La semaine passée, le journal flamand 'De Morgen' faisait sa première page sur le clash entre la ministre flamande de l’Environnement et le ministre fédéral de l’Energie. Joke Schauvliege et Paul Magnette se disputent toujours à l’heure d’écrire ces lignes sur un enjeu apparemment symbolique: qui va parler au nom de l’Union européenne et de la Belgique lors de la partie ministérielle de la conférence de Cancun?

Ce conflit a pour toile de fond un enjeu bien plus important: l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre européen pour 2020. Bien sûr, officiellement, l’objectif de réduction est toujours de 20% en 2020 par rapport à 1990 (comme l’a encore rappelé le négociateur en chef de la Commission européenne lundi lors d’une conférence de presse). En pratique, tous les indicateurs sont au vert pour faire passer cet objectif à moins 30%.

En effet, les nouvelles technologies liées à la révolution énergétique semblent être les seules à pouvoir apporter à l’économie européenne le nouveau souffle dont elle a besoin. Or, ces industries ont d'urgence besoin d’une orientation claire pour pouvoir se développer. Et ce n’est pas Greenpeace qui le dit. La Commission européenne elle-même souligne les avantages économiques de passer à un objectif de réduction de 30% (baisse de la dépendance aux coûteux fossiles, emplois dans les nouvelles technologies renouvelables, baisse des soins de santé). Bref, l’Union européenne n’a aucune bonne raison de garder sa position actuelle…

Presque tous les partis belges en faveur d'un objectif « moins 30% »...

En Belgique, la plupart des politiques ont bien compris cette situation. Les régions wallonnes, bruxelloises et l’état fédéral supportent ce passage européen à 30% et même au nord du pays, la majorité des partis soit se taisent (NVA, VLD), soit se sont exprimés pour un objectif plus ambitieux (sp.a, Groen). Mais là où le bât blesse, c’est que le parti qui dispose des compétences Climat en Flandre, le CD&V, et son ministre de l’Environnement Joke Schauvliege, restent désespérément bloqués sur un objectif de 20% ferme…

Après la catastrophe diplomatique de Copenhague, les négociateurs belges se sont attelés à reconstruire l’image d’une Union européenne en mal de leadership climatique et à reconstruire la confiance notamment par rapport aux pays du sud. Cette confiance se reconstruit en faisant preuve de bonne volonté sur certains dossiers clés. Les objectifs de réduction d’émission sont évidemment un signe clair de volonté politique. Dans ce contexte, ici à Cancun, tout le monde retient son souffle pour savoir si celui ou celle qui sera le visage et la voix de l’Union européenne pendant le segment ministériel de la conférence de Cancun continuera sur cette lancée, ou au contraire représentera les intérêts de la partie la plus conservatrice  de l’Union européenne…