Coûteuse, impopulaire et mauvaise pour l’environnement. Les histoires les plus folles circulent à propos de la transition énergétique allemande. Mais qu’en est-il réellement ? N’est-il pas temps de faire la lumière sur ce programme ambitieux visant à la fois à fermer toutes les centrales nucléaires et à atteindre des objectifs climatiques forts ?  

Rapport complet sur les mythes

Mythe 1: la fermeture des centrales nucléaires allemandes engendre une hausse des émissions de CO2

Entre 1990 et 2014, les émissions de CO2 ont baissé de 26% en Allemagne. La fermeture de certaines centrales nucléaires (comme celle de Biblis sur l’image, à 160 km de la frontière belge) n’a pas entraîné une hausse des émissions de CO2. Que du contraire. En Belgique aussi, la part du nucléaire peut être remplacée par les renouvelables.

Mythe 2: en Allemagne, la sortie du nucléaire entraîne une hausse de l’utilisation du charbon et du lignite 

En 2014, les renouvelables ont produit plus d’un quart des besoins en courant de l’Allemagne. Le lignite arrive à la seconde place. En raison des prix très faibles du CO2, ce combustible hautement polluant est plus intéressant sur le plan économique que le gaz par exemple. Mais ceci n’a aucun rapport avec la sortie du nucléaire. Fort heureusement, l’utilisation du charbon est en diminution et cela fait des années que le pays a renoncé à construire de nouvelles centrales.

Mythe 3: la transition énergétique allemande rend l’énergie hors de prix

Si l’on regarde ces 12 dernières années, on constate que les prix de gros de l’électricité allemande sont aujourd’hui au plus bas. Une énergie durable toujours moins coûteuse pousse les combustibles fossiles (plus onéreux) hors du marché. Pourtant, les ménages allemands ne le constatent pour ainsi dire pas : l’avantage est surtout répercuté sur les grosses entreprises, les fournisseurs d’énergie et les entreprises étrangères qui achètent l’électricité.

Mythe 4: la croissance des énergies renouvelables en Allemagne fonctionne à coups de subsides 

 

Le soutien aux énergies renouvelables diminue d’année en année. De plus, ce soutien est bien plus faible que celui accordé au charbon et au nucléaire. Ces derniers ont reçu durant ces 40 dernières années presque 10 fois plus de subsides que les énergies solaire et éolienne combinées.

Mythe 5: la transition énergétique est néfaste à l’économie allemande

 

Le secteur renouvelable en Allemagne occupe aujourd’hui 341.000 personnes. Bon nombre d’entre elles travaillent dans l’installation et l’entretien des panneaux solaires et des éoliennes : il s’agit d’emplois locaux, qui ne peuvent être délocalisés. L’industrie allemande profite par ailleurs aussi du développement des nouvelles technologies, comme les systèmes de stockage et les smart grids.

Mythe 6: l’approvisionnement énergétique n’est pas garanti

 

En raison de la croissance rapide des énergies renouvelables, l’Allemagne produit en ce moment plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Il ne fait donc aucun doute, l’approvisionnement du pays est garanti. Le rendement des renouvelables est toutefois au mieux lorsqu’elles sont utilisées en combinaison avec des turbines au gaz flexibles (au lieu de centrales nucléaires peu flexibles) et dans le cadre d’un vaste réseau européen.

Mythe 7: la transition énergétique causera de graves problèmes au réseau électrique

 

Le réseau électrique allemand est pratiquement le plus fiable d’Europe. Un réseau stable et de grandes quantités d’énergies renouvelables peuvent donc parfaitement coexister. L’Espagne et l’Italie augmentent elles aussi leurs capacités renouvelables et affichent des performances à la hausse.

Mythe 8: la transition énergétique allemande ne bénéficie d’aucun soutien populaire

La population est en faveur de la transition énergétique allemande, même si des manifestations contre certains projets spécifiques voient le jour ici et là. Les habitants du pays préfèrent avoir un parc solaire ou des éoliennes près de chez eux plutôt qu’une centrale nucléaire ou au charbon. Si les renouvelables sont de plus en plus acceptés, c’est aussi grâce au fait que les citoyens et les communes peuvent acquérir des parts dans ces énergies vertes. Ils en tirent en outre des revenus.

Mythe 9: seule l’Allemagne travaille à une transition énergétique

 

La progression allemande en matière d’énergie renouvelable est significative et spectaculaire : de 9,4% de mix électrique en 2004 à 27,8% en 2014 ! D’autres pays suivent aussi ce chemin. Le Danemark est le leader mondial en énergie éolienne, l’Italie a atteint le cap des 30% d’énergies renouvelable et l’Espagne s’approche même des 40%.

Et chez nous ?

A l’opposé de nos voisins, le gouvernement belge continue pour l’heure à s’accrocher au nucléaire. Mais surtout, les prolongations de Doel 1 et 2 sont un vrai coup au développement des énergies renouvelables. Il manque clairement une vision nette et à long terme de gestion de l’énergie, qui permettrait à des investisseurs de bâtir une capacité énergétique nouvelle et durable dans notre pays. Pourtant l’exemple de l’Energiewende allemand prouve qu’un passage aux énergies renouvelables apporte : de l’électricité moins chère, la création d’emplois locaux et moins d’émissions de CO2. Pourquoi attendons-nous encore ?

Découvrez à quel point votre fournisseur d’énergie est vert et durable et passez à l’énergie renouvelable.

Photo mythe 6: Marshelec (Creative Commons); graphique mythe 3: Bloomberg; graphique mythe 8: Strom-Report.