’on n’a pas commis a de quoi laisser un goût amer.

Ana Paula, militante brésilienne qui se trouvait à bord de l’Arctic Sunrise au moment de l’arrestation déclare : « En fait, la Russie me pardonne pour un crime que je n’ai pas commis. Je suis inquiète aussi pour mes collègues russes qui eux, risquent un casier judiciaire. Ce n’est pas tout : notre bateau est toujours bloqué à Mourmansk et surtout, l’Arctique ne bénéficie pas de l’amnistie Or, la région en aurait bien besoin. Bref, mes sentiments sont partagés et je ne compte pas sabrer le champagne. »

Je ne peux que tirer mon chapeau aux « 30 de l’Arctique », qui ont sacrifié trois mois de leur vie, dont deux mois derrière les barreaux mais qui demeurent toujours aussi déterminés. C’est admirable. Bien sûr, cette histoire n’aurait jamais dû aller si loin. La réaction des autorités russes était disproportionnée. Leur but était clair : mettre les actions de protestation pacifique contre les forages pétroliers d’entreprises comme Gazprom sous l’éteignoir.

Les derniers mois ont montré que les autorités russes ont raté leur coup. Les activités de Gazprom – et celles d’autres compagnies pétrolières qui veulent extraire pétrole et gaz de l’océan arctique – se sont finalement retrouvées sous les projecteurs. Une attention qui, pour une société comme Gazprom – très active sur le marché européen –, peut faire très mal.

Justice n'est pas encore faite

Si les « 30 de l’Arctique » bénéficient d’une amnistie, on ne peut malheureusement pas en dire autant en ce qui concerne l’Arctique. Gazprom, Shell et les autres cow-boys de l’industrie pétrolière comptent toujours bel et bien explorer l’Arctique, au risque d’engendrer une catastrophe environnementale. Gazprom va d’ailleurs probablement annoncer dans les prochains jours qu’elle sera la première compagnie pétrolière à extraire du pétrole dans l’océan arctique. Ironie du sort : Gazprom compte procéder avec la même plateforme que celle qui avait été visée par les « 30 de l’Arctique » il y a trois mois en mer de Pechora.

Les projets en Arctique : de la pure folie

De son côté, après une « pause » forcée suite à divers incidents et à un refus de licences en 2012 et début 2013, Shell compte reprendre son programme d’exploration pétrolière en Alaska à l’été prochain. En avril 2013, Gazprom et Shell avaient décidé de s’associer pour pouvoir, à l’avenir, forer en Arctique russe.

De la pure folie, nous avons déjà pu nous en rendre compte. D’autant plus quand on sait que l’agence internationale de l’énergie a indiqué récemment que deux tiers des réserves connues d’énergies fossiles devaient rester hors de portée de l’homme. Et ce afin d’éviter le chaos climatique. Or, les réserves énergétiques situées en Arctique n’appartiennent même pas à ce groupe de réserves « connues ». Elles devraient donc rester là où elles sont.

C’est sûr, la lutte est loin d’être finie !

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